Orientation et alternance
Sur l'agricole, les MFR ne lâchent pas l'affaire !
Le 11 janvier se tenait à Dijon un Forum de l'orientation et de l'alternance. L'évènement, organisé par les Maisons familiales rurales (MFR), donnait le signal de départ de la course vers les filières qui intéressent. L'agriculture y était bien représentée.

Organisé par le réseau des Maisons familiales rurales (MFR), le Forum de l'orientation et de l'alternance, qui se tenait le 11 janvier à Dijon donnait évidemment un large aperçu des cursus de formation proposés par ces structures. Mais l'offre était aussi enrichie par la présence d'autres partenaires : armée, Compagnons du devoir, École des métiers, Enilbio… L'idée était de proposer un large panel de métiers pour lesquels il est possible de se former par alternance et par l'apprentissage. Les activités agricoles y tiennent une place de choix comme le démontre ce tour d'horizon :
MFR Sud Auxois Morvan à Pouilly-en-Auxois : Une offre large et du nouveau en préparation.
L'établissement réfléchit à la possibilité de développer une offre de formation continue pour les agriculteurs. « Nous envisageons, avec MSA Services, de développer des formations courtes autour de la soudure, de la conduite, précise Nadine Jeannin, directrice de l'établissement. Nous voulons aussi travailler à l'élaboration d'une formation pour adultes qui aimeraient devenir assistant administratif pour les exploitants agricoles ». Cette dernière serait en complète adéquation avec la problématique de la charge administrative amplement dénoncée par les agriculteurs, notamment au cours des manifestations du début d'année 2024. Le parcours de formation correspondant pourrait être construit en collaboration avec la Chambre d'agriculture. Les personnes ainsi formées auraient la possibilité d'opérer au service de plusieurs exploitants. Avec l'organisme Vivéa, la MFR de Pouilly-en-Auxois devrait également mettre en place très prochainement des formations à destination des maîtres d'apprentissage. « Ils ont de plus en plus besoin d'être accompagnés dans leurs missions » constate Nadine Jeannin. La MFR de Pouilly-en-Auxois, qui accueille annuellement environ 130 élèves, propose aussi des cursus plus traditionnels :
- 4è et 3è pour tester différents métiers
- CAP Métiers de l'agriculture par apprentissage
- un bac pro agroéquipement
- un bac pro Conduite et gestion de l'entreprise agricole (CGEA)
- un BTS Analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole (Acse), par apprentissage
« La formation dans le domaine agricole doit prendre en compte le fait que les exploitations vont fortement évoluer dans leur structuration, dans les années qui viennent, conclut Nadine Jeannin. On espère qu'on pourra continuer à installer des jeunes, mais pour cela, ils doivent être bien formés. »
MFR de Semur-en-Auxois : Vers les mille et-un métiers du chien et du chat.
Cette MFR s'est spécialisée sur les formations concernant les métiers liés aux chiens et chats. Claude Janzac, son directeur, constate qu'autour de ces animaux de compagnie, émergent de nombreux nouveaux métiers, en particulier avec les chiens. « On forme à l'Éducation, au dressage, à l'hébergement, à la production, mais on a aussi des nouveaux métiers, par exemple : des chiens capables de détecter des puces de lit, d'anticiper des crises d'épilepsie, de dépister des maladies. Cela débouche sur des utilisations sociales, sportives, professionnelles. On forme nos jeunes à l'emploi d'animaux au profit de particuliers ou de professionnels. » Sur le stand de la MFR, lors du Forum, on pouvait notamment croiser Jean-Jacques Gross et sa chienne Rubis : expert en médiation animale, il accompagne trois fois par an des élèves de la MFR dans un Ehpad afin de les initier à l'art de la médiation, avec les chiens et les personnes âgées. « Les élèves gèrent les chiens auprès des résidents et ils sont notés sur ce travail », précise-t-il. Là aussi, la pédagogie par l'apprentissage concret est priorisée : « Très souvent, le retour qu'on nous fait, souligne Claude Janzac, c'est : les jeunes de MFR, ils savent se débrouiller. C'est lié au fait qu'on leur propose des parcours très diversifiés. »
À Semur, les élèves viennent parfois d'assez loin : région parisienne, Alsace, Lorraine, Rhône-Alpes. Ils intègrent les cursus suivants :
- 4è et 3è toutes orientations (pour découverte des métiers du service, du commerce, de l'industrie…)
- bac pro sur les métiers du chien et du chat. On dénombre 45 élèves de terminale par an dans ce domaine.
L'établissement peut aussi former au métier d'auxiliaire vétérinaire.
MFR de Quetigny : une pédagogie plus transversale
Comme d'autres établissements du même type, la MFR de Quetigny se prépare à appliquer la réforme du BTS Acse : à partir de la rentrée de septembre 2025, il sera préparé selon un rythme semestriel, ce qui change pas mal de choses comme le précise Bruno Garrouste, formateur et responsable du bac pro Conduite et gestion de l'entreprise agricole (CGEA) : « Nous allons travailler par semestre et plus avec des Contrôles en cours de formations (CCF) tous les mois comme ça se faisait jusqu'à présent. Cette nouvelle organisation va changer totalement les choses dans nos manières de travailler : nous progresserons dans l'enseignement, bloc par bloc, à plusieurs formateurs, de manière globale, alors que jusqu'à présent, on travaillait matière par matière. On va intégrer des matières générales, des matières techniques ou économiques. C'est une évolution qui prend en compte les changements du contexte agricole tel que nous le connaissons aujourd'hui. Nous allons devoir nous adapter mais je pense que cela peut être une bonne chose dans la mesure où j'estime qu'on avait trop tendance à « saucissonner » les activités pédagogiques, à cloisonner, alors qu'entre le général, la technique ou l'économique tout est mêlé et interdépendant. C'est une nouvelle pédagogie qui émerge. On le faisait déjà un petit peu avec la pluridisciplinarité mais cette réforme officialise et structure cette approche. Elle est transversale, ce qui va nous permettre, par exemple, de faire de la technique, des mathématiques et en même temps, de l'informatique. » Un exemple qui démontre les capacités d'adaptation de l'enseignement agricole, avec, d'autre part, une prise en compte croissante de l'intelligence artificielle, de la robotique, des outils d'aide à la décision : « On travaille de plus en plus sur le fait que toutes les activités d'un agriculteur sont aujourd'hui enregistrées, tracées, identifiées : cela démultiplie les paramètres à prendre en compte et nous devons l'expliquer à nos jeunes. »
La MFR de Quetigny propose plusieurs cursus en lien avec l'agriculture :
- une 2nde de production qui peut conduire à un bac pro CGEA orienté sur deux axes : grandes cultures ou polyculture-élevage, par apprentissage ou en formation initiale.
- un BTS Acse par apprentissage.
MFR Beaune-Grandchamp : Un bassin très demandeur
Située près de Beaune, cette MFR est logiquement très en lien avec l'écosystème du vin. Elle propose des bac Commerce et Viticulture qui débouchent sur un BTS technico-commercial Vin, Bière, Spiritueux. « On travaille en lien avec notre bassin d'emploi, souligne Marie-Pierre Daurelle, monitrice et responsable du BTS au sein du CFA de l'établissement. Sur le terrain, dans la région de Beaune, il y a énormément de possibilités… Nous travaillons avec des domaines, des cavistes, mais aussi dans des commerces au sens large, pas seulement liés au vin. » Gérard Gallais, directeur de la MFR, ajoute : « Les entreprises du secteur nous sollicitent plus aujourd'hui pour faire venir des apprentis que dans un passé récent. Le problème, pour nous, c'est de trouver des jeunes qui ont envie de rentrer dans la viticulture. Il faut parvenir à intéresser des jeunes qui ne sont pas de ce milieu au départ. Les entreprises sont là, elles sont demandeuses : à nous de parvenir à « accrocher » les jeunes ! » La MFR de Beaune-Grandchamp propose des formations de la 4è au BTS avec un appui sur l'alternance. Les plus jeunes effectuent des stages en entreprises et, à partir du bac, ils ont la possibilité de réaliser de nouveaux stages ou de passer sous le régime de l'alternance, avec un contrat d'apprentissage, afin de découvrir les métiers. Sur son stand, la MFR mettait en avant l'apprentissage : « C'est notre ADN, précise Marie-Pierre Daurelle : on veut valoriser le fait, pour le jeune, d'apprendre en pratiquant parce que nous constatons que beaucoup d'élèves s'ennuient en classe, dans le système scolaire classique. Ils ont besoin de pratiquer, même s'ils ne savent pas toujours vers quels métiers ils veulent aller. On leur offre la possibilité de faire des stages pour découvrir, ou d'intégrer une entreprise. » Les jeunes sont sur des contrats d'apprentissage qui vont de 1 an à 3 ans, en fonction de leur âge et du diplôme qu'ils préparent. Ils sont environ pendant 20 semaines en centre et le reste de l'année scolaire, en entreprise. « On souhaite aussi proposer une ouverture au monde pour nos jeunes, conclut Gérard Gallais, en développant systématiquement dans chaque filière un stage Erasmus, qui permet de passer deux à trois semaines à l'étranger, dans le domaine de la viticulture. C'est vraiment ancré dans notre MFR. Actuellement, par exemple, nous avons des BTS qui sont en Italie, certains bac pro s'apprêtent à partir au Portugal. Par le passé, certains ont pu aller en Irlande. Cela leur permet d'apprendre à connaître les différents marchés. »