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Élevage caprin

Du lait toute l'année

Anthony Chanvin conduit son troupeau caprin en lactations longues. Un cas rare et peut-être même unique dans le département.


 

Par AG
Du lait toute l'année
Le Côte-d'orien de 40 ans élève 80 chèvres à Rouvray.

Traire ses chèvres toute l’année, sans interruption en hiver, reviendrait de plus en plus à la mode en France. En Côte-d’Or, Anthony Chanvin a choisi cette conduite dès son installation et n’y voit que des avantages : « Je transforme l’intégralité du lait et vends mes produits sur les marchés : la lactation longue me permet de poursuivre mon activité en hiver et en plus, je n’ai pas de concurrence durant cette période. C’est un plus pour la trésorerie ».

L’éleveur bio, ancien maréchal-ferrant, liste ses autres motivations : « mes chèvres sont aussi en meilleur état avec la lactation longue. Elles produisent un volume de lait un peu moindre sur l’année mais similaire chaque mois, entre 1,5 et 2 litres par jour. Il n’y a pas de pic à 5 litres comme cela pourrait être le cas vers le mois de mai, avec tout le stress que cela génère pour les bêtes. Dans mon cas, je réalise une seule traite quotidienne, le matin. Cela est pratique au niveau organisationnel : j’ai le temps d’aller travailler en fromagerie le reste de la matinée, travailler dans les champs ou commercialiser mes produits l’après-midi sans l’astreinte de la traite du soir. Les volumes de lait étant réguliers tout au long de l’année, c’est un autre avantage dans mon organisation ».

Avec les lactations longues, il y a aussi moins de mises bas dans le troupeau. Seule une douzaine de ses chèvres Massif centrale, croisées poitevines et alpines ont une orientation allaitante et donnent naissance à des petits chaque année : « Je n’ai pas de pics d’agnelages comme d’autres éleveurs. Je n’ai pas la difficile gestion et vente des cabris à assurer. J’ai aussi fait le choix de ne pas utiliser de biberons, chaque chevreau est élevé sous leur mère, ils grandissent à leur rythme. J’évite ainsi les frais du lait en poudre, très importants en bio. De toute façon, le marché du cabri est extrêmement bas… Il y a aussi beaucoup d’avantages sanitaires à la clé : les petits n’ont plus de diarrhées, plus de problèmes de parasitisme, ni de coccidiose. Je n’ai plus aucune perte sur les chevreaux ».

Des brebis et des chiens

Des brebis et des chiens

Anthony Chanvin élève également 85 brebis dont 75 solognotes, une race rustique qui se plait dehors toute l'année, sur les terres granitiques du Morvan. L'éleveur valorise particulièrement bien la laine, vendue à l'association Morvan Laine, à l'heure où le marché chinois est au point mort. Les ovins mâles sont majoritairement vendus à la coopérative Terre d'ovin, les femelles ont quant à elle une orientation élevage. Anthony Chanvin est aussi un grand passionné de chiens, avec qui il travaille au quotidien. L'éleveur de Rouvray, qui possède notamment deux bergers de Savoie, un berger hollandais et trois bergers corses, ne pourrait plus se passer de ces animaux : « ils font absolument tout, je m'en sers également pour mes chèvres, les chiens les dirigent jusqu'au quai de traite ... Un éleveur qui n'a jamais eu de chien dira souvent qu'il voit une charge en eux, mais un autre éleveur qui travaille avec ces animaux vous dira à coup sûr qui ne peut plus sans passer ! ». Anthony Chanvin participe régulièrement à des formations de chiens de troupeau avec l'objectif de se perfectionner dans différentes races. Les chiens, c'est sa passion numéro 1.

 

De bons fromages

De bons fromages

Anthony Chanvin trait une moyenne de 50 chèvres à 400 litres de lait sur l'année. Ces 20 000 litres sont intégralement transformés dans son laboratoire, principalement en fromages lactiques. Le producteur propose également des faisselles, des yaourts et de la tomme. Pour cette dernière, une nouveauté a vu le jour en octobre avec la commercialisation de la Cabrache, résultat de trois années de recherches et de réflexions pour offrir une nouvelle source de revenus aux agriculteurs morvandiaux. « Une marque a été déposée avec l'implication du Parc du Morvan », informe Anthony Chanvin, « nous sommes un collectif de 13 éleveurs caprins, ovins et bovins, un cahier des charges est à respecter, il prend en compte l'élevage, l'alimentation ainsi que le bien être des animaux. Nous avons là un produit 100% Morvan ». La Cabrache de chèvres, Anthony Chanvin la propose comme ses autres fromages sur les marchés d'Avallon le samedi matin et de Quarré-les-Tombes le dimanche également en matinée. Ses produits se retrouvent également sur les étals de deux magasins à Saulieu et Semur-en-Auxois (Le Coin Bio).