Portrait
Retour aux sources pour Ludivine Delagneau

Christopher Levé
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Après des études de commerce et une expérience professionnelle à Paris, Ludivine Delagneau décide de changer de vie pour revenir sur ses terres, à Champlost, où elle est en passe de reprendre l'exploitation familiale. 

Portrait
Ludivine Delagneau a décidé de revenir à Champlost avec le projet de reprendre l'exploitation familiale.

L’amour pour l’Yonne, sa nature et sa campagne est plus fort que tout pour Ludivine Delagneau. Si la jeune femme de 28 ans n’avait pas, à l’origine, pour projet d’évoluer dans le milieu agricole, c’est avec joie et fierté, le sourire aux lèvres qui semble la caractériser, qu’elle porte aujourd’hui le projet de reprendre l’exploitation familiale.
Après son baccalauréat, elle fait ses études à Auxerre. D’abord un IUT Techniques de commercialisation, puis une licence en développement commercial, à la CCI d’Auxerre, et un master en management commercial et centre de profit, à l’Ifag à Auxerre. « Je fais toutes mes études dans l’Yonne car à ce moment-là je n’ai pas le courage de quitter mon département », rit-elle. « Je suis très famille, je ne me vois pas du tout partir de la maison à cette période ».
À la fin de ses études, Ludivine Delagneau se dit perdue. « Je ne sais pas du tout quoi faire. Je réalise que pour trouver un emploi dans mon secteur, je dois peut-être quitter l’Yonne. Je décide donc de partir à Paris. Pourquoi Paris ? Parce que je veux avant tout pouvoir visiter la capitale, mais aussi car c’est la grande ville la plus proche de chez moi. Cela me permet de rentrer tous les week-ends, ce dont j’ai réellement besoin ».
Elle intègre alors une entreprise spécialisée dans la sécurité humaine, en tant que gestionnaire de paie. « Je sais toutefois que je ne vais pas faire ma vie à Paris, pour moi ce n’est qu’une expérience ».
Une expérience qui ne la satisfait pas. Elle arrive en pleine grève des transports, quelques petits mois avant la Covid. « Finalement, tout ce que je veux faire à Paris, je ne peux pas le faire », dit-elle, déçue. « Je me retrouve bloquée ».

L’appel de la ferme

Appréciant toutefois son travail et son cadre, elle reste trois ans et demi à Paris. Mais elle confie ne pas s’y sentir chez elle. « Là où je suis la plus heureuse, c’est lorsque je prends le train, pour rentrer chez moi, à Champlost ».
L’aventure parisienne prend fin en juillet 2023. Retour aux sources, donc, pour Ludivine Delagneau. Avec, dans un coin de sa tête, l’envie de ne pas simplement retrouver son village natal. « Je vois la ferme, qui est là. Mon papa est déjà à la retraite, ma maman vient d’avoir 60 ans. Eux n’ont pas forcément réfléchi à ce que va devenir la ferme lorsqu’ils ne travailleront plus. Moi, cela me fait beaucoup de peine rien qu’à l’idée de me dire que tout ce qu’ont construit mes parents et mes grands-parents puisse sortir de la famille : des cultures (90 ha), un poulailler (7 500 poules pondeuses, en bio, avec un bâtiment de 1 400 m2)… Je veux vraiment conserver le patrimoine familial », confie-t-elle.
Ayant aussi plusieurs amis agriculteurs, la jeune femme s’intéresse de plus en plus à l’agriculture, elle qui avait un profond amour pour les vaches à lait de ses parents, lorsqu’elle était enfant. « Malheureusement, la vie a fait qu’ils ont arrêté l’élevage. Il reste aujourd’hui trois vaches, qui sont là un peu pour répondre à mon caprice, je l’avoue », rit-elle. « Mais cela permet de ne pas clore l’activité ».

La tête sur les épaules

Depuis près d’un an, Ludivine Delagneau travaille sur la ferme, avec ses parents, dans le but de se voir transmettre un maximum de connaissances. « J’ai beaucoup à apprendre, notamment en grandes cultures. Mais cela m’intéresse de plus en plus, chaque jour », sourit-elle. Même à l’activité de poules pondeuses qui ne lui plaisait pas vraiment au départ… « Pour la petite confession, j’en avais même peur », rit-elle. « Aujourd’hui ça va, j’en ai plus peur, heureusement », rit-elle toujours.
Désormais, Ludivine Delagneau attend septembre pour faire une formation, un BPREA au CFPPA d’Auxerre La Brosse, afin de pouvoir s’installer. « Si tout se passe bien, je pourrai m’installer entre fin 2025 et début 2026. Je reprendrais les parts de mon papa, puis celles de ma maman progressivement, qui partira à la retraite en mars ou avril 2026 ».
Pour le moment, elle assure vouloir « commencer avec ce qu’il y a sur la ferme. Je n’ai pas assez d’expérience et de recul pour révolutionner les choses », assure-t-elle.
Elle garde toutefois dans un coin de sa tête l’idée de redévelopper l’élevage de vaches, cette fois-ci allaitante, sur la ferme. « J’aimerais un jour pouvoir faire revivre les bâtiments présents. On verra si cela est possible dans le futur », conclut-elle en souriant.

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Depuis toute petite, la jeune femme a toujours eu un vrai amour pour les vaches.