Élections législatives
La FNSEA veut que le cap soit mis sur le bon sens

Christophe Soulard
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À la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, le paysage politique national est plongé dans un processus de recomposition. La FNSEA rappelle aux candidats de tous bords les enjeux agricoles à ne pas oublier.

La FNSEA veut que le cap soit mis sur le bon sens
Dans l'esprit du mouvement de protestation entamé à la fin de l'année 2023 par l'inversion des panneaux de communes, afin de symboliser l'impression que la France marche sur la tête, la FNSEA reprend ce type de communication dans l'optique des législatives anticipées.

27 propositions phares regroupées sous le vocable « Cap sur le bon sens ». Tel est le programme que le syndicat majoritaire a commencé à diffuser auprès de ses adhérents pour donner un peu de matière agricole à des candidats trop souvent coupés des réalités du terrain et pour faire en sorte qu’ils s’en emparent. Dans son éditorial, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, fixe les grandes orientations que la représentation nationale et le gouvernement qui en sortira devront suivre : Il s’agit tout d’abord d’« affirmer haut et fort l’objectif de souveraineté alimentaire, et se doter des conditions nécessaires à sa réalisation ». Il s’agit ensuite de « redonner un cap clair à l’agriculture française, un cap qui donne de la visibilité aux acteurs de terrain ». Ainsi la FNSEA constate amèrement « l’implacable décrochage de l’agriculture française. Tous les indicateurs de compétitivité dévissent : la France importe plus de 50 % de son alimentation, les productions perdent en volume », constate-t-elle.

Actionner les leviers fiscaux

En trois grands chapitres, les dirigeants de la FNSEA réclament « des actes concrets pour bénéficier d’une juste rémunération, pour obtenir une véritable simplification dans l’exercice de leur métier et pour regagner en dignité ». Sur le volet rémunération, les responsables agricoles veulent que le futur législateur actionne les leviers fiscaux nécessaires pour assurer favoriser l’installation et la transmission, sécuriser la taxation réduite du gasoil non routier (GNR) et des autres énergies, alléger la taxe sur le foncier non bâti ou encore renforcer la Déduction pour épargne de précaution (DEP) et prendre en compte la spécificité agricole dans la fiscalité environnementale. La FNSEA veut également renforcer la loi Égalim que le gouvernement voulait aménager avant l’été, mais que la dissolution surprise a repoussée. Elle souhaite en particulier « rendre effective l’application de la sanctuarisation de la matière première agricole (MPA) pour les achats effectués via les centrales d’achat européennes ». Toujours sur le volet rémunération, le syndicat agricole plaide pour un « budget de la Politique agricole commune (PAC) à la hauteur des ambitions » et développer la rémunération des agriculteurs pour services environnementaux. « Lever les contraintes qui pèsent sur le goût d’entreprendre en agriculture. Il y a urgence à alléger le fardeau fiscal, social et normatif qui détruit la compétitivité de l’agriculture française ». Tel est le fil rouge fixé par le document de la FNSEA pour mettre en place « une véritable simplification ».

« Pas d’interdiction sans solution »

En premier lieu, les responsables syndicaux veulent sur la gestion de l’eau « accélérer les chantiers, simplifier les réglementations et sortir de l’idéologie ». Ce qui se traduirait concrètement par la réforme de « la gouvernance des instances dans le domaine de l’eau » (comme les Agences de l’eau, ndlr) et la révision des programmes d’actions national et régionaux nitrates, en prévoyant un calendrier adapté aux contraintes du terrain. Sur le dossier phytosanitaire, la FNSEA veut également inscrire dans le marbre de la loi « Pas d’interdiction sans solution », mettre fin aux surtranspositions, abroger conseil stratégique phytosanitaire et la séparation de la vente et du conseil. Cette simplification va aussi concerner l’installation/transmission, les projets agricoles en Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), la modernisation et la protection du foncier ou encore « faciliter le recours au salariat ». Regagner de la dignité dans le métier passera pour la FNSEA par la réorientation de quelques dispositifs, à commencer par Farm to Fork dont elle demande la révision « en replaçant l’objectif de souveraineté alimentaire au cœur de politiques européennes pour répondre aux défis géostratégiques et alimentaires mondiaux ». Instaurer des mesures miroirs dans les accords de libre-échange, revoir le statut du loup, instaurer une trajectoire d’accompagnement pour s’adapter au changement climatique, calculer la retraite sur la base des 25 meilleures années ou encore reconquérir notre souveraineté en matière d’élevage, font partie des autres demandes de la FNSEA qui « n’attend pas des positionnements sur les choix électoraux », mais « de l’efficacité et des solutions », a récemment affirmé son président Arnaud Rousseau. Par ses propositions, la FNSEA entend créer les conditions pour attirer plus de jeunes vers un métier rémunérateur et sécurisé et redonner à l’agriculture française toute sa place dans l’économie européenne et mondiale. Dans cette campagne législative « flash », où les thèmes se polarisent sur le pouvoir d’achat et la sécurité, la FNSEA veut que l’agriculture française et les agriculteurs pèsent de tout leur poids.