La manifestation de la semaine dernière devrait porter ses fruits dans la problématique des retards de paiements.
Nous en parlions dans notre dernière édition : une action syndicale s’est tenue le 10 avril à Dijon. Une centaine d’agriculteurs ont, dans un premier temps, pris la direction de l’ASP, l’organisme de paiement public. Jacques de Loisy et Antoine Duthu, présidents respectifs de la FDSEA et des JA de Côte-d’Or, se sont directement adressés à la directrice de l’établissement, en déplorant de nombreux retards de paiements dans les MAEC, aides bios et autres soutiens agricoles. Un engagement « verbal » a été obtenu à l’issue de cet entretien : l’ensemble des MAEC seront réglées d’ici la fin du mois de mai. L’ASP étudiera également les dossiers « problématiques », notamment ceux qui « repartent à l’instruction pour des broutilles ». Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais jusqu’à présent, une carte d’identité périmée entre la demande d’aide et la mise en paiement suffisait à bloquer les démarches…
Marie-Guite était là
Les agriculteurs se sont ensuite orientés vers le centre-ville, avec leur quarantaine de tracteurs. Une délégation a été reçue par le préfet, en présence de la présidente de la Région. Des « promesses » ont là aussi été obtenues, comme le relayent Jacques de Loisy et Antoine Duthu : « les paiements PCAE et DJA devraient enfin avancer et être payés d’ici fin juin. C’est la première fois que nous voyons Marie-Guite Dufay depuis le début de nos actions ! Ses services ont fait leur mea culpa, en mettant en avant un certain nombre de problématiques… Ils s’engagent à les résoudre au plus vite. Il faut bien sûr que l’État continue de superviser ces dossiers, afin de s’assurer du bon avancement de ces derniers. Ces promesses ne sont pas les nôtres : nous ne faisons que les relayer aujourd’hui, la profession va bien sûr rester très vigilante ». Cette rencontre au plus haut rang a été l’occasion d’aborder la problématique des excès d’eau des dernières semaines (une réunion sera prochainement organisée avec le préfet pour quantifier les dégâts agricoles). « Nous sommes également intervenus dans le cadre d’appel national, en lien avec la loi de programmation agricole, pour laquelle le compte n’y est toujours pas. Nous allons continuer à faire des propositions », ajoute Jacques de Loisy.
Une requête symbolique
Le dernier « arrêt » de la journée s’est effectué au tribunal administratif : les présidents de la FDSEA et des JA ont déposé une requête symbolique pour demander la mise sous tutelle de la Région Bourgogne-Franche-Comté par l’État, pour « incompétence » : « nous espérons ne pas avoir à déposer une vraie requête fin juin, pour rattraper les manquements du Conseil régional si ses promesses n’étaient pas encore tenues ».
« Le loup va coûter une fortune »
Une quarantaine d’agriculteurs du Châtillonnais se sont rendus la même journée à Voulaines-les-Templiers, où était programmée la Conférence des maires du Parc National. « Le retour du loup était à l’ordre du jour, nous tenions à sensibiliser les maires sur les conséquences d’un tel prédateur sur notre territoire », indique Virginie Brion, éleveuse à Villotte-sur-Ource, qui participait à cette action. Nicolas Bayen, éleveur à Nod-sur-Seine et responsable du dossier loup à la FDSEA, était lui aussi présent et revient avec nous sur cette rencontre : « Nous avons échangé avec les maires avant leur entrée en réunion, des tracts leur ont été distribués. Ma vision des choses ? Il y a pas mal de pro-loups dans la bande et je pense qu’ils le resteront, malheureusement. D’autres sont tout de même inquiets des conséquences du retour du loup : notre mobilisation a été utile dans ce sens, nous leur avons redit la vérité sur cet animal ».
Le loup a alimenté une bonne partie de la réunion qui a suivi, enchaîne Nicolas Bayen : « le médiateur qui a été embauché par le Parc a prononcé un long, très long discours. D’après les réactions de la majorité de la salle, le retour du loup est très attendu… Mais pourquoi donc ? Sachez que nous sommes ici dans un parc national et il faut un maximum de biodiversité ! ». Le responsable syndical a relayé plusieurs demandes de la profession, dont la possibilité de réaliser des tirs de défense simples, même en cœur de parc. Si de nouveaux moyens de protection venaient à voir le jour, le cœur de parc « ne devra pas être un frein à leur développement ». « Leur conseil d’administration devra voter ces deux points pour pouvoir avancer. Malheureusement, je ne pense pas que c’est pour demain », confie Nicolas Bayen. Celui-ci a invité les responsables du Parc à « créer un compte Atemax, sans trop attendre, pour l’équarrissage » : « si nos demandes ne sont pas votées, nous allons avoir droit à des carnages très rapidement. Les bêtes que les loups nous tueront seront aussitôt déposées devant la maison du Parc ». Nicolas Schmit, maire de Villiers-le-Duc et président du Parc national, a été invité à « poser » avec une pancarte indiquant le message suivant : « Le loup va coûter une fortune ». Nicolas Bayen ajoute un dernier point sur cette action syndicale : « le président, en écoutant nos revendications, nous a reproché quelque chose. Selon lui, les agriculteurs ne se sont pas assez battus pour retirer les champs et les prés dans le cœur du parc. C’est incroyable d’entendre cela, la profession s’est acharnée sur ce dossier pendant cinq ou six ans ! Certaines personnes ont la mémoire courte ».