Union européenne
Réserves européennes sur les émission polluantes

Actuagri
-

À l’occasion du Conseil de l’Agriculture qui s’est déroulé, le 7 avril, à Luxembourg, sous la présidence de Julien Denormandie, les ministres ont examiné la proposition de la Commission européenne qui vise à imposer des seuils d’émissions polluantes aux élevages considérés comme « industriels ».

Réserves européennes sur les émission polluantes
Pour plusieurs ministres de l'Agriculture européen, mettre sur un même plan des élevages de bovins et des usines géantes est une aberration. (Crédit Lockie Currie)

La directive actuelle qui couvre 30 000 usines et 20 000 élevages géants, impose des normes drastiques en termes de rejets de polluants, notamment l’ammoniac issu de l’épandage des engrais organiques et minéraux, à l’origine de particules fines néfastes pour la santé. La Commission propose d’étendre cette réglementation aux élevages de bovins, de porcins et de volailles comptant plus de 150 UGB (soit environ 150 vaches adultes, 10 000 poules, 300 truies). 185 000 exploitations seraient concernées dans l’Union européenne. Comme la France, de nombreux États membres ont exprimé de fortes réserves sur un projet qui doit être également soumis au Parlement européen. « Est-ce qu’un élevage d’une centaine de vaches allaitantes dans nos montagnes en Europe est un élevage industriel ? La réponse est non », s’est indigné le ministre de l’Agriculture. « Au même moment, on laisse entrer en Europe des viandes d’élevages utilisant des antibiotiques de croissance dans des fermes sud-américaines de 10 000 vaches. C’est une aberration », a-t-il poursuivi.

Craintes sur la stratégie bas carbone

À l’ordre du jour également du Conseil des ministres, la stratégie bas carbone de l’agriculture qu’entendent conduire les autorités de Bruxelles. Ici, l’objectif est d’encourager les pratiques agricoles qui contribuent à capter le carbone de l’atmosphère et à le fixer dans les sols ou la biomasse de manière durable. Ces pratiques peuvent inclure l’implantation de haies ou d’arbres, la culture de légumineuses, l’utilisation de cultures dérobées et de couverture, le maintien des tourbières et en matière forestière le boisement ou le reboisement. Ce texte qui a fait l’objet de débats au sein du Conseil des ministres européens de l’Environnement était soumis aux ministres de l’Agriculture. Même s’il a été approuvé dans son ensemble, un nombre significatif de ministres « ont exprimé des craintes » et réclament « des éléments clairs », sur l’impact attendu, a indiqué le ministre français, Julien Denormandie. Les ministres ont notamment estimé qu’il importait de fournir un soutien financier suffisamment incitatif aux agriculteurs et aux sylviculteurs en complément de la PAC, que ce dispositif ne devait pas compromettre la sécurité alimentaire et qu’il importait aussi de tenir compte des spécificités des différents pays en la matière. En attendant, les ministres ont donné leur accord à la proposition de la Commission de créer un groupe d’experts pour évaluer les différents dispositifs nationaux et internationaux existants en matière de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de stockage du carbone. Ils ont également invité la Commission à étendre la certification bas carbone aux réductions de GES sur le méthane et le protoxyde d’azote.

Grippe aviaire : accord des ministres sur la vaccination

À l’initiative de Julien Denormandie, les ministres de l’Agriculture ont également abordé la problématique de l’influenza aviaire qui s’est répandue dans toute l’Europe et qui décime les élevages. Jusqu’à présent, la stratégie d’éradication du virus porte essentiellement sur l’abattage. Le ministre français de l’Agriculture a proposé d’autres méthodes de prévention et de lutte complémentaire comme la vaccination. Si celle-ci était adoptée, le nombre d’animaux en bonne santé qui sont abattus serait significativement réduit. Le débat devrait se poursuivre, lors du prochain Conseil des ministres de l’Agriculture mais d’ores et déjà, la plupart des États soutiennent l’initiative française déplorant l’étendue des dommages provoqués par l’influenza aviaire dans les élevages. Idem pour la Commission de Bruxelles qui prépare actuellement le dispositif de vaccination à mettre en place qui pourrait être adopté au cours du second semestre 2022.