Ciné-rencontre
Se projeter en saisonnier

Chloé Monget
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Le 5 septembre, la Fabrique Emploi et territoire organisait, avec ses partenaires, une ciné-rencontre pour faire découvrir le métier de saisonnier pour les exploitations de sapins de Noël.

Se projeter en saisonnier
Sandrine Lerat et Isabelle Liron ont introduit les films avant leur projection.

« C’est la 10e ciné-rencontre que nous proposons avec nos partenaires, afin de faire connaître les métiers qui recrutent notamment des emplois saisonniers. Pour la production de sapins de Noël, il s’agit de la seconde. Par ces reportages vidéo – réalisés avec les jeunes de missions locales épaulés par WEB TV Doc et Sceni Qua Non – nous espérons revaloriser ces professions tout en créant un lien entre professionnels et demandeurs d’emplois » détaille Sandrine Lerat, cheffe de projets au sein de la Fabrique Emploi et Territoires, à l’occasion de la ciné-rencontre du 5 septembre à Corbigny. Isabelle Liron, vice-président de la Région en charge de la formation professionnelle des demandeurs d’emploi, des mutations économiques et du dialogue social territorial, réagit : « cet événement a toute son importance pour promouvoir les métiers implantés localement et les débouchés qu’ils peuvent offrir ». Ainsi, une petite dizaine de jeunes en recherche d’emploi sont venus rencontrer les cinq producteurs de sapins de Noël.

Tout faire pour aider

Outre les jeunes de la mission locale, ou leurs représentants, d’autres organismes étaient présents, dont l’École de la deuxième chance (E2C 58), l’ANEFA, Réussir, l’AFSNN ou encore le Centre EPIDE de Velet. Muriel Judic, Chargée de relations entreprises, souligne : « Nous sommes là pour cibler la personne qui correspondra le mieux à l’exploitation et vice-versa. Afin de s’assurer que tout se déroule bien, nous faisons un suivi toutes les semaines sur place. L’an passé, et suite à une ciné-rencontre, nous avions placé trois personnes en insertion dans des exploitations du Morvan, et si deux n’ont pas fait l’affaire, une a véritablement trouvé sa place ». De leurs côtés, les exploitants insistent : « nous formons nos saisonniers et les mettons sur les postes les plus adaptés à leurs capacités. Il n’est pas question de mettre quelqu’un en difficulté. Nous voulons simplement que cela se passe bien pour tout le monde ». Après la projection de deux mini-films, la plupart des exploitants présents soulignent mettre à disposition des hébergements, ou à défaut présenter des gîtes à proximité. Dans ce dernier cadre, Action logement propose une aide financière pour 4 mois. Vincent Houis, animateur chez l’association Française du Sapin de Noël Naturel (AFSNN), précise : « avec le Parc, la FDSEA et l’ANEFA, nous avons mis au point un guide du saisonnier, listant ses droits et ses devoirs, complété par une liste des gîtes et maisons d’hôtes accueillant des saisonniers dans le Morvan ». Pour attirer un peu plus les postulants, certains exploitants vont même jusqu’à mettre à disposition un véhicule voir offrir le repas du midi. Malgré tout, ils pointent un problème majeur : le sérieux des saisonniers.

Sérieux à trouver

« Depuis quelques années, les saisonniers se font rares et ceux que nous trouvons nous font faux bond au dernier moment » pointe Jean-Christophe Bonoron (Bonoron Sapins). Philippe Charenton (EARL du Parc) rebondit : « Je devais commencer ma saison lundi, avec trois saisonniers, mais aucun n’est venu – et un seul s’est excusé ». Ils ajoutent que : « les logements mis à disposition sont souvent dégradés ». Ils reconnaissent malgré tout que tous les saisonniers ne sont pas du même acabit : « nous en avons de très bien qui reviennent tous les ans ; c’est agréable ». Outre la période de fin d’année, ils évoquent un autre besoin à partir de mai pour la taille : « nous avons des pics d’activités qui nous obligent à embaucher ponctuellement ». Sylvette Robelin (Sapin Robelin) stipule : « pour tous ces besoins, nous avions pensé à mettre en place un groupement d’employeurs pour notre secteur d’activité. Mais face à ces déboires, cette envie est en dormance ».

Résonance

Si les échanges ont pu faire émerger une véritable problématique de l’emploi dans le secteur du sapin de Noël, ils ont aussi mis en avant qu’elle n’est pas unique : « Les viticulteurs ont le même souci. Mais, à leur différence, nous ne pouvons faire appel à de la main-d’œuvre étrangère, car le secteur du sapin de Noël en Pologne ou en Espagne présente la même impasse que nous : les jeunes ne sont plus enclins à faire ces métiers difficiles ». Pour les demandeurs d’emploi présents le 5 septembre, ils expliquent être motivés par le travail saisonnier permettant d’acquérir une expérience professionnelle tout au long de l’année, dans diverses entreprises et postes différents. « Si on peut dire que nous avons fait une saison en sapin de Noël, je pense que cela montrera nos capacités de résilience et notre envie de travailler ». Mineurs pour la plupart, des contacts ont été pris lors de l’événement.

Photo supplémentaire
Une petite dizaine de jeunes, dont des mineurs, ont fait le déplacement le 5 septembre afin de rencontrer les professionnels.