L'usine de déshydratation de Baigneux-les-Juifs vient de fabriquer ses derniers bouchons de luzerne pour 2022. Bien d'autres produits prennent le relais, à l'image du granulé de bois.

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Jean-Luc Longechamp et Didier Robin, la semaine dernière dans l'un des entrepôts.

Aucun temps mort à la Déshy’21. En temps normal, la sécheresse et les maigres tonnages de luzerne auraient sans doute posé problème dans le bon fonctionnement de la structure. Mais grâce à une multitude d’autres produits à déshydrater (miscanthus, marc de raisin, sciure de bois, sarrasin, maïs, paille, issues de céréales…), la « boutique » peut parfaitement tourner.

Luzerne poussive

L’an passé, il avait fallu attendre la mi-septembre, voire un peu plus, pour terminer la récolte et la déshydratation de la culture phare de la Déshy 21. Cette année, le « dossier luzerne » a été « classé » beaucoup plus vite que prévu, sécheresse oblige, dès le début du mois d’août. La campagne s’achève sur un volume de 7 400 tonnes, très loin derrière le millésime exceptionnel de 2021 (11 600 tonnes). « Ce tonnage est décevant, même si celui-ci est légèrement mieux qu’en 2019 et 2020. Le rendement moyen s’élève à 5,3 t/ha sur deux coupes sachant que dans les pires années, nous descendons à 4 t/ha. La qualité est en revanche remarquable avec un taux de protéines à 19,5 %. C’est une très bonne surprise, il n’y a pas eu de détérioration malgré l’arrivée du sec. Espérons que la météo nous contredise et qu’il pleuve abondamment pour envisager une troisième coupe sur certains secteurs », commente Jean-Luc Longechamp, directeur.

La promesse du bois

La Déshy’21 va prochainement passer la vitesse supérieure en termes de granulés de bois. Le volume produit pourrait atteindre 4 000 tonnes, lui qui était presque deux fois moins important les dernières années. « La demande est très forte dans ce domaine », indique Didier Robin, agriculteur à Baigneux-les-Juifs et président de la coopérative, « il y a un an, la France était déjà en déficit de 350 000 tonnes pour ce produit, le problème ne fait que s’amplifier avec l’Ukraine, qui était le deuxième exportateur mondial. De plus, depuis le 1er juillet, les chaudières à fioul ne peuvent plus être renouvelées en France, cela n’arrange rien ». Le granulé de bois va permettre à l’usine de tourner à plein régime sans enregistrer la moindre baisse d’activité. « Nous produisions déjà quelques volumes de granulés de bois il y a une quinzaine d’années. Depuis, nous en avons fait une activité à part entière, la Déshy est désormais spécialisée dans un produit de qualité, très apprécié par nos clients. Ces granulés nous permettent aussi de gagner du lien avec la population, qui voit un service rendu par notre structure historiquement agricole », se félicite le président. La coopérative utilise la sciure d’une vingtaine d’établissements du Châtillonnais, principalement des scieries, pour fabriquer des bouchons de 6 mm. Victime de son succès, l’usine de Baigneux ne peut répondre à toutes les demandes et tient avant tout à fidéliser sa base de 300 clients. « Nous recevons de nombreux coups de fil depuis un petit moment… Malheureusement, nous ne pouvons pas donner satisfaction malgré notre future hausse de production », tempère Jean-Luc Longechamp.

D’autres débouchés

À Baigneux sont également déshydratés du miscanthus (litière pour chevaux), de la paille de blé et d’orge (litière pour bovins et volailles), des issues de céréales (alimentation pour bovins), du marc de raisin (parapharmacie, huile de pépins de raisin) ou encore du sarrasin bio depuis l’an dernier. « Nous tenons à conserver cette multifonctionnalité qui, comme déjà évoqué, nous permet de fonctionner à plein régime et dans un bon timing malgré les aléas de la météo. Le miscanthus, par exemple, ne représente que 150 tonnes à ce jour, mais rien ne dit que nous n’en ferons pas 500 voire 600 tonnes dans un avenir proche. Nous déshydratons aussi du maïs plante entière et du sarrasin. Cette année, les tonnages ne seront pas bons : nous miserons une fois encore sur les autres productions », conclut Didier Robin.

 

photo supplémentaire
Les granulés de bois ont le vent en poupe avec la guerre en Ukraine et la fin du renouvellement des chaudière à fioul.