Alain Pabiot - Domaine des Fines Caillottes
15% de dégâts
Dix jours après la fin des vendanges, Alain Pabiot peut souffler. Après une année catastrophique en 2016 qui avait vu 60% de sa récolte détruite par le gel, cette nouvelle cuvée n’a subi «que» 15% de dégâts. Et dans un constat partagé avec ses homologues, il s’attend à «une très belle qualité de vin, structuré, équilibré».

N’ayant pas de parcelle assez grande, l’arme la plus efficace pour ce viticulteur, c’est la tour antigel. Des installations qui sont pensées en collectif avec ses voisins. Trois tours étaient déjà à l’œuvre et cinq autres sont en cours d’installation. Ces «machines à vent», comme il aime à les nommer, ont à la fois l’avantage d’élever la température pour éviter le gel, mais aussi d’assécher. Car les températures froides ne sont pas les seules ennemies et l’hygrométrie doit elle aussi être surveillée. En effet, le soleil peut brûler des bourgeons trop humides, or «si c’est sec, on ne gèle pas». Plus simple d’utilisation, la tour antigel est donc pour lui le bon moyen de se prémunir même s’il faut réfléchir en pensant mutualisation des outils puisque les parcelles sont souvent très imbriquées. Et qu’une fois encore, ces systèmes sont onéreux. Cette deuxième année – avec ces épisodes de gel – sont pour lui aussi «du jamais vu». Et lorsqu’on évoque les diverses méthodes employées par les professionnels (hélicoptères, bottes de foins brûlées...) Alain Pabiot parle de «l’énergie du désespoir» qui a tenu les viticulteurs afin de ne pas tout perdre. En ce qui concerne les assurances, comme d’autres de ces collègues, elle n’est pas la solution adaptée. Car en toute logique, «il faut préférer une véritable protection contre le gel et avoir du vin». Commercialement parlant, et si le stock est aussi l’un des axes pour éviter la catastrophe, il pense qu’il va tout de même falloir deux ou trois ans pour se remettre. «On freine les clients, on espère ne pas les perdre mais l’argent perdu ne se retrouve pas».