Grandes cultures
Dans une certaine « mouise »

AG
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Le secrétaire général de la FDSEA de Côte-d'Or retrace les difficultés des grandes cultures.

Dans une certaine « mouise »
Le contexte est « très particulier » avec une météo et des cours très défavorables, s'inquiète Antoine Carré.

C’est pas du joli, joli. Les cours céréaliers ont encore baissé, le blé pointe désormais le bout de son nez à un timide 155 euros/tonne. « Ça se complique de plus en plus », peste Antoine Carré, agriculteur à Verrey-sous-Salmaise et secrétaire général adjoint de la FDSEA de Côte-d’Or. Une année très compliquée se profile et ce, sur plusieurs points. Concernant les ventes de céréales, le Côte-d’orien liste trois situations bien différentes chez ses collègues agriculteurs : « ceux qui s’en sortent le moins mal sont ceux qui ont réalisé des ventes anticipées. Les prix n’étaient pas aussi bas il y a quelques semaines. Ce sera un moindre mal pour eux, même si les ventes concernées ne représentent jamais l’intégralité de la récolte… Ensuite, il y a ceux qui assurent leur propre stockage et qui ont encore leur récolte sous les bras : si leur trésorerie leur permet, bien sûr, ils préféreront attendre une remontée des cours pour vendre. Le troisième cas de figure est le plus pénalisant : je pense aux agriculteurs qui ont un dépôt chez leur organisme stockeur et qui arrivent incessamment sous peu à la date butoir… Ils vont être obligés de vendre au plus bas. Ils n’auront pas le choix avec, en plus, différents frais à la clé… ».

Pas grand-chose à faire

Antoine Carré prend comme référence la campagne 2014 pour illustrer les difficultés de l’année en cours, comme il l’avait déjà fait lors de la dernière session de la Chambre d’agriculture : « rappelez-vous, il y a dix ans, tout avait germé, même le colza. Trois semaines de pluie en juillet avaient anéanti la récolte. Rien n’allait, les prix étaient déjà très bas, similaires à ceux d’aujourd’hui… Sauf que je me rappelle avoir acheté de la solution azotée à 165 euros/tonne, alors que le même produit en ce moment est aux alentours de 300 euros/tonne ! Ajoutez à cela l’inflation qu’il y a eu depuis sur tout le reste… Le pouvoir d’achat actuel n’est plus le même que celui de l’époque ! Pour toutes ces raisons, il faut s’attendre, excusez-moi l’expression, à bouffer beaucoup d’argent cette année. Ce sera pire qu’en 2014 ». Les pistes pour « limiter la casse » sont plus que limitées selon le responsable syndical : « chacun peut tenter des choses à son échelle, à ses risques et périls. Personnellement, je suis déjà très bas en intrants. En désherbage, je suis très élevé mais il m’est difficile d’agir sur ce poste : les petites terres ici désherbent très mal avec des zones assez humides qui favorisent le développement du vulpin. Une facture de 100 euros/ha en désherbage est assez courante chez nous, ça nous met forcément dedans… C’est le seul poste que je ne souhaite pas négliger car couper une année engendrerait au moins cinq campagnes de salissement par la suite ». L’exploitant déplore la perte d’un certain nombre de pieds dans ses parcelles : « en plus des marchés, la météo n’est pas favorable non plus. Cette composante du rendement est déjà impactée. Les cultures de printemps, elles, ne vont pas être implantées dans des conditions optimales, loin de là. Que faire, dans ce cas ? Je vais tout faire pour limiter les doses d’azote. Les fongicides et les insecticides, je suis déjà bas, mais je tenterai d’aviser en fonction de la météo ».