Filières
La FOP et Terres Innovia obtiennent la possibilité d'apport d'azote plus tardif sur le colza

Berty Robert, avec communiqué FOP
-

La Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux, la FNSEA et Terres Inovia ont obtenu, après plus de deux ans de concertation, la possibilité d’apports d’azote sur colza plus tardifs, dans le cadre du nouveau programme national d’actions nitrates.

La FOP et Terres Innovia obtiennent la possibilité d'apport d'azote plus tardif sur le colza
Apporter de l'azote sur colza après le 1er septembre était une demande pour laquelle la filière s'est longuement battue.

Il y a des dérogations qui tombent, telles que celle concernant l’usage des néonicotinoïdes sur les semences de cultures de betteraves à sucre, mais il y en a d’autres qui sont obtenues de haute lutte, comme en témoigne l’issue du travail mené par la Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (Fop), la FNSEA et Terres Inovia. Après plus de deux ans de concertation, le septième programme national d’actions nitrates (Pan) et le cadre pour ses déclinaisons régionales ont été publiés au Journal officiel le 9 février et ils comportent un acquis de taille : la possibilité, sous certaines conditions, d’apporter de l’azote sur colza après le 1er septembre. La filière le réclamait depuis de nombreuses années. Certes, l’arrêté Pan confirme que « l’interdiction d’épandage sur colza est maintenue entre le 1er septembre et le 31 janvier », mais l’alinéa 13 (voir encadré) du tableau d’épandage précise qu’il sera toutefois possible d’épandre 30 unités d’azote minéral à l’automne sous plusieurs conditions, dont celle de semer avant le 25 août. Cette dérogation doit perdurer jusqu’au 1er septembre 2027 sauf « si l’actualisation des connaissances scientifiques et techniques a démontré l’absence de risque de lixiviation (lessivage) ».

Obtenir des colzas plus robustes

Pour la Fop et Terres Inovia, l’obtention de cette dérogation est une réelle avancée pour laquelle il aura fallu lever de nombreux obstacles, tant les réticences des pouvoirs publics étaient fortes. Il faut rappeler que cette mesure a pour objectif d’obtenir des colzas plus robustes et mieux résistants aux ravageurs, ce qui peut permettre une réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires par ailleurs imposée aux producteurs. Pour la Fop, il convient maintenant de transformer l’essai en rendant cette dérogation effective dans les programmes régionaux d’actions nitrates. Là aussi il peut y avoir des divergences, mais les régions ne pourront plus s’abriter derrière l’absence de dispositif juridique pour ne pas la mettre en œuvre. Il revient aux agriculteurs concernés de convaincre les régions et que ces dernières prennent leurs responsabilités. Les équipes de la Fop et de Terres Inovia sont à la disposition pour accompagner ces démarches si nécessaires. Les programmes régionaux devront notamment définir ce que sont les « sols à faible disponibilité d’azote » spécifiés dans l’alinéa 13 du tableau d’épandage, où cette mesure sera autorisée. Les plans régionaux doivent entrer en vigueur au plus tard au 1er janvier 2024 mais un des enjeux sera que, dans chaque région le plan soit déposé au 1er septembre 2023 afin que la mesure azote sur colza soit effective dès cette année. Par ailleurs, un dispositif de flexibilité agro-météo permettant d’épandre deux semaines avant la fin d’interdiction en sortie d’hiver est introduit.

La question des couverts en interculture

La forte mobilisation professionnelle aura aussi permis de contrer un projet aberrant : celui qui consistait à imposer systématiquement un couvert en interculture courte avant semis de céréales d’automne. Il a heureusement été abandonné. Néanmoins, le taux d’argile minimal permettant de déroger à l’obligation de couverture est fixé à 37 % au niveau national, avec possibilité, pour les régions, de maintenir un taux plus faible, mais qui ne devra pas être inférieur à 31 %. En effet, certaines régions où se pratique le labour d’hiver avaient déjà fait le choix, sur le programme d’actions précédent, de taux plus faibles que celui recommandé par l’Inrae. C’était le cas de l’Occitanie, avec un taux de 25 %, ou des Hauts-de-France (28 %). Pour terminer, il faut aussi noter qu’en cas d’infestation par altise du colza (Psylliodes chrysocephalus) il sera possible de détruire les repousses de colza toutes les trois semaines.

Les spécifications apportées par l'alinéa 13

L’alinéa 13 du tableau d’épandage spécifie qu' « un apport d’un maximum de 30 unités d’azote supplémentaires sous forme minérale, en végétation à partir du stade « 4 feuilles » est possible entre le 1er septembre et le 15 octobre, dans les situations où la disponibilité en azote du sol pendant l’automne est limitée, c’est-à-dire dans les cas où :

- il n’est pas réalisé d’apport de fertilisant azoté de types 0, 1a, 1b et 2 avant le 1er septembre correspondant à plus de 30 unités d’azote efficaces

- et où le semis du colza est réalisé avant le 25 août

- et où au moins une des conditions suivantes est respectée :

- implantation du colza après un précédent céréale à paille avec résidus de culture enfouis et fréquence historique d’apport de fertilisants de types 0, 1a, 1b et 2 inférieure à une année sur trois

- ou sols à faible disponibilité en azote (précisés par le programme d’actions régional).

À compter du 1er septembre 2027, cette disposition ne pourra s’appliquer que si l’actualisation des connaissances scientifiques et techniques a démontré l’absence de risques de lixiviation supplémentaires et que les effets de cette disposition du point de vue des apports totaux d’azote et des traitements insecticides sur la culture de colza ont été documentés ».