110 Bourgogne
Filière apicole, filière noisette, photovoltaïsme, gestion de l'eau... Les projets de la coopérative

Christopher Levé
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L’assemblée générale de 110 Bourgogne a eu lieu le jeudi 7 décembre, à Auxerre. L’occasion pour la coopérative d’annoncer ses projets à venir, conjointement menés avec Ynovae à travers l’union SeineYonne, comme de développement d’une filière apicole, d’une filière noisette, de la gestion de l’eau ou encore de l’installation de panneaux photovoltaïques au sol sur huit de ses sites. Le bilan des dernières récoltes a également été fait.

110 Bourgogne
Walter Huré, président de la coopérative 110 Bourgogne.

« L’union SeineYonne est en recherche de diversifications avec des projets qui sont en cours de développement. Plusieurs nouvelles opportunités et débouchés seront proposées avec des réalisations possibles à court et moyen terme », a annoncé Walter Huré, président de 110 Bourgogne, lors de l’assemblée générale de la coopérative qui s’est tenue le jeudi 7 décembre, à Auxerre.
Des projets dont l’objectif est de faire face au défi climatique. « Avec le changement climatique, on s’est demandé quelles cultures on sera capable de faire dans l’Yonne, dans quelques dizaines d’années. Dans ce cadre-là, nous sommes allés faire un voyage d’étude dans le sud-ouest de la France, rencontrer trois coopératives en Haute-Garonne et dans le Gers, dans une zone qui pourrait ressembler au climat qu’on aura certainement demain », indique Walter Huré.
De là, deux projets ont émergé. Le premier est un projet de filière apicole. « Le miel qui est consommé en France est importé à 75 % avec des origines parfois douteuses. L’idée est de développer cette filière pour amener des revenus complémentaires, susciter des vocations chez les adhérents actuels ou futurs et de lier les cultures mellifères, présentes à travers les contrats Barilla notamment, qui sont bonnes pour la pollinisation et la biodiversité, à ce projet », détaille le président de la coopérative.
L’ambition pour SeineYonne est d’avoir, dès 2024, une première production de miel, avant de voir la filière se développer les années suivantes, qui sera à destination de grossistes.

Une filière noisette

Le second projet concerne la création d’une filière noisette. « La France est un gros consommateur de noisettes, dont les 2/3 sont importés, notamment depuis la Turquie. Il y a donc un marché à développer », assure Walter Huré.
Aussi, plusieurs avantages ressortent à faire de la noisette : « c’est une culture pérenne, différente de ce qui se fait dans nos secteurs et qui est économe en produits phytosanitaires ».
Cependant, la noisette a besoin de beaucoup d’eau pour se développer. « Pour 1 ha de noisettes, il faut prévoir environ 2 000 m3 d’eau en réserve, l’irrigation est donc nécessaire. On n’implantera pas de culture de noisetiers sans au préalable s’assurer de son irrigation et de sa ressource en eau ».
Ceci amorce donc un autre grand projet pour l’union SeineYonne, celui de la gestion de la ressource en eau. La solution pourrait passer par « des retenues collinaires », comme le soumet Walter Huré. « Cela se fait dans le Gers, avec 2 000 retenues collinaires dans tout ce département. Si on se projette un peu dans le temps, si on veut conserver une agriculture et de la valeur ajoutée dans nos zones, il faudra à un moment donné savoir gérer l’eau. L’eau permettra d’assurer la viabilité de nos exploitations et amener de la plus-value sur nos territoires ».
Dernier projet annoncé par Walter Huré, cette fois-ci exclusivement lié à 110 Bourgogne : l’installation de panneaux photovoltaïques au sol. « Huit sites sont concernés par ce projet. L’objectif sera d’essayer de faire de l’autoconsommation d’électricité pendant l’été, lorsqu’on en a le plus besoin, et revendre la partie supplémentaire d’électricité produite ».

Une succession d’aléas climatiques

Outre l’annonce de ces projets, un point sur les dernières récoltes a été fait par le président de la coopérative. À commencer par celle de 2022 qui fut « faible en volume, mais compensée par des cours élevés ». « Malheureusement, les charges globales pour nos exploitations et notre coopérative ont dû faire face à des augmentations historiques ».
La récolte 2023 et sa commercialisation subissent de plein fouet le fameux effet ciseaux tant redouté par le monde agricole. « On a eu des charges à un prix qu’on n’avait jamais connu avant. Aussi, dans la plupart des zones, on pensait faire une bonne moisson. Mais c’était sans compter sur un énième aléa climatique : un coup de chaud avant la récolte qui a anéanti une partie des espoirs de faire une très bonne récolte. C’est une récolte décevante au vu de ce qu’on espérait, mais qui sera dans les moyennes historiques des dernières années ».
Des aléas climatiques de plus en plus présents et récurrents ces dernières années. « Cela fait plusieurs années que l’on finit la moisson d’été au 14 juillet. Il y a une vraie évolution par rapport au climat, on ne peut pas l’ignorer. On a désormais, dans une même année, des périodes de sécheresse, suivies de plusieurs semaines de pluie sans discontinuer. On voit les aléas climatiques se succéder et s’accentuer. Que ce soit pour les moissons ou pour les vendanges, la récolte se fait en moyenne trois semaines plus tôt qu’auparavant. C’est un fait », confie Walter Huré.
En ce qui concerne les prix, là encore, ils ne sont pas où niveau qu’espéraient les agriculteurs. « Ils sont simplement revenus à des niveaux que l’on connaissait avant la guerre en Ukraine. Cependant, il y a eu des prix d’approvisionnement tellement élevés que la marge finale ne sera pas bien épaisse pour les exploitations », déplore-t-il.
Avec ce constat, les projets envisagés par l’union SeineYonne prennent tout leur sens. De vraies solutions pour le maintien des exploitations et de l’agriculture dans l’Yonne et ses départements limitrophes, pour les années à venir.