Bâtiments
Le solaire, on y vient tôt ou tard

AG
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Deux éleveurs de Côte-d'Or souhaitent profiter de la construction d'un bâtiment de stockage pour installer leurs premiers panneaux photovoltaïques, après plusieurs réflexions sans suite ces quinze dernières années.

Le solaire, on y vient tôt ou tard
Stéphane Mercuzot et Julien Couraleau débuteront les travaux dans les mois à venir à Mont-Saint-Jean.

Les panneaux photovoltaïques « fleurissent » sur les bâtiments agricoles depuis une bonne décennie. Selon la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, plus de 600 structures sont désormais équipées dans les quatre coins du département. À Mont-Saint-Jean, entre Pouilly-en-Auxois et Saulieu, Stéphane Mercuzot s’est toujours montré intéressé par cette diversification, sans toutefois se lancer. L’éleveur du hameau d’Ormancey faisait même partie de la SAS Agri Solaire en 2009 : « Ce grand projet collectif n’avait malheureusement pas pu aller au bout de la démarche, il aurait fallu s’engager tout seul pour produire et vendre de l’électricité. À l’époque, il fallait pouvoir et oser… En effet, les investissements étaient bien plus importants qu’aujourd’hui… Le coût demandé pour notre raccordement était exorbitant : 50 000 euros ! Ce montant a fini par nous dissuader, nous en étions restés là ». Une nouvelle réflexion a été engagée en 2012, lors de l’arrivée de Julien Couraleau sur l’exploitation. « Le prix des panneaux avait commencé de baisser, mais les tarifs de rachat d’électricité en avaient fait de même », se souvient Stéphane Mercuzot, « nous avions étudié l’hypothèse de partir dans le solaire mais finalement, notre taux d’investissement était devenu trop important suite à l’installation de Julien, qui avait remplacé mon père, parti en retraite. Le photovoltaïque, ce n’était pas encore pour tout de suite, mais nous gardions cette idée dans un coin de notre tête ».

C’est décidé

Aujourd’hui, plus que jamais : Stéphane Mercuzot et Julien Couraleau ont décidé de franchir le cap. Les deux associés s’apprêtent à construire un bâtiment de stockage de fourrages et profiteront de l’occasion pour installer des panneaux. Leur future installation solaire aura une puissance de 200 kWc et permettra, à peu de chose près, de financer leur bâtiment de 1 250 m2. « Avec les sécheresses que nous connaissons depuis plusieurs années, nous sommes dans l’obligation de stocker un maximum de fourrages », souligne Stéphane Mercuzot, « nous venons de monter à 180 charolaises et ce n’est pas fini : le cheptel va continuer d’augmenter avec la future installation de Louis, mon fils, qui est actuellement en BTS Acse à la MFR de Pouilly et qui devrait arriver en fin d’année 2024. Un nouveau bâtiment s’imposait : avec autant de vaches, une sécheresse peut être synonyme de faillite si nous n’avons pas une demi-année d’avance en termes de fourrages ». Pour diminuer le coût du raccordement des panneaux — l’un des principaux freins de ces dernières années — les deux éleveurs ont décidé de changer de place leur projet, comme l’indique Julien Couraleau : « nous serons au plus près de la ligne électrique, à 150 mètres des bâtiments actuels. Avec un net à payer de 13 000 euros, la facture est toujours importante mais un peu plus acceptable qu’avant, bien loin des 50 000 euros de 2009… En plus de la prochaine installation de Louis, d’autres aspects nous ont motivés à prendre notre décision sans plus attendre : les taux bancaires allaient augmenter, il fallait se décider. Concernant l’inflation, le prix du bâtiment est certes passé de 109 000 à 137 000 euros en un an mais heureusement, dans le même temps, le prix de rachat de l’électricité a lui aussi augmenté. Nous nous sommes engagés sur un tarif de 11,70 centimes d’euros le kWh : nous vendrons de l’électricité pour environ 22 000 euros par an, contre 18 000 euros si les tarifs n’avaient pas évolué ». Julien Couraleau poursuit dans les chiffres : « le coût global des panneaux s’élève à 180 000 euros TTC, nous avons signé un contrat sur 15 ans et des emprunts sur la même durée. Les panneaux permettront de payer le bâtiment, c’est intéressant. Il ne restera que le coût de l’assurance à ajouter. Il y aura ensuite le PCAE : s’il nous est accordé, l’aide pourrait nous permettre de financer au moins notre terrassement ».