Alternative
Prestation de service pour le travail de la vigne

Chloé Monget
-

Jordy Delarue et Théophile Roche ont créé leur entreprise Paysa'vigne en 2021, aujourd'hui leur activité ne désemplit pas.

Prestation de service pour le travail de la vigne
Jordy Delarue et Théophile Roche ne se séparent qu'à de très rares occasions pour réaliser leurs chantiers : « On aime travaille ensemble, donc il n'y a aucune raison de travailler chacun dans son coin ». Crédit photo : Paysa'vignes

« Avec le manque de main-d’œuvre pour les travaux de la vigne, nous avons énormément de demandes » explique Jordy Delarue et Théophile Roche fondateurs de Paysa’vigne, entreprise de prestations de services pour les travaux de la vigne – avec en sus une activité d’entretien et de création d’espaces verts. Lancés en 2021 dans cette aventure, ils font le point aujourd’hui.

Envie et coup de pouce

C’est après quelques années comme salariés viticoles qu’ils se sont réunis pour monter leur entreprise : « Nous voulions travailler pour nous et nous organiser comme nous l’entendions » indique Jordy. Ainsi, les deux amis d’enfance entament les démarches : « nous avons eu le soutien de la CCI, qui nous a très bien aiguillés. De plus nos familles respectives nous ont épaulés, et ont même proposé de nous soutenir financièrement dans les débuts ; ce sont eux qui ont annihilé les doutes que nous pouvions avoir » détaille Théophile. S’ils n’ont pas eu besoin de l’argent de leurs proches, ils ont tout de même eu le soutien d’organismes. Le premier s’est fait via l’assurance Groupama : « nous économisons environ 500 euros par an », et le second avec l’Aide à la création ou à la reprise d’une entreprise (Acre) : « nous réalisons environ 3 000 euros d’économie par an sur les impôts ». Pour mémoire, l’Acre permet d’exonérer une partie de ses charges sociales durant les premières années activités (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F11677). Malgré tout, Jordy et Théophile insistent : « Ces deux aides sont un sacré coup de pouce ! Mais, nous avons constitué notre prévisionnel sans cela, afin d’être assurés que le projet soit totalement viable ». Outre cela, ils ont dû investir environ 15 000 euros pour leur matériel : « finalement c’est assez peu pour se lancer comparé à d’autres activités ».


Débouchés

Aujourd’hui, les deux amis sont d’accord : « on vit très bien, car les demandes pleuvent de partout à cause d’un manque évident de main-d’œuvre pour le travail de la vigne ». Pour eux, la raison de ce déficit est simple : « Il y a une méconnaissance des métiers de la vigne. La plupart des gens pensent que cela se limite aux vendanges, alors que pas du tout ! Nous sommes persuadés que si le travail des vignes était plus connu, cela attirerait plus de monde ». Au total, pour 2022, ils ont traité 18 ha : « à deux c’est largement suffisant ». En plus des contrats fixes valables de novembre à juin, ils proposent aussi des prestations à la tâche : « nous avons envie de travailler, donc on s’arrange toujours pour donner satisfaction ». Malgré tout, les deux compères sont inflexibles sur un point : « nous préférons offrir de la qualité que de la quantité. De ce fait, nous refusons des contrats. C’est un luxe que nous pouvons nous permettre – financièrement parlant – mais qui est révélateur d’une situation tendue sur ce domaine ». Prenant parfois quelques saisonniers pour les aider, ils stipulent : « nous évitons de le faire car nous avons eu une mauvaise expérience, et devions rattraper le travail non effectué… une situation intenable ».

Une fin à tout

Pour l’avenir, les deux amis ne comptent pas embaucher de salarié : « nous souhaitons rester tous les deux car cela nous convient tout à fait. Nous ne voulons pas que notre entreprise devienne un monstre ingérable nous enlisant dans de la paperasse. En effet, notre premier but est de pouvoir travailler dehors et faire un métier qui nous plaît, tout en gérant notre planning pour avoir un certain confort de vie ». Ils concluent : « Pour le moment, nous pouvons encore réaliser nos tâches, mais physiquement nous ne pourrons pas tenir le rythme ad vitam aeternam. Nous pensons que l’on peut faire ce métier – sans finir complètement cassé – jusqu’à environ 45/50 ans. Après cet âge, on voit bien les effets sur les genoux, le dos et la forme physique dans son ensemble : ça use ». De ce fait, ils réfléchissent déjà à comment se retourner : « peut-être que nous monterons une autre entreprise dans un secteur d’activité différent ou alors nous ferons des investissements pour pouvoir vivre… Mais pour le moment cela reste encore un peu flou ». Renseignements : paysavigne@gmail.com ou au 06 07 10 94 90 (prestations viticoles) ou au 06 80 42 86 39 (entretien et créations d’espaces verts).

Théophile Roche
Théophile Roche, 29 ans. Crédit photo : Paysa'vignes

Théophile Roche

À 29 ans, Théophile a un BTS environnement et paysages : « Pour moi, ce métier était une évidence, car j’ai toujours aimé travailler dehors, m’intéresser aux plantes et aux jardins ». Après avoir été responsable d’équipe, comme salarié sur un domaine, il insiste : « Je n’ai pas choisi ce métier pour diriger les gens, mais bien m’investir. Même si les taches sur la vigne reviennent tous les ans, les conditions elles sont toujours différentes ; c’est agréable ».

Jordy Delarue

Jordy Delarue

Avec un CAP de Boulanger et un CAP pâtissier, Jordy ne se destinait pas du tout aux travaux de la vigne : « C’est Théophile qui m’a ouvert à ce milieu à un moment donné où ce que l’on me proposait en boulangerie/pâtisserie ne me convenait pas du tout ». Aujourd’hui, ravi d’avoir changé de voie professionnelle, il poursuit : « nous sommes meilleurs amis avec Théophile, et nous voulions absolument travailler ensemble tout le temps. On a réussi, et je pense que si nous devons bifurquer de métier nous le ferons à deux ».