Colza
Pourvu que ça dure

AG
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Le colza débute généralement bien dans le département, malgré des débuts incertains. Plusieurs Côte-d'oriens livrent leur ressenti.

Pourvu que ça dure
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Alors, ce colza ? Cette question a été posée à plusieurs exploitants. Les quatre premiers contacts ne peuvent malheureusement pas nous renseigner : aucun d’entre eux n’en cultive cette année ! Parmi eux, Baptiste Colson, à Moloy près d’Is-sur-Tille, qui n’a pas osé retenter l’aventure : « Je ne l’ai pas fait à cause de l’incertitude azote. Il y avait aussi le climat très sec de début août… La dérogation cyantranilipole a tardé à arriver, suite à l’interdiction du Phosmet, cela n’a rien arrangé dans ma réflexion… Je suis finalement resté sur du pois de printemps et du tournesol ». Clément Gamin, à Poncey-sur-l’Ignon près de Saint-Seine-l’Abbaye, a quant à lui dit oui, et même un grand oui au colza : « Je suis passé de 16 à 36 ha. Les bons résultats des dernières moissons avec 39 q/ha, contre seulement 15 à 20 q/ha les précédentes années, m’ont encouragé à le faire, mais rien ne dit que je ferai aussi bien… Il faut espérer qu’il y ait peu d’insectes et pas de grosses gelées à la fleur comme cette année ». Le colza reste la meilleure tête d’assolement sur les plateaux, rappelle l’exploitant : « il reste loin devant le tournesol, qui l’avait remplacé ces trois dernières années. Il nous faut juste des insecticides efficaces pour lutter contre les grosses altises. La dérogation Minecto Gold vient d’arriver, heureusement. Nous jugerons de son efficacité ». Le colza de Clément Gamin est bien implanté et même « superbe » pour le moment, « mais vu le niveau des cours de l’engrais, le prix des insecticides, la baisse du prix de colza et les nombreux désherbages qui s’annoncent avec les levées tardives de l’orge, la rentabilité ne sera peut-être atteinte qu’à partir de 30 q/ha à la moisson… ».

Autres témoignages

Lilian Jannier, jeune agriculteur à Millery près de Semur-en-Auxois, a triplé sa sole de colza en passant de 5 à 15 ha : « Nous étions bien décidés à en semer, sachant que la diminution des surfaces de ces trois ou quatre dernières années a permis de réduire considérablement la pression en insectes. Le temps sec nous a tout de même rendus perplexes ! La levée a été hésitante mais heureusement, l’inquiétude a été de courte durée : le colza est très bien parti une fois le premier désherbage effectué. Aujourd’hui, la culture n’est pas énormément développée mais elle est forte. C’est déjà un bon point en vue des éventuelles gelées d’hiver, les risques seront moindres. Pour ne pas tout miser sur le colza, nous avons également semé 5 ha de moutarde ». Toujours dans le même secteur, à Sauvigny près d’Époisses, Julien Baulot dresse lui aussi un bilan intermédiaire très positif de sa culture : « Mon père et moi avons augmenté les surfaces de 50 %, en passant de 8 à 12 ha en colza. Les semis ont été réalisés le 23 août, pour la première fois avec un semoir monograine. S’il n’y avait pas plu, nous n’aurions pas pris le risque de semer. La levée a été très bonne et la culture est très belle à ce jour ». Plus au nord du département, à Planay, Hubert Coucheney est lui aussi en augmentation (22 ha aujourd’hui contre 17 l’an passé), avec des semis dès le 13 août : « J’ai tout de même hésité avant de me lancer, avec ces conditions climatiques que nous avions… La satisfaction est aujourd’hui au rendez-vous avec un beau développement de la culture. Cela dit, je m’interroge beaucoup sur l’avenir du colza et la suppression des matières actives autorisées, malgré la dérogation que nous avons récemment obtenue ».

 

Je t'aime moi non plus

Cyril Fleury, à Labergement-lès-Seurre, a lui aussi augmenté de 50 % sa sole de colza. Malgré ce choix parfaitement assumé, l’agriculteur observe des difficultés croissantes pour mener à bien cette culture : « Auparavant, les colzas nous occupaient cinq jours. Nous grattions, nous semions et nous faisions du colza. Désormais, cette culture nous tient en haleine sur deux mois : nous préparons les terres juste après la moisson et nous hésitons tous les jours à en semer, cela pouvant durer un mois. Une fois les semis réalisés, nous passons une heure par jour, tous les jours, à surveiller une levée souvent très difficile avec des altises à ne plus savoir quoi en faire… Cette année n’échappe pas à la règle avec une levée et un développement très poussifs ».