Mobilisation
Pas pour des prunes !

Chloé Monget
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Le 15 décembre, un appel à mobilisation était lancé conjointement par les JA et les FDSEA de la Nièvre et de la Côte-d’Or. Retour sur l’événement.

Pas pour des prunes !
Une partie de la délégation de la Nièvre dont Emmanuel Bernard, Thomas Lemée, Simon Gauche et Benjamin Maillault (coprésidents des JA 58). (Crédit photo : JA 58).

Une délégation (FDSEA 58 et JA 58) d’une centaine de personnes et notamment des jeunes agriculteurs s’est mobilisée le 15 décembre à Dijon pour manifester leur mécontentement face au traitement particulier des dossiers du Feader dont fait partie la DJA. Pour mémoire, ce regroupement était organisé conjointement par la FDSEA et JA de la Nièvre et de Côte-d’Or.

Considération

Durant l’événement, qui rassembla plus de 300 personnes au total, Thomas Lemée (JA 58) a martelé : « Le monde paysan est encore capable de montrer qu’il est déterminé et que la patience des responsables a des limites. Cela fait 18 mois que nous sommes considérés avec mépris et arrogance. On ne peut plus accepter ça ! Aujourd’hui, nous avons besoin d’être écoutés, appréciés à notre juste valeur et que l’argent arrive dans les cours de ferme. C’est inadmissible que des jeunes installés en 2022 n’aient pas leur acompte de DJA en 2023 ! Il faut que les choses changent, que le Conseil régional comprenne que les aides pour les agriculteurs ne sont pas de l’argent de poche mais des financements nécessaires pour que les exploitations puissent continuer à exister et à nourrir la population ». Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58, rebondissait : « Aujourd’hui, le directeur du Conseil régional doit faire ses valises, ce n’est pas possible de rester en place après un échec comme celui du traitement des dossiers de la DJA. Et ce, alors que nos investissements ont subi l’inflation ou encore l’augmentation des taux d’intérêt. Tout le monde subit des frais supplémentaires, avec des normes en plus et des aides qui n’arrivent pas ».

Faire son travail

Il poursuivait devant la foule rassemblée : « Ici, la plupart des gens vont être en congés pendant 15 jours, tranquillement avec leur salaire et leur prime de Noël. Pendant ce temps-là, les exploitants (vous et nous), vont continuer à travailler. Cela n’est pas un problème car nous assumons nos choix et sommes engagés dans nos métiers. Pour preuve, pendant 70 ans, nous avons répondu présents pour que la France soit autonome. Nous avons aussi répondu présent pendant le Covid et répondons encore présents sur toutes les transitions et face au changement climatique… Face à nous, on nous administre en nous expliquant que finalement nous ne savons pas faire notre métier. Ce message qui arrive matin, midi et soir est diffusé par des gens qui prétendent savoir mieux faire. Ici au Conseil régional, il y en a un paquet. Je vous garantis que dans l’administration régionale, le militantisme amène à une situation de non-retour. Ces gens-là n’ont qu’une envie : nous voir disparaître. Alors, soyons clairs : nous demandons l’arrêt de création de nouvelles normes, car nous avons d’autres problèmes à gérer tous les jours. Pour ne rien arranger, dans ce bâtiment du Conseil régional, il y a des élus qui veulent faire voter une motion pour interdire le glyphosate alors que l’Europe l’autorise et en prime vous avez des gens qui sont pour une protection irraisonnée du loup. Selon moi, en Bourgogne-Franche-Comté, le loup n’a pas sa place et je pense aux éleveurs qui sont victimes en permanence de ces attaques et auxquels aucune solution viable n’est proposée. Je demande donc une revalorisation des indemnisations a minima. Pour rappel, nous sommes légitimes à faire cette demande car nous finançons une partie de ces indemnisations ». Il concluait : « Les agents du Conseil régional sont payés pour traiter ces dossiers, alors qu’ils fassent leur travail ! Pour tout cela, je préviens le Conseil régional : nous n’allons rien lâcher. Nous nous battrons et nous nous mobiliserons jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun dossier non réglé. À bon entendeur ». Simon Gauche et Benjamin Maillault, coprésidents des JA 58, insistaient : « Si les promesses faites par le Conseil régional ce 15 décembre ne sont pas tenues, nous reviendrons… ».

Une situation ubuesque jusqu'au bout

Deux jours avant la mobilisation, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, annonçait au côté de Marie-Guite Dufay, que l’État allait reprendre 250 dossiers de PCAE du département de Saône-et-Loire. Une situation incompréhensible pour les agriculteurs nivernais qui se demandent du coup pourquoi cela n’est pas fait pour tous les départements. C’est ce qu’Emmanuel Bernard a expliqué au Préfet de Côte-d’Or lors de la réunion avec la délégation. Ce dernier a donc pris comme décision que le travail allait être mené dans tous les départements. D’autres sujets ont été passés en revue avec le Préfet de Région : le loup et la cartographie des zones humides qui est en cours de réalisation dans les ministères et qui aura un impact sur la PAC et sur les zones vulnérables. Sur cette carte il est indispensable qu’une vraie concertation ait lieu avec la profession agricole.