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Moissons

De l'eau, du début à la fin

Romain Jarlot, agriculteur dans le canton d'Arnay-le-Duc, évoque comme tous ses collègues les complications de l'année liées à l'excès d'eau.

Par AG
De l'eau, du début à la fin
À Maligny comme partout ailleurs, on moissonne « entre les averses ».

Des pluies toute l’année : dit comme ça, bon nombre d’agriculteurs auraient « signé tout de suite » en début de campagne, surtout après les dernières sécheresses à répétition. Sauf que ces précipitations ont été dans l’excès et ça, ce n’est jamais bien bon. « Surtout dans des parcelles non drainantes », comme le fait remarquer Romain Jarlot. Cet agriculteur du village de Maligny, rencontré il y a quelques jours dans sa moissonneuse, qualifiait 2024 d' « année à ornières » : « nous en avons fait toute l’année et cela continue aujourd’hui, lors de la moisson ! La terre colle aux roues, il faut faire attention de ne pas en remonter dans la machine… Et le plus difficile, bien entendu, est de trouver un créneau pour pouvoir sortir la moissonneuse. Nous regardons 15 fois la météo chaque jour, sans avoir la moindre certitude ».

Ni exceptionnelle, ni catastrophique

Romain Jarlot livrait de premiers échos sur sa moisson : « l’orge d’hiver devrait terminer sur une note moyenne, mais sans plus. Elle est belle à moissonner mais on ne fera que 50 ou 55 q/ha à mon avis. La culture, dans les variétés Salamandre et Casting, se trouve pourtant dans les meilleures parcelles de l’exploitation, mais l’excès d’eau a limité le potentiel. Nous avions terminé de semer le 21 octobre et depuis ce jour-là, il a tout le temps plu ! Nous avons fait un fongicide comme tous les ans, en vain car cela n’a pas suffi. En ce qui concerne la qualité, je n’ai pas d’informations car la production se destine à nos bovins. La paille, elle, était plutôt belle jusqu’à présent mais les dernières pluies vont changer la donne, la qualité sera amoindrie ». Le jeune agriculteur de 28 ans devait enchaîner avec son blé ou son colza. Son appréciation diffère selon ces deux cultures : « le colza est plutôt joli au moment où je vous parle, c’est prometteur, mais j’attends d’être dedans pour confirmer ces bonnes impressions. Le blé, en revanche, n’annonce d’ores et déjà rien de bon. Il a pris la fusariose et sans doute d’autres maladies en fin de cycle. Beaucoup d’épis sont tout blancs. Nous avons tenté un deuxième fongicide, chose exceptionnelle pour nous, mais cela n’a visiblement pas marché. La variété Absalon, qui tenait un peu mieux le coup que Fructidor, a fini par décrocher elle aussi. La moyenne devrait être inférieure à 50 q/ha ».

Ça passe, sans frais

Romain Jarlot moissonnera ensuite son avoine et ses pois de printemps : « les sangliers se sont déjà bien occupé de l’avoine ! Heureusement, les chasseurs locaux sont intervenus très vite pour les dégager et mettre une clôture, merci à eux. Cette culture devrait tout de même faire entre 50 et 60 q/ha, sans avoir nécessité bien des frais. Les pois de printemps, eux, ont également été visités par les sangliers. Ils ont été semés dans des conditions très difficiles, et compte tenu de ce contexte, nous devrions nous contenter des 20 q/ha que nous espérons faire, mon père et moi ».