La Belle Nièvre
Vital comme du pain

Chloé Monget
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Depuis quelques mois, le fournil de Pimprenelle à Rouy, dans la Nièvre, est adhérent à la Belle Nièvre. Gilles Vadrot, 49 ans, propriétaire et boulanger, explique ce choix.

Vital comme du pain
Le four de Gilles fait 12 m2. « Il est calqué sur ceux en vogue à la fin du XIXe siècle » précise-t-il.

« La Belle Nièvre est une belle initiative du Conseil départemental, c’est pourquoi j’ai voulu adhérer » explique Gilles Vadrot, boulanger et propriétaire du Fournil de Pimprenelle à Rouy. Si regrouper les producteurs et artisans nivernais est pour lui une bonne chose, il est persuadé que le concept devrait aller encore plus loin.

« Pour mon adhésion, j’ai proposé uniquement des pains fabriqués avec des matières premières de la Nièvre. Car pour moi, la Belle Nièvre devrait être cela : des produits faits de A à Z avec des éléments issus et confectionnés dans le département ». Il nuance tout de même : « je suis un peu drastique, mais ce principe est calqué sur ce que je souhaiterai mettre en place au fournil, et ce que je m’efforce de faire au quotidien ». En effet, depuis son ouverture en 2014, le fournil de Pimprenelle suit un but spécifique. « Actuellement, je travaille avec deux moulins et deux producteurs locaux (Johan Sanchez situé à Varennes-Vauzelles et Pascal Fichot basé à Gâcogne) pour les farines paysannes. J’ai également en projet d’installer des panneaux photovoltaïques et des récupérateurs d’eau. Le but étant d’être le plus autonome possible avec un impact écologique restreint. ». Cette vision tient ses racines dans un sentiment bien précis. « Même si on l’oublie parfois, l’humain fait partie de la nature et doit, selon moi, l’utiliser pour vivre sans pour autant la détruire. En parallèle, cela fait des années que l’État a abandonné les territoires ruraux, à l’image de la Nièvre, forçant la population à se débrouiller pour avancer. Et c’est là la plus grande force de notre territoire. Pour preuve, le fournil a été financé avec près de 40 000 euros, récoltés en deux mois grâce à un budget participatif. Le public est prêt à investir dans des projets qui ont du sens pour lui et qu’il peut suivre concrètement ».

Tout un parcours

Né à Luzy, Gilles a un attachement particulier à la Nièvre. « J’ai toujours voulu m’installer en milieu rural. Et, après avoir passé un an dans le Puy-de-Dôme, j’ai choisi de vivre dans mon département d’origine, moins dense en population et plus adapté à ma volonté de créer une activité économique ». Fils d’éleveurs de charolais, il souhaitait suivre les traces de ses parents. « L’élevage m’a toujours attiré, mais plus avec des chèvres et un atelier de transformation fromagère et un fournil ». Après avoir passé son BPREA en 1997, 12 ans se passent avec divers projets qui n’aboutissent pas. Salarié agricole durant tout ce temps, il finit par changer son fusil d’épaule. « Rien ne bougeait. Je me suis donc interrogé sur ce que je voulais vraiment faire et j’ai pensé aux produits alimentaires de base comme le pain. Car dans les campagnes, trouver du pain bio peut parfois être un parcours du combattant. Propriétaire, avec mon épouse, d’un bâtiment que l’on souhaitait faire revivre, je me suis dit : pourquoi pas devenir boulanger ? Ce qui demande un investissement moindre que pour l’élevage ». Ainsi, il passe son diplôme en 2012, puis loue un fournil pendant deux ans avant d’ouvrir le sien à Rouy. « Le but n’était pas de concurrencer la boulangerie du village – fermée depuis – mais bien de proposer autre chose comme des pains au levain avec cuisson au feu de bois ».

Uns fidélité indispensable

Aujourd’hui, le fournil de Pimprenelle compte environ 80 clients fidèles en plus de ceux de passage. « Ils viennent ici car, pour certains, ils suivent le projet depuis le début et cela leur tient à cœur de le voir perdurer. C'est preuve que les attentes sociétales changent et que le public souhaite, en tout cas dans les campagnes, voir les petits commerces revenir tout en proposant des produits issus du coin ». Gilles conclut : « cette fidélité permet de financier trois postes, le mien à plein temps celui de Luc, 38 ans, à 80 % et de Thierno, 19 ans, en apprentissage. Si le tissu économique fonctionne, les gens trouvent du travail et reviennent dans les milieux ruraux, qui sont pour moi vitaux pour passer une vie sereine et riche ». Pour la suite, Gilles souhaiterait trouver des confitures locales, notamment, pour proposer des produits issus à 100 % de la Nièvre.