Bassins d'alimentation des captages
PSE : une expérience renouvelée

Chloé Monget
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L'expérimentation des Paiements pour services environnementaux (PSE) est reconduite sur les BAC du Foulon, de la Fontainerie et de Brinon-sur-Beuvron. Les agriculteurs concernés ont jusqu'au 30 juin pour y souscrire. 

PSE : une expérience renouvelée
Les dossiers PSE sont à déposer avant le 30 juin.

« Les Paiements pour services environnementaux (PSE) sont mis en place de façon expérimentale sur les BAC, et le cahier des charges a été défini selon les enjeux de nos captages. Ils ciblent principalement les herbicides racinaires que l’on retrouve dans l’eau » explique Lison Delsalle, animatrice agro-environnement pour la protection des captages à la Ville de Clamecy avant d'ajouter : « S’engager dans ce dispositif, c’est participer à cette expérimentation sans prendre de gros risques : contrairement aux MAEC, l’agriculteur n’a pas de pénalité s’il n’atteint pas ses objectifs et peut se désengager à tout moment. Le montant perçu chaque année est proportionnel aux efforts réalisés et peut permettre de tester de nouvelles pratiques comme le désherbage mécanique de certaines cultures sur les BAC ». Ainsi, pour participer à cette nouvelle campagne les agriculteurs éligibles ont jusqu'au 30 juin pour se faire connaître. 

PSE : rémunérer un service rendu 

Les PSE sont mis en place dans le cadre d'un régime d’aides spécifique, notifié par le Ministère en charge de l’environnement à la Commission Européenne. Le principe : rémunérer des agriculteurs pour le service qu’ils rendent aux consommateurs d’eau à travers leurs pratiques agricoles. Ici, l’objectif est de tendre vers le zéro phyto sur les BAC. Le PSE est déterminé en fonction de la quantité de substances actives d'herbicide appliquée sur les parcelles du BAC et plus globalement de l’usage des produits phytosanitaires à l’échelle de l’exploitation. En fonction des résultats obtenus, une note sur 10 est attribuée et détermine, chaque année, le montant du PSE – avec un plafond annuel fixé à 15 000 euros / exploitation. La note de 10/10 correspond à un paiement de 70 €/ha. Les exploitants s'engagent également à ne pas retourner les prairies permanentes et à participer à un atelier d’échanges de pratiques au cours des 5 ans d'engagement. 

Jusqu’au 30 juin pour s’engager

Les agriculteurs sont éligibles s’ils ont au moins 5% de leur SAU dans un BAC et ne touchent pas d’aides pour l’agriculture biologique. Ils signent un contrat avec la mairie de Clamecy, en partenariat avec la mairie de Brinon-sur-Beuvron. Les financements des PSE sont assurés par l’Agence de l’Eau Seine Normandie pendant 5 ans. 16 exploitations se sont engagées dès la campagne 2021-2022. Le dispositif est encore ouvert pour la campagne 2022-2023, les agriculteurs intéressés peuvent contacter l’animatrice. Contact : Lison Delsalle Animatrice agro-environnement 06 78 99 35 01. 

Damien Lelong, agriculteur à Flez (Saint-Pierre-du-Mont), 265 ha et 125 vêlages environ. 
Damien Lelong

Damien Lelong, agriculteur à Flez (Saint-Pierre-du-Mont), 265 ha et 125 vêlages environ. 

«  Je me suis engagé fin 2021. Au départ un peu réticent sur la masse de papiers éventuels à fournir, j'ai fini par sauter le pas car cet engagement n'est pas contraignant. En effet, ce qui nous est demandé dans ce cadre, nous le fournissons déjà pour nos déclarations PAC et je n'ai rien à cacher. En plus, nous sommes accompagnés par un technicien pour nous donner des solutions à mettre en place pour rentrer dans les clous définis par le PSE. Cela nous offre la possibilité de modifier nos pratiques tout en gardant un équilibre économique. Ceci dit, je pense qu'il est plus simple d'y participer si nous avons beaucoup de prairies, pour des raisons logiques. Ce que j'apprécie le plus, c'est que si pour x raisons nous dépassons du cadre une année, durant les 5 ans du contrat, on ne nous redemande pas l'argent déjà touché et cela ne remet pas en cause notre volonté d'en faire partie pour les années restantes, s'il y en a. De même, si nous voulons quitter le protocole en cours de route, il n'y a pas de contrepartie. C'est un système qui, pour une fois, nous permet d'être sereins. Enfin, je pense que notre participation obligatoire à au moins une réunion/formation n'est pas la fin du monde, et ne peux pas nous faire de mal puisque, par manque de temps ou d'envie, nous évitons trop souvent de nous rendre à certaines »

Amélie et Alexandre Seutin pour le GAEC des Prairies (500 ha et 340 vêlages) et pour le GAEC Seutin (410 ha et 60 vêlages) à Thurigny (Saint-Germain-des-Bois)
De gauche à droite : Christian, Alexandre, Amélie et Jean-Charles Seutin.

Amélie et Alexandre Seutin pour le GAEC des Prairies (500 ha et 340 vêlages) et pour le GAEC Seutin (410 ha et 60 vêlages) à Thurigny (Saint-Germain-des-Bois)

« Nous avons signé le contrat en avril 2022 car il nous parait nécessaire de faire attention à nos pratiques pour préserver la qualité de l'eau qui est synonyme de vie pour tous. Avec les sécheresses, elle est devenue une ressource à protéger autant en quantité qu'en qualité. Ce qui nous a décidés à nous lancer, c'est tout d'abord la simplicité de mise en oeuvre puisque sur une partie des parcelles concernées nos conduites sont déjà celles demandées (principalement sur les prairies, où par exemple, pour l'azote minéral, nous ne devons pas dépasser 50 unités). L'autre point est que si nous ne répondons pas aux critères, il n'y a aucune pénalité. Cela permet d'avoir l'esprit plus serein. En somme, il n'y a peu de carcan administratif. Certes nous devons nous plier à au moins un contrôle durant les 5 ans du contrat, mais cela est normal qu'un organisme donnant un financement ait un regard sur nos pratiques ». Pour rappel, le Gaec des prairies est composé d'Amélie, Alexandre et Sylvie Seutin et le Gaec Seutin de Jean-Charles et Christian Seutin.

Quelques chiffres

16 exploitations engagées en PSE sur les BAC 

 


3 412 hectares dont 1 162 ha (34%) dans les BAC 

 


Les trajectoires prévisionnelles prévoient de verser 738 570 € sur 5 ans (En moyenne : 9 200 €/an/exploitation, soit 48 €/ha ) 

 


-50% d’utilisation des herbicides sur les parcelles engagées dans les BAC entre 2022 et 2026 (320 g/ha ? 170 g/ha, selon les trajectoires estimées)