Banque alimentaire de Bourgogne

La banque alimentaire de Bourgogne sollicite le monde agricole

Yvon Ulmann est le responsable de la communication de la Banque alimentaire de Bourgogne (BAB) depuis deux ans. Et en deux ans il a constaté une évolution préoccupante : « Lorsque j’ai commencé à travailler pour la BAB, nos 16 camions réfrigérés revenaient remplis tous les jours de leurs collectes auprès de la grande distribution ou des entreprises de l’agroalimentaire. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Cela s’explique en partie par le fait que la grande distribution a modifié ses organisations, surtout depuis le Covid. Aujourd’hui, dans tous les magasins, vous avez des bacs avec des produits soldés parce que leurs dates limites de consommation sont proches. Ils recyclent et revendent eux-mêmes des produits qu’ils nous donnaient auparavant… » Une bonne chose dans l’absolu mais qui fragilise l’approvisionnement de la BAB, notamment en produits frais. Elle doit donc trouver d’autres solutions et élargir son panel de fournisseurs. C’est la raison pour laquelle l’association veut renforcer ses actions de prospection auprès du monde agricole.

Collecteur et redistributeur

La BAB, pour schématiser, est un « grossiste » de l’aide alimentaire. L’organisme récupère des denrées auprès de l’État, de l’Europe, de la grande distribution et des industriels de l’agroalimentaire. Il y a aussi la grande collecte annuelle. La prochaine va se tenir à la fin de ce mois (voir encadré). L’agriculture était jusqu’alors un secteur moins sollicité. Si la BAB se tourne aujourd’hui plus vers lui, c’est qu’elle doit renforcer ses approvisionnements en produits frais, pénalisés pour les raisons évoquées au début de cet article. Prospecter le monde agricole bourguignon, c’est le travail d’Hubert Gullaud : « J’ai travaillé pendant 50 ans dans l’alimentaire, mais je ne connaissais pas le monde agricole. Une de mes préoccupations, c’est de parler le même langage que les agriculteurs, parce que le contact est complètement différent, en comparaison du monde industriel. Dans l’agricole, on a affaire à des femmes et des hommes avant tout. C’est un monde extrêmement divers. On essaye de développer nos liens dans le domaine des filières maraîchères qui nous permet, pour l’instant, de récupérer une tonne de pommes de terre tous les mois que nous achetons à un prix très bas. Pour de la viande, c’est beaucoup plus difficile. Nous aurons peut-être besoin de subventions de la part des pouvoirs publics pour acheter de la viande locale ». La BAB ne sollicite pas la filière viticole pour une raison simple : elle ne distribue pas d’alcool, « néanmoins, souligne Hubert Gullaud, si cette filière veut nous apporter un soutien financier, elle peut le faire ».

Changement d’approche

Dans son travail de prospection, ce bénévole cherche des dons qui peuvent provenir de surproductions (produits qui ne peuvent être vendus car ne répondant pas à certains critères de qualité), mais la BAB peut aussi acheter. Elle a besoin de plus de viande, de produits laitiers et commence à nouer des liens avec les Chambres d’agriculture. La BAB est présidée par Laurent Brondel. Son siège et son entrepôt principal sont à Dijon mais la structure a aussi des antennes à Nevers, Auxerre et Chalon-sur-Saône. Elle redistribue l’aide alimentaire collectée auprès de 186 associations agréées en préfecture, nationales (Resto du Cœur, Croix Rouge, Secours Populaire…) mais aussi locales. La distribution se fait également auprès de Centres communaux d’action sociale (CCAS) et d’épiceries sociales. Ces structures versent 21 centimes par kilo de denrées récupérées. « Nous sommes parvenus à un virage, conclut Yvon Ulmann : nous avons plus de personnes dans le besoin et nous récupérons moins de produits. Nous devons nous repenser ». Le domaine agricole devrait être un élément important de cette nouvelle approche.