Agriculture biologique

Le classement de la FNAB des régions pour l'installation en bio

Si vous êtes porteur d’un projet d’installation agricole en bio en 2023, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) se propose d’être votre GPS : elle est prête à vous indiquer quelle région vous offrira le meilleur accompagnement. Pour cela, elle a réalisé une enquête qui prend en compte de nombreux critères afin d’établir un classement de ces collectivités, en se basant sur un point de départ qui ne doit rien au hasard : 2023, c’est l’année où les Régions vont hériter de la charge du soutien de l’installation en agriculture à la place de l’État. Pour la Fnab, il était tentant de vérifier lesquelles seront les plus actives dans le domaine, à la lumière de deux éléments structurants : le nécessaire renouvellement des générations, et la proportion de porteurs de projets d’installation qui souhaitent le faire en bio. À cela on peut ajouter un contexte économique plus difficile pour l’AB, confrontée à des marchés en contraction et qui, de ce fait, estime avoir besoin d’un soutien plus prononcé, en accord avec les attentes sociétales.

Des fermes bios à reprendre

Pour Philippe Camburet, président de la Fnab et agriculteur dans l’Yonne, cela s’inscrit dans le contexte de la nouvelle PAC et de la reconnaissance des services environnementaux dont l’agriculture biologique est porteuse. Ce qui est certain, comme le rappelait Alan Testard, secrétaire national Futurs bio à la Fnab, lors de la présentation du classement, le 12 décembre, c’est que « dans 5 ans, la moitié des fermes bios seront à reprendre ». La question de l’installation prend dès lors un relief particulier. « À partir de 2023, poursuivait-il, nous aurons une Dotation jeune agriculteur (DJA) unique pour tout le monde et la gestion de l’enveloppe budgétaire des modulations sera confiée aux Régions. Ce qu’elles en feront sera révélateur de leur niveau de soutien au bio… » Pour établir son classement, la Fnab s’est appuyée sur des documents communiqués par les régions (Comités régionaux Installation-Transmission, déclaration des régions à la presse, courriers entre les Groupements régionaux d’agriculture biologique et les régions, fiches d’intervention régionalisées Feader…) et a établi une échelle de notation. Les critères d’attribution des points, en plus ou en moins, concernent l’existence ou non de bonus incluant l’agriculture biologique, ou si une modulation bio est uniquement dédiée à l’AB, ou s’il existe une différence significative entre le montant de base moyen et le montant avec la modulation reconnaissant la bio. Les Régions pouvaient aussi gagner des points s’il existe une modulation au bénéfice de porteurs de projets qui ne reprennent pas une exploitation familiale, et/ou au bénéfice de porteurs de projet non issu du milieu agricole. En revanche, les malus tombaient si la région a prévu une modulation Haute valeur environnementale (HVE) et que son montant est identique à celui de la modulation bio, ou si l’AB n’est pas reconnue dans la modulation « agroécologie ».

Centré sur une réalité

Au final, selon ces critères, le classement de la Fnab s’établit de la manière suivante :

- les deux premières Régions sont le Centre-Val de Loire et la Nouvelle-Aquitaine (25 points chacune)

- on trouve ensuite l’Île-de-France, l’Occitanie et les Pays de la Loire (20 points)

- en milieu de tableau figurent Provence-Alpes-Côte d’Azur et Bourgogne-Franche-Comté (10 points), puis Auvergne-Rhône-Alpes (5 points)

- En bas de classement, on trouve les Hauts-de-France et la Corse (0 point) mais ces deux régions prévoient

d’annoncer les nouveaux dispositifs d’aides à l’installation en 2023 pour une mise en œuvre en 2024.

-Trois régions ferment la marche : la Bretagne, Grand Est et la Normandie (-15 points)

Pour la Fnab, ce classement révèle de grandes disparités dans l’approche des installations en bio par les exécutifs régionaux. « Pour certaines régions, remarquait Philippe Camburet, le bio ne semble pas être une priorité mais avec d’autres, on sent une volonté d’aller plus loin ». Reste que le classement de la Fnab, en focalisant sur l’installation, peut livrer une vision faussée d’une réalité plus large sur l’AB. Certaines régions peuvent avoir fait des choix autres que ceux centrés sur l’installation tout en développant une véritable politique de soutien à l’AB. « On va sans doute nous reprocher cela, concluait Philippe Camburet, mais pour nous, le renouvellement des générations est l’enjeu principal. Avec cette initiative, on espère que les mal classés tenteront de redorer leur blason… »