Colza
Face au charançon, le positionnement est déterminant

Aurore Baillet - Terres Inovia
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Les charançons de la tige du colza sont les premiers ravageurs au printemps. Ils peuvent occasionner des éclatements de tige qui pénalisent le rendement, particulièrement les années sèches. Les moyens de lutte sont toujours efficaces. Mais le positionnement de l’intervention est déterminant pour garantir l’efficacité de la protection.

Face au charançon, le positionnement est déterminant
Cette photo montre des éclatements occasionnés par des piqûres de pontes de charançon de la tige du colza, en haut de tige. (Crédit Aurore Baillet)

Les charançons de la tige colonisent les parcelles de colzas au début du printemps. Selon les conditions climatiques de l’année, le vol est précoce (mi-février) ou tardif (courant mars). Nous considérons qu’il y a un risque de dégât pour la culture dès lors que les insectes sont présents et que le colza est en cours de montaison (du stade C2 à E). L’état de la culture, son stade et sa hauteur de tige ou bien encore le nombre de captures dans une cuvette jaune ne sont pas des indicateurs suffisants pour décider d’une intervention ou d’une impasse insecticide à l’échelle de la parcelle. En revanche, la rétrospective des dernières campagnes montre que les années avec des vols précoces et massifs sont les années où nous constatons le plus de dégâts (fréquence et intensité) dans les parcelles à l’échelle d’un territoire. Ces années se caractérisent par ailleurs souvent par un second pic de vol fin mars – début avril.

Intervenir au pic de vol

Les agriculteurs qui souhaitent sécuriser leur production doivent intervenir 8 – 10 jours après les premières captures « significatives » ou idéalement au pic de vol régional (consulter le Bulletin de Santé du Végétal pour connaître la date du pic de vol à l’échelle du territoire). L’objectif est d’intervenir lorsqu’un maximum d’insectes est dans la parcelle et avant qu’ils ne débutent la phase active de ponte. Intervenir dès les premières captures en cuvette conduit le plus souvent à traiter trop tôt. Il vaut donc mieux patienter quelques jours, même s’il est vrai que l’organisation des chantiers (semis, azote…) et les conditions météorologiques peuvent compliquer la mise en œuvre à cette période de l’année. A contrario, il ne faut pas négliger les infestations ou réinfestations tardives. Exit le seuil « tige 20 cm » : des éclatements de tiges peuvent survenir sous les bouquets floraux jusqu’au stade boutons (D2 - E). Généralement, une seule intervention bien positionnée suffit à maîtriser la majeure partie du risque. Toutefois, s’il survient un second pic de vol 2-3 semaines après l’application, une réintervention peut s’envisager.

Des solutions insecticides toujours efficaces

L’efficacité de la lutte chimique dépend avant tout du positionnement de la protection et de sa persistance d’action. À ce jour, Terres Inovia n’a pas constaté de perte d’efficacité au champ. Le monitoring réalisé par l’Institut ne montre pas de phénomène de résistance émergent inquiétant. Les références Decis Protech 0,33 l/ha et Karaté Zeon 0,075 l/ha sont efficaces pour réduire les dégâts du charançon de la tige du colza (réduction du nombre de tiges déformées et/ou éclatées). Trebon 30 EC est comparable aux références. Sherpa 100 EW et Cythrine Max sont un peu en retrait. Mavrik Smart est inférieur aux références (synthèse des essais Terres Inovia). Terres Inovia met à disposition un outil de prédiction du vol de charançon de la tige du colza. L’outil informe sur la probabilité statistique de capture en cuvette. Les résultats sont présentés sous forme de graphique et de carte. Ils intègrent les données météorologiques prévisionnelles à 7 jours. L’outil a vocation à mettre en alerte mais il ne se substitue pas aux observations sur le terrain. Il ne donne pas d’indication sur l’analyse de risque et ne fournit pas de conseil de traitement.