Chambre d'agriculture
La Chambre d'agriculture de la Nièvre réfléchit à son avenir grâce à une enquête de terrain

Berty Robert
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Lors de sa dernière session, la Chambre d’agriculture de la Nièvre a révélé les résultats d’une enquête destinée à mieux comprendre comment l’organisme est perçu par les agriculteurs mais aussi comment il doit évoluer face à un monde agricole en profonde mutation.

La Chambre d'agriculture de la Nièvre réfléchit à son avenir grâce à une enquête de terrain
Les participants à la session du 2 mars étaient invités à faire émerger des axes forts en tentant de répondre à plusieurs questions dont celles-ci : de quoi auront besoin les agriculteurs demain  et comment la Chambre pourra y répondre ? Comment relancer et renforcer la présence de la Chambre (élu et personnel) sur le terrain ?

Reprendre les choses à la base : c’est la philosophie qui a guidé la Chambre d’agriculture de la Nièvre dans sa volonté d’améliorer ses services, voire d’en créer de nouveau. Le choix a été fait de s’appuyer sur des attentes très concrètes remontant du terrain. Cela a donné naissance à l’enquête Cap 100, présentée le 2 mars, à l’occasion de la session de Chambre, organisée à l’Agropôle du Marault. Les participants à la session ont eu l’opportunité de travailler en petits groupes sur les idées ressortant de l’enquête et ainsi de participer à cette réflexion. L’enquête, qui aura mobilisé 56 agents volontaires de la Chambre, a porté sur les opinions de 103 agriculteurs du département, qui avaient la particularité de connaître peu les services proposés par la Chambre.

S’adapter aux changements à venir

« Les objectifs étaient multiples, précisait Jocelyn Kerleaux, directeur de la Chambre d’agriculture de la Nièvre : rencontrer des agriculteurs non-clients de la Chambre, dans le but de renforcer son image sur le terrain, la volonté de créer un projet commun en interne à la Chambre, et puis anticiper la baisse de la démographie agricole et s’y adapter ». La matière recueillie à cette occasion pourra aider à faire émerger d’éventuels nouveaux services, adaptés aux attentes d’un monde agricole qui change dans sa structure comme dans sa démographie. Il ressort de cette enquête que la Chambre d’agriculture est d’abord connue pour ses apports de conseils techniques ou d’innovations, et pour les conseils concernant la réglementation. L’accompagnement qu’elle peut apporter en matière d’information sur les cessions ou transmissions d’exploitations apparaît comme beaucoup moins évident pour les enquêtés. 86 % des personnes interrogées ont néanmoins affirmé avoir déjà fait appel aux services de la Chambre pour de l’accompagnement, principalement sur l’installation, les conseils techniques ou encore les Établissements de l’élevage (EDE). Pour la Chambre, l’intérêt d’aller à la rencontre de ces exploitants, dont certains sont « sous ses radars », c’était aussi de prendre connaissance de leurs projets pour les années à venir : création de bâtiments avec photovoltaïque, cession, agrandissement. 75 % des interrogés souhaitent un accompagnement pour ces projets.

Battre le fer tant qu’il est chaud

Il était également intéressant de constater qu’une bonne partie des personnes enquêtées avaient une méconnaissance importante concernant des évolutions réglementaires récentes : le Conseil stratégique phyto (CSP) et le bien-être animal. Des évolutions sur lesquelles les services de la Chambre agissent, par le biais de formations. Quant aux principaux sujets de préoccupations, sur lesquels la Chambre devra créer ou renforcer ses services, ils portent sur le risque de manque d’eau, les productions énergétiques, les évolutions climatiques et les adaptations que cela devra entraîner, ou encore l’image que la société a de l’agriculture. Une image perçue comme largement négative. De cette enquête, plusieurs préconisations émergent :

- Repenser la stratégie de communication de la Chambre, dans le but d’atteindre plus de personnes

- Développer l’accompagnement sur les énergies renouvelables

- Développer une stratégie commerciale spécifique orientée sur le public qui a des projets en matière énergétique

- Mieux communiquer sur le monde agricole auprès du grand public

- Accentuer la présence sur le terrain

Au-delà de ces aspects, les participants à la session du Marault estiment également que la Chambre doit réaffirmer le rôle de maintien d’un tissu social dynamique qu’elle assume de fait auprès d’agriculteurs parfois très isolés. Ses services doivent maintenir une veille sur les innovations terrain, au-delà même des limites du département de la Nièvre, elle doit pouvoir apporter de la proximité, si besoin par le biais d’une présence ponctuelle sur des marchés ou des fêtes agricoles. La grande richesse de cette enquête doit en tout cas déboucher sur des propositions rapides et concrètes. Des actions seront proposées au prochain bureau de Chambre, pour une mise en œuvre en 2023.

Questions diverses...

D’autres thèmes ont été abordés lors de cette session de Chambre :

- Les Mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) du parc du Morvan sont plus restrictives que les MAEC Nièvre. Des agriculteurs se sentent lésés et préfèrent prendre la mesure autonomie fourragère de la Chambre, pour laquelle l’enveloppe est relativement restreinte et ne suffira pas pour tout le monde. Des arbitrages se profilent donc. Dans ce contexte, le président de la Chambre, Didier Ramet, a proposé qu’une réunion avec le président du Parc soit envisagée.

- le Groupement d’utilisation de financements agricoles (Gufa) présidé par Florian Guyard, aidé de Benoît Mathey a été évoqué. Ce dispositif est prévu pour abonder des projets collectifs qui aident le monde agricole. Il est un réel outil de soutien à l’agriculture nivernaise mais qui a besoin d’être mieux connu. Il a permis d’apporter 20 000 euros pour l’abattoir de Corbigny et 18 000 pour celui de Cosne-sur-Loire.

- Sur l’abattoir de Cosne, Cyril Fourest a apporté des précisions : la SA Cosne Abattoir compte 350 actionnaires et 90 éleveurs utilisent l’abattoir. 2022 aura été une très bonne année, en partie parce que d’autres abattoirs voisins ont baissé le rideau et que leur clientèle se reporte sur Cosne. Pour Cyril Fourest, il est essentiel de développer la production de viande hachée. La SA va investir dans un projet de 9 millions d’euros mais elle est aussi en demande sur ce point, d’un partenariat public-privé. Il est très important que des collectivités puissent devenir actionnaires de la structure : elles sont porteuses de volumes potentiels importants.

- Le préfet de la Nièvre, Daniel Barnier, s’est inquiété du fait que le Projet alimentaire territorial (PAT) nivernais n’avance pas, le comparant à ce qui se fait à Autun, en Saône-et-Loire. Il a demandé que les choses avancent plus vite.