Silphie
Des projets à venir dans l'Yonne
Dans l'Yonne, des projets de plantation de silphie sont en cours, pour 2025, à la fois pour les agriculteurs souhaitant une culture favorable à la biodiversité, mais aussi pour les éleveurs en recherche d'aliments riches en protéines pour ajouter à la ration donnée à leurs bovins.
Lors d'une rencontre entre agriculteurs, apiculteurs et chasseurs, organisée par la FDC 89, en partenariat avec la FDSEA de l'Yonne et la Chambre d'agriculture de l'Yonne, une visite d'une parcelle a eu lieu à Neuilly (commune de Valravillon), où un agriculteur a mis en place des bandes de silphie comme culture mellifère pour favoriser la biodiversité.
S'il est pour le moment le seul du département à avoir planté de la silphie (en 2023), d'autres vont bientôt sauter le pas, comme le confie Amédée Perrein, co-fondateur et gérant de Silphie France (créée en 2020 avec Arnaud Febvay). « On a des implantations de prévues pour 2025 », affirme-t-il.
Si l'avantage premier de la culture de silphie est son utilisation pour la méthanisation, dans l'Yonne, les projets se porteraient davantage sur son atout vis-à-vis de la biodiversité, ainsi que sur sa caractéristique à être une plante riche en protéines, idéale pour l'alimentation des bovins. « Lors des trois dernières années, on a beaucoup travaillé sur la partie nutrition animale. La silphie est une plante que l'on peut donner aux animaux, mélangée à la ration, sous réserve d'opérer différemment au niveau des récoltes. C'est-à-dire que l'on doit faire plusieurs coupes et non pas attendre que son cycle se termine pour récolter (ce cycle-là est destiné à la méthanisation, où la récolte se fait fin août). Pour la nutrition animale, il faut couper la plante dès qu'elle fait entre 1 et 1m20 de hauteur, pour avoir un maximum de concentration de valeur alimentaire », détaille Amédée Perrein.
« On exploite la silphie un peu comme une luzerne, on va faire deux, trois voire quatre coupes (ou toutes les 7 à 8 semaines) en fonction des secteurs et de la climatologie de l'année. Cela permet d'avoir un fourrage assez exceptionnel, qui fait entre 18 et 21 de protéines, en ayant entre 0,90 et 1 UF05. On est donc riche en énergie et en protéines, et cela permet aux éleveurs d'avoir une nouvelle source de protéines à apporter sur la ferme, ce qui est fortement recherché en élevage ».
Une « solution » contre les sangliers ?
Un autre avantage, et pas des moindres, « la silphie offre une solution à des agriculteurs qui ont des problématiques liées aux sangliers, ce qui est le cas de beaucoup dans l'Yonne. Les sangliers ne s'intéressent pas à cette plante, donc il n'y a plus de dégâts dans les champs », assure Amédée Perrein. « C'est aussi une plante qui a une forte résistance à l'immersion, les agriculteurs peuvent donc la cultiver dans les terres hydromorphes, des terres en bord de ruisseaux ou qui sont inondables. La silphie peut résister pendant plus de trois mois et demi à l'immersion totale en période hivernale. Une fois que le printemps arrive et que l'eau se retire, la plante redémarre son cycle, comme si rien n'était. Elle peut enfin être implantée dans des ZNT car la semence est non traitée chimiquement ».
À noter que la silphie est reconnue à la PAC au niveau français depuis 2022.
Une culture pérenne
Il faut savoir que la silphie est une plante pérenne, avec une durée de vie très longue. « Au sein de Silphie France, on communique sur le fait que la durée de vie de la silphie est de 17 ans et plus. C'est une indication, mais la silphie a en réalité vocation à durer ad vitam æternam. Les plus vieux pieds identifiés dans le monde ont plus de 80 ans », poursuit Amédée Perrein.
Au niveau de sa conduite, c'est une plante que l'on sème, idéalement, entre le 20 mai et le 15 juin (selon les préconisations). « On peut toutefois semer la silphie tout l'été sous réserve d'avoir de la pluie, ou de l'irrigation si on a une sécheresse. Mais il faut absolument qu'elle puisse germer dans les trois semaines suivants les semis, sinon il y a un risque que la graine se mette en dormance, c'est-à-dire qu'elle germera seulement au printemps suivant ».
La première année, la silphie fait un simple rejet, de 20 ou 30 cm au maximum. Puis, à l'hiver, la plante se met en dormance pour redémarrer au printemps suivant. « Et entre le 20 avril et le 1er mai de la seconde année, la silphie attaque son cycle de montaison, où elle va prendre entre 2 et 3 cm par jour, jusqu'au moment de la récolter », conclut Amédée Perrein.
NOTE : Silphie France est à retrouver sur le site internet silphie-france.fr et sur YouTube : www.youtube.com/@amedeeperrein38.