FDSEA
Approvisionnement des collèges en viande locale

Chloé Monget avec Lucie Lecointe (FDSEA58).
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Le 1er avril, la section bovine de la FDSEA organisait une journée d'action sur le thème de l’approvisionnement local en restauration collective. 

 

Approvisionnement des collèges en viande locale
Lors des échanges, Didier Maupin, chef cuisinier du collège René Cassin à Cosne, précisait que toutes les adresses de tous les producteurs avec lesquels il travaille sont affichés dans la cantine scolaire.

L’objectif de cette journée était d’interpeller le Conseil départemental pour franchir un réel cap sur le sujet. Le Conseil veut atteindre les 100 % de produits locaux d’ici la fin de la mandature, cependant il n’y a pas encore de plans d’action, ni d’outils de suivi… Plusieurs freins existent : manque de volonté de certains établissements, absence d’outils de gestion de l’équilibre carcasse en viande bovine, le besoin d’anticipation pour les producteurs, la faible disponibilité de certains produits… Le territoire offre pourtant des leviers précieux pour valoriser les produits locaux dans les collèges et autres cantines publiques : production de bovins, abattoirs locaux, reconnaissance de l’IGP Charolais de Bourgogne… « L’idée est d’alerter les collèges sur l’arrivée de la loi climat (avec approvisionnement local de la viande) ou encore de s’assurer que les contrats passés auparavant sont bien respectés » souligne Romaric Gobillot, président de la section bovine de la FDSEA 58, avant d’ajouter : « La section bovine ne lâche rien, il faut franchir un cap dans l’approvisionnement local, pour soutenir les producteurs nivernais et valoriser le territoire ».

Les coûts

Romaric Gobillot, accompagné de Régis Taupin, président de l’IGP « Charolais de Bourgogne », et de Nicolas Saillard, vice-président de la FDSEA, se sont rendus au collège René Cassin à Cosne afin de discuter des possibilités d’approvisionnement en viande locale, conformément à la loi climat qui prendra effet en 2024. Si le chef cuisinier du lieu, Didier Maupin, s’est montré intéressé par la démarche, il s’approvisionne déjà auprès de producteurs de proximité, mais avoue que tous ne sont pas du département. Il précise également : « la loi climat est une excellente chose pour les exploitants locaux, mais, l’État doit prendre conscience que pour la faire appliquer dans les établissements scolaires comme le nôtre, il faut que le budget suive. Aujourd’hui, cela n’est pas le cas. Si nous pouvons tout de même travailler avec des produits de qualités, certains restent tout de même inaccessibles à cause de cette limite ». Au total, le coût de matière première en fourniture par élève est d’en moyenne 1,80 euro par repas pour le Collège René Cassin ; « insuffisant » selon Romaric Gobillot, Nicolas Saillard ainsi que Régis Taupin pour que « la filière viande locale puisse avoir une véritable place dans les assiettes des élèves ». La FDSEA 58 prévoit d’autres visites de ce type dans des établissements scolaires de la Nièvre pour comprendre comment se passent l’approvisionnement, les besoins et les façons de travailler.

Viande locale dans les collèges : encore du chemin

Le Conseil départemental a mis en place une plateforme « Agrilocal » pour mettre en relation les producteurs avec les gestionnaires de collèges. Le système rencontre encore des limites : certains gestionnaires et cuisiniers de collèges ne rentrent pas dans la démarche, faisant un appel d’offres global multiproduits, et passent ainsi par des grossistes… « Le plus simple, pour éviter l’écueil d’un manque de disponibilité de produits, serait de faire les menus en fonction des produits effectivement disponibles sur la plateforme », explique François Karinthi, directeur général des services du Conseil départemental. « Côté producteurs, il faut mettre en place des contrats sécurisants, sur des volumes connus et planifiés. On sait par exemple que la Nièvre manque de fruits et légumes, mais encore faut-il sécuriser ses investissements avant de se lancer ! » précise Romaric Gobillot, président de la section bovine de la FDSEA. « Il nous faut travailler ensemble, producteurs, utilisateurs et services du Conseil départemental, pour lever les freins et mettre en place un système gagnant-gagnant » conclu Romaric Gobillot.