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Japy Tech, des tanks à lait vraiment « made in BFC »

Berty Robert
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Plus que centenaire, l’entreprise Japy Tech, basée à Saint-Apollinaire, près de Dijon, conçoit et fabrique des tanks qui font référence dans le refroidissement du lait, en France comme sur les marchés d’export. L’implication récente du Conseil régional dans son actionnariat renforce son implantation locale.

Japy Tech, des tanks à lait vraiment « made in BFC »
Marie-Guite Dufay (au centre), présidente du Conseil régional de BFC, a visité le site Japy Tech de Saint-Apollinaire le 12 janvier. Elle est ici en compagnie de Philippe Breiss, directeur général de l'entreprise et de Bénédicte de Chevigny, directrice associée de UI Investissement.

L’évaporateur : voici la pièce qui fait toute la réputation de Japy Tech. Ce dispositif agit comme un échangeur de température dans lequel circule un fluide frigorifique, et permet d’abaisser la température du lait, de 37 ° lorsqu’il sort du pis de la vache, à 4°. Cette technologie, c’est vraiment la marque de fabrique de cette entreprise, basée à Saint-Apollinaire, près de Dijon et qui, le 12 janvier, recevait la visite de Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (BFC). Il faut dire que la collectivité fait partie, depuis le 1er janvier, de l’actionnariat de Japy Tech, au côté de Philippe Breiss, son directeur général. Ce dernier a racheté l’entreprise à la holding allemande Mutares, et le soutien du Conseil régional (à travers UI Investissement, qui gère le fonds d’investissement régional) s’inscrit dans une logique plus large de maintien en BFC d’usines et de centres de décision d’entreprises agroalimentaires. Une logique qui va connaître un prolongement, au cours de ce premier trimestre, avec la création d’un nouveau fonds régional doté de 3,5 millions d’euros et nommé BFC Participation.

Une technologie qui progresse

En ce 12 janvier, c’était Japy Tech qui était dans la lumière. Outil incontournable des fermes laitières, les tanks à lait ne cessent de progresser en technologie. Ce n’est pas pour rien si l’entreprise de Saint-Apollinaire consacre chaque année 5 % de son chiffre d’affaires (19,4 millions d’euros en 2022) à la recherche et au développement. L’entreprise est notamment sur le point de lancer Icool Connect, un système de tank connecté qui va permettre aux laiteries d’avoir une vision sur les niveaux de remplissage des tanks et d’optimiser leurs circuits de collecte. Entre les tanks, les silos et les buffers (un petit tank à lait qui fait tampon entre la traite et le tank principal), Japy Tech produit sur son site environ 1 000 pièces par an. L’entreprise fabrique également ses propres groupes de production de froid. Elle installe actuellement une nouvelle ligne d’assemblage pour ces groupes « dans le but de mettre en place un process beaucoup plus industriel » précise Philippe Breiss. Sa part de marché en France est comprise entre 15 et 20 %. La démarche de reprise de l’entreprise par Philippe Breiss, incluant le Conseil régional de manière minoritaire dans son actionnariat, a bénéficié du soutien de BPI France, du Crédit Agricole et de la Caisse d’Épargne. « Cette logique de consolidation de notre présence locale, précise le directeur général, s’accompagne d’un travail sur la re-régionalisation de nos fournisseurs ».

Des tanks géants

En plus des tanks à lait classiques, l’entreprise a intégré, il y a quatre ans, la production de silos. Ces tanks de très grande contenance (jusqu’à 40 000 litres) sont beaucoup vendus sur les marchés étrangers. Les zones porteuses sur ce type de produit sont notamment l’Europe de l’est mais aussi le Moyen-Orient : Japy Tech vient ainsi de remporter un marché de plus de 150 000 litres de stockage de lait en Irak. « Nous avons souhaité internaliser cette production, précise Guillaume Gentilhomme, le directeur industriel, ce qui nous a permis de rajouter de la charge sur le site ». L’entreprise développe également une offre de service de formation auprès de ses clients.

Des bidons aux silos

Japy Tech, c’est une histoire plus que centenaire. Tout a commencé à Dijon en 1920 avec la fabrication de bidons de lait par la société Hugonnet. Cette dernière rachète, en 1957, les activités laitières de la société Japy de Besançon. Sept ans plus tard, l’entreprise lance le premier tank réfrigéré, une technologie qui a fait son image de marque. En 1998, l’entreprise est rachetée par l’Allemand Westfalia GEA qui la cède en 2021 à la holding industrielle allemande Mutares. L’ultime évolution est survenue au 1er janvier 2023 avec la reprise de Japy Tech par son actuel directeur général, Philippe Breiss, appuyé par UI Investissement, la structure qui opère le fonds d’investissement régional Défi 3 pour le compte du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Japy Tech produit aujourd’hui des tanks à lait et des silos de 320 à 40 000 litres. Elle emploie 135 personnes et a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 19,4 millions d’euros. L’objectif à cinq ans est de faire progresser ce chiffre à 30 millions d’euros. Actuellement, 85 % du chiffre d’affaires est réalisé à l’export.

Des tanks reconditionnés

On connaissait les ordinateurs ou les smartphones reconditionnés, mais Japy Tech a adapté le principe aux tanks à lait. Une démarche qui s’inscrit dans un projet nommé Möbius, lancé fin 2022. Il s’agit d’un service de rénovation de tanks équipés des dernières technologies Japy Tech. « La cuve est intacte, précise le directeur industriel Guillaume Gentilhomme, l’évaporateur est fonctionnel, et nous venons ajouter une nouvelle borne de lavage et un nouveau groupe froid. Cela permet de repartir à neuf, avec un matériel d’occasion équipé des dernières technologies ». Ce principe a été lancé pour concrétiser une forme d’économie circulaire, mais il permet aussi de contourner les hausses de coûts des matières premières, notamment l’inox, qui impactent fatalement les matériels neufs.