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A Saint-Brisson, un musée de la Résistance rénové

Marc Labille
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Depuis quarante ans, le musée de la Résistance en Morvan, à Saint-Brisson, dans l’est de la Nièvre, entretient la mémoire des maquis du Morvan. Il vient de faire l’objet d’une profonde rénovation. Une plongée 80 ans en arrière dans le rude quotidien des maquisards et la dureté de l’occupation.

A Saint-Brisson, un musée de la Résistance rénové
Devant le musée de la Résistance à Saint-Brisson, une Citroën « Rosalie » de 1931. Ce véhicule populaire était largement utilisé durant la seconde guerre mondiale et la résistance en faisait usage dans le Morvan.

Pour ses quarante ans, le musée de la Résistance en Morvan à Saint-Brisson (58) arbore une toute nouvelle scénographie. Il vient d’être entièrement rénové et modernisé. Inauguré en 1983, ce musée est né de la volonté d’anciens résistants, de témoins de la seconde guerre mondiale et d’historiens de l’Université de Bourgogne. Dans les années soixante-dix, les premiers travaux de recherche avaient donné naissance au Centre d’études et de recherches sur l’Occupation et la Résistance en Morvan. Une première exposition avait vu le jour en 1979 à la Maison du Parc du Morvan et elle avait accueilli 20 000 visiteurs en quelques mois ! Ce succès avait incité à la création d’un véritable musée de la Résistance, projet facilité par l’élection d’un élu local à la Présidence de la République, en l’occurrence François Mitterrand. L’Association pour la recherche sur l’Occupation et la Résistance en Morvan (Arorm), fut créée afin de réaliser et gérer ce Musée. Depuis 40 ans, il poursuit son œuvre : faire connaître la recherche historique et transmettre les valeurs de la Résistance.

Plongée dans le quotidien des maquisards

Situé au sein de la Maison du Parc naturel régional du Morvan, le musée permet de comprendre le rôle et l’importance de la Résistance dans la région, durant la seconde guerre mondiale. Dans une première salle, il évoque l’occupation allemande et ses lourdes conséquences sur la vie des morvandiaux. La seconde salle est consacrée à la Résistance et plus particulièrement aux nombreux maquis qui ont émergé au cœur de cette région rurale de petite montagne. À mi-chemin du parcours muséographique, un espace de projection plonge le visiteur dans la vie quotidienne des maquisards : actions, campement dans les bois, rôle du chef, lutte contre la faim, la peur, le froid… Enfin, la dernière salle dépeint la libération du Morvan et évoque le souvenir de la Résistance. Richement documenté d’archives, de photographies, de témoignages et disposant d’authentique matériel de guerre, le musée propose une immersion passionnante, 80 ans en arrière dans un Morvan bien différent d’aujourd’hui : la vie clandestine des maquisards et le quotidien des morvandiaux confrontés jusque dans les hameaux reculés à la violence de la guerre.

Note de bas de page : Musée de la Résistance en Morvan, Maison du Parc à Saint-Brisson (03 86 78 72 99) contact@museeresistancemorvan.fr

www.museeresistancemorvan.fr

La Résistance en Morvan

Le Morvan était une zone privilégiée pour l’installation des maquis. Son isolement en a fait une zone refuge pour tous ceux qui cherchaient à fuir la répression et qui voulaient continuer la lutte. Le Morvan connut une résistance précoce ; dès 1941 des hommes pourchassés pour leurs actes de résistance vinrent s’y réfugier. Le 21 novembre 1942, un petit groupe de résistants reçut le premier parachutage allié. Sur place, des meneurs locaux constituèrent des embryons de maquis. L’hostilité à l’occupant, la lutte antifasciste, l’opposition au régime collaborateur de Vichy et à la répression antijuifs nourrissaient les premiers groupes. Le Service du travail obligatoire (STO) fit aussi grossir les maquis, mais c’est l’approche de la Libération et la volonté de recrutement de leurs chefs qui expliquèrent l’essor des groupes de partisans. Les maquis s’organisèrent, leur nombre augmenta et les maquisards affluèrent grâce aux parachutages d’armes orchestrés par les Anglais et la France libre. Les maquis morvandiaux avaient pour nom Camille, Bernard, Socrate, Serge, Verneuil, Vauban, Maurice, Le Loup, Sanglier… Ils totalisaient 10 000 maquisards à l’été 1944. Les maquis libérèrent à eux seuls l’essentiel du territoire morvandiau. Mais sur cette terre de résistance, l’occupation et les représailles de l’ennemi ont fortement marqué les mémoires de leur barbarie : arrestations, déportations, exécutions, incendies de fermes et de villages. À quelques kilomètres de Saint-Brisson, un Mémorial en témoigne : celui de Dun-les-Places, qui rend hommage aux victimes du plus important « village martyr » de Bourgogne. Un massacre commis par les Allemands le 26 juin 1944 et qui fit 27 morts.