Moutarde
Objectif 12 000 tonnes

Berty Robert
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Qu’attendre cette année pour la production de moutarde régionale ? Réunis en assemblée générale, les producteurs membre de l’APGMB ont de l’espoir pour une belle récolte.

Objectif 12 000 tonnes
La moutarde se présente comme très prometteuse pour la campagne 2024.

À la veille de son assemblée générale, le 31 mai à Varois-et-Chaignot, l’Association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne (APGMB) a fait un point sur le déroulement de la campagne 2024. C’est en général la prudence qui caractérise ces producteurs, habitués aux espoirs parfois déçus, mais, selon le président de l’APGMB, Damien Beaumont, pour 2024, l’alignement des planètes pour une belle récolte semble bien être au rendez-vous. « Les moutardes sont vraiment belles, constate-t-il, avec un nombre de siliques important. En revanche, l’inconnue pour nous, cette année, c’est l’évaluation des pertes liées à certaines zones inondées ou qui ont subi un gel mais, néanmoins, je pense qu’on devrait pouvoir honorer la commande des industriels, voire, la dépasser ». L’attente de ces derniers pour 2024 est de 12 000 t (dont 650 t en bio).

Prix identiques

C’est donc un optimisme prudent qui règne dans les rangs de l’APGMB, en quête actuellement de solutions de stockage supplémentaires. Les organismes stockeurs prêtent une oreille attentive à ces besoins et proposent des capacités. « Ce dernier point est d’autant plus important, rappelle Damien Beaumont, qu’il existe un laps de temps, pour les industriels, entre la récolte et le moment où ils transforment. À titre d’exemple, sur la récolte 2023 qui s’est montée à 9 000 t, à ce jour, 6 000 t sont toujours en stock. Les silos mettent un certain temps à se vider ». Le résultat final de la récolte 2024 permettra d’y voir plus clair. Celle-ci devrait démarrer aux environs de la mi-juillet. Si la commande passée par les cinq industriels qui travaillent avec l’APGMB est de l’ordre de 12 000 t, les prix payés aux producteurs seront, a priori, identiques, du moins en conventionnel, à ceux de 2023 (1 550 euros/t, alors que le prix en bio a été réévalué, passant de 3 000 à 3 500 euros/t). « Le maintien de ces prix, souligne le président de l’association, traduit aussi la volonté de mettre une « prime de risque » pour les producteurs qui, chaque année doivent resemer entre 10 et 15 % de leurs surfaces (en conventionnel), car il y a des échecs. En bio, ces nécessités de resemer atteignent parfois plus de 50 % des surfaces… » De leur côté, les industriels s’engagent à prendre jusqu’à 10 % de production en plus que ce qui était prévu, soit, dans ce cas, 1 200 t supplémentaires.

Logique de stabilisation

Depuis deux ans, la filière moutarde s’est dotée de moyens supplémentaires, que ce soit en termes de conseils qu’en nombre de producteurs. En 2023, on comptait 600 producteurs contre 200, deux ans auparavant. « Nous ne voulons pas faire le « yo-yo » en ce qui concerne le nombre de producteurs, précise Damien Beaumont. La filière a aussi investi dans un logiciel de suivi, dans une logique de stabilisation. Une logique comprise par les industriels qui ont maintenu leurs prix d’achat ». Ces producteurs ne se trouvent pas uniquement en Côte-d’Or : ils sont aussi dans la Nièvre, l’Aube, la Marne, l’Aisne, la Seine-et-Marne, autant de zones plus orientées au nord pour lutter contre la problématique des insectes. La question de la dérogation pour l’utilisation de l’insecticide Minecto Gold constitue toujours une épée de Damoclès pour la filière. Elle vient de refaire une demande de dérogation pour cette année, mais la réponse n’est pour l’heure pas tombée. Enfin, dernière information à connaître : la cotisation à l’AGPMB pour 2024 passe de 12 à 10 euros de l’ha. Une bonne surprise ne se refuse pas !