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La plus belle des récompenses

AG
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Clément Dupaquier, 20 ans, a rejoint l'exploitation familiale l'été dernier. Récit d'un parcours qui semblait déjà écrit.

La plus belle des récompenses
Luc et Clément Dupaquier, autour de Colette Bailly, la semaine dernière aux Granges de Vesvres.

Voir son enfant reprendre la « boutique » est toujours une grande fierté pour un agriculteur. Luc Dupaquier, qui vient de fêter ses 60 ans à Vesvres, près de Vitteaux, ne cache pas la sienne devant l'arrivée récente de son fils Clément. Le chef d'exploitation, qui travaillera encore quatre ou cinq ans, a accepté une petite entrevue pour évoquer ce début de transmission.

En toute logique

Le jeune homme de 20 ans a posé ses valises aux Granges de Vesvres il y a quelques mois, après l'obtention d'un BTS Productions animales et un apprentissage réalisé chez Elva Novia. Aide familial pour l'instant, Clément Dupaquier devrait officiellement s'associer en tout début d'année 2023. « Clément est passionné depuis tout petit, je savais qu'il allait s'installer un jour. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Colette et moi n'avons jamais cessé de faire évoluer la ferme, en investissant notamment dans la génétique charolaise. Sans cette certitude, nous aurions sérieusement réduit la voilure depuis un petit moment déjà », confie le père de famille, qui livre ici plusieurs anecdotes sur son fils : « à 3 ans, il s'amusait souvent sur la terrasse de ma mère, chaque dalle représentait pour lui une parcelle agricole... À 5 ans, nous l'avions retrouvé derrière une vache en train d'essayer de la fouiller... L'animal était couché et il s'était assis sur un petit carré de paille... À huit ans, Clément présentait sa jument Trait auxois au salon de l'agriculture ! ». Le principal intéressé, lui, sait exactement où il met les pieds : « J'aime travailler dans la ferme depuis mes cinq ans. Oui, on peut dire que j'ai déjà plus de 15 années d'expérience ici ! L'élevage est une grande passion pour moi et ce projet, je le mûris depuis longtemps. J'aurai la chance de démarrer l'activité avec des propriétés, un cheptel et des bâtiments. Seul le matériel est vieillissant et méritera plusieurs investissements ».

Arrivée de l'Aubrac

Clément Dupaquier, sans omettre les difficultés du métier, tient un discours résolument positif : « l'élevage bovin devrait connaître encore des hauts et des bas ces prochaines années. Mais dans un avenir proche, je suis certain que nous obtiendrons une meilleure valorisation de notre travail. En effet, l'offre en viande bovine va certainement continuer de baisser. Les jeunes qui prendront la relève devraient en toute logique en profiter ». Le futur installé a déjà innové sur la ferme en important une seconde race, l'Aubrac pour ne pas la citer : « c'est une envie que j'avais là aussi depuis un petit moment. Je remercie infiniment Jean-Marie Desanlis de Bierre-lès-Semur, qui m'a permis d'acquérir des animaux à des prix raisonnables, avec la volonté d'aider un jeune à s'installer. L'idée, avec une vingtaine d'Aubrac, est de désaisonner une partie des vêlages pour vendre des veaux un peu plus tôt, en profitant de certaines périodes creuses, où il y a moins d'animaux sur le marché. Nous conserverons bien entendu les Charolaises, mais sans doute avec quelques têtes en moins à moyen terme, car un problème de main d'oeuvre se posera un jour ou l'autre si je me retrouve seul sur l'exploitation. Si je garde le cap des 150 vêlages, il faudra bien entendu un salarié, ou un autre associé ». De l'Aubrac au Gaec des Granges de Vesvres ? Luc Dupaquier, passionné de génétique charolaise, ne dit pas non, bien au contraire : « j'ai eu la chance, étant jeune, d'avoir un père qui m'a laissé prendre des décisions dès que je suis entré sur l'exploitation. J'en ferai donc autant, avec Clément. Chaque jeune a envie de se démarquer en voulant se lancer dans une nouvelle culture ou une nouvelle race. Je lui souhaite de réussir ».

Du taf

Colette Bailly, au sein du Gaec depuis 2013, est également très fière du parcours et de la volonté de son jeune poulain, debout chaque jour à 6 heures du matin : « il fait preuve d'une motivation exemplaire. Dans le même temps, Clément a également conscience qu'une exploitation de 350ha demande beaucoup de travail. Ce n'est pas possible à gérer seul, il faudra être accompagné. Chaque jeune aspire à une certaine qualité de vie et il faudra bien veiller à ce qu'il n'y ait aucune surcharge ».

Clément en février 2009, à l'âge de 7 ans, sur le grand ring du Salon de l'agriculture.