Entretien
Le tour d'horizon de l'actualité agricole avec le préfet

Christopher Levé
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Plan de relance, ZNT, sangliers, gel, salon de l’agriculture… Le préfet de l’Yonne, Henri Prévost, revient sur les sujets forts qui composent l’actualité agricole du moment, au sein du département.

Préfet
Le préfet de l'Yonne, Henri Prévost, fait le point sur les sujets forts de l'actualité agricole du département.

Le mercredi 2 mars, Terres de Bourgogne a rencontré le préfet de l’Yonne, Henri Prévost, pour faire un point sur les différents sujets au cœur de l’actualité agricole.

1. Le plan de relance
Pour Henri Prévost, préfet de l’Yonne, « les acteurs du monde agricole se sont bien emparés du plan de relance. On a vraiment eu là une opportunité qui a été utilisée pour accompagner la modernisation, le développement de l’agriculture. Cela a permis de lancer des projets qui auraient pris encore des années avant de voir de jour, ou qui n’auraient peut-être jamais existé ».
Le plan de relance est un réel moyen de concrétiser des projets en lien avec l’adaptation au changement climatique. « En France, il y a 39 dossiers qui ont été retenus pour des projets d’équipements pour lutter contre les aléas climatiques, ce qui représente 749 389 euros sur une enveloppe de 200 millions d’euros ».
À noter qu’à l’heure actuelle, le montant total des aides provenant du plan de relance dans l’Yonne, tous volets confondus, s’élève à 10 094 124 euros.

2. La charte riverain ZNT
En juillet dernier, le conseil d’État demandait de revoir les modalités de consultation du public, de renforcer l’information des riverains et des personnes pouvant de situer à proximité des champs traités, de prévoir des mesures de protection des personnes travaillant à proximité des zones d’utilisation de produits phytopharmaceutiques et de fixer des zones de non-traitement plus importantes pour les produits suspectés d’être les plus dangereux. « Depuis le 21 décembre 2021, il y a un projet de décret et un projet d’arrêté qui adaptent les ZNT. Et dans un délai de six mois, la charte départementale de l’Yonne sera mise à jour en intégrant les modalités des consultations du public (échéance au 27 juillet 2022), avec l’information des riverains, les mesures de protection des personnes travaillant à proximité des parcelles cultivées et les distances de ZNT plus importantes pour les produits les plus dangereux. Cette mise à jour sera réalisée en concertation avec les acteurs agricoles du département. Pour l’heure, c’est la charte précédente qui continue de s’appliquer, pour les cultures en cours », explique Henri Prévost. « L’objectif est d’arriver à une charte départementale qui face consensus et qui permette de respecter les objectifs tracés par le juge, et de permettre la pratique de l’agriculture ».

3. Les dégâts liés aux sangliers
Si les dégâts restent importants dans le département, un suivi semaine après semaine est fait par la fédération de chasse pour arriver à réduire les populations de sangliers, en excédent depuis plusieurs années. « Sur la période 2019-2020, il y avait 2 549 ha endommagés (pour 2 millions d’indemnisation). Sur la période 2020-2021, il y a eu 1 960 ha endommagés (pour 1,550 million d’indemnisation) et sur la période 2021-2022, 1 911 ha endommagés (pour 2,5 millions d’indemnisation). On reste sur des volumes d’hectares endommagés importants. Surtout lorsque l’on ramène cela à des périodes comme 2015-2016 où il y avait 926 ha endommagés pour des montants d’indemnisation à hauteur de 823 212 euros », indique le préfet. « Le tir de sanglier est autorisé encore pour tout le mois de mars, bien que la période de chasse soit terminée. J’encourage les chasseurs à continuer les prélèvements. L’objectif était de prélever 60 % de laies sur les points noirs, mais cela n’a pas été atteint, même si un vrai effort a été fait ».
À l’issue du mois de mars, le préfet n’exclut pas de prendre des mesures supplémentaires pour continuer de faire diminuer les populations de sangliers. « On exclut aucune des solutions possibles pour arriver à maîtriser la démographie des ongulés. Il faut aussi surveiller la population des cervidés qui a aussi une incidence sur les cultures (ils peuvent manger les bourgeons) ».

4. Les dégâts liés au gel
En avril dernier, le gel s’est abattu sur les vignes et vergers du département avec des dégâts d’une grande ampleur. Très rapidement, la préfecture a su montrer son soutien aux producteurs touchés. « Depuis ces épisodes de gel, on a des comités de suivi très réguliers. C’est important de ne pas montrer seulement la solidarité au moment du choc, qui a été terrible, mais aussi de s’assurer que l’ensemble du dispositif se mettait en place. Il faut que tout le monde soit parfaitement informé des procédures, que chaque aspect soit bien couvert en fonction de l’intensité des dégâts et des difficultés rencontrées par les uns et les autres ».
Plusieurs aides ont été mises en place : les aides d’urgence, puis les aides structurelles comme l’accompagnement pour la protection de la vigne par exemple (câbles chauffants, systèmes d’aspersion…). « Il y a eu également tout le dispositif d’allègement de charges par la MSA, ainsi que la mesure exceptionnelle de calamités agricoles, qui s’est dans un premier temps manifestée en arboriculture. Dans le secteur des fruits, il y a 19 producteurs de fruits à noyaux qui ont reçu 226 860 euros, 7 producteurs de fruits à pépins qui ont reçu 90 814 euros et 4 producteurs de fruits à coques qui se sont vus attribuer 24 500 euros, chacun (soit plus de 5 millions d’indemnisation pour l’arboriculture dans le département) ».
Un dispositif de calamités agricoles qui s’est exceptionnellement appliqué à la viticulture. « 220 demandes ont été déposées (le dépôt des dossiers s’est clôturé le 18 février). C’est une aide non négligeable pour les viticulteurs impactés, même si cela ne remplace pas une récolte. Cela montre la solidarité de l’ensemble de l’économie de la nation vis-à-vis des producteurs frappés par ces aléas climatiques ».

5. Le salon de l’agriculture
Cette année était celle des retrouvailles pour le salon international de l’agriculture, où des producteurs icaunais étaient présents. « C’est important qu’il ait pu avoir lieu car il contribue à faire découvrir et redécouvrir l’agriculture au niveau national. C’est la semaine où l’on parle le plus d’agriculture en France sous un angle positif. On parle des bons produits, des innovations techniques, des animaux et leurs élevages », sourit le préfet. « Le salon permet de montrer que l’agriculture est un domaine où il y a de la technologie et de la technique, mais où il y a aussi un côté humain. Pour beaucoup de Franciliens, c’est l’occasion de voir la richesse qui compose le monde agricole. Et c’est une belle occasion pour notre département de montrer nos beaux et bons produits, dont on ne manque pas ».

Quels AMI et AAP encore ouverts cette année dans le plan de relance ?

Certains AMI (appels à manifestation d’intérêt) et AAP (appels à projets), en lien avec le monde agricole, sont encore en cours pour 2022. Cela concerne le volet agroécologie avec l’appel à projets du fonds avenir bio (ouvert jusqu’au 1er septembre 2022), le financement de projets d’implantations de haies et d’arbres interparcellaires, le plan protéines végétales ciblant les investissements pour la structuration de la filière (ouvert jusqu’au 31 décembre 2022), l’AAP-plan de structuration des filières agricoles et alimentaires (ouvert jusqu’au 31 décembre 2022), l’AAP-Aides aux organisations de producteurs et aux associations d’organisation de producteurs d’AOP reconnues (ouvert jusqu’au 31 décembre 2022) et le « PACTE » bio sécurité – bien être animal, lancé en septembre 2021 pour deux ans.
Pour le volet alimentation, cela concerne le soutien des cantines scolaires (ouvert jusqu’au 30 juin 2022), le programme national pour l’alimentation (PNA) visant la résilience des systèmes alimentaires est doté d’un appel à projet pour la période 2021-2022, ciblant l’émergence de nouveaux PAT, l’appel à manifestation d’intérêt pour accélérer la transition alimentaire, de portée nationale, lancé par la Banque des Territoires en juin 2021 a été rallongé d’une seconde session de candidatures jusqu’au 25 mars 2022.