Exploitation maraîchère
Rebondir après un épisode de grêle

Chloé Monget
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Le 24 octobre, Bio Bourgogne organisait un tour de jardin à la Ferme du Bouéjo (Beaumont à Alligny-en-Morvan) axé sur les dégâts de grêle du 21 juin dernier.

Rebondir après un épisode de grêle
Les choux n'ont pas non plus été épargnés par l'épisode de grêle. Crédit photo : Céline Houde

La grêle a frappé la Nièvre en juin dernier (voir TDB n° 1687) et plus particulièrement certaines communes comme Saint-Aubin-des-Forges ou encore Alligny-en-Morvan. C’est sur cette dernière, à la ferme du Bouéjo exactement, que Bio Bourgogne a organisé un tour de jardin afin de revenir sur les leviers mis en place par Céline Houde et Éric Fédoroff pour sauver leur saison de production.

Un coup de massue

« Cela a duré 15 minutes et nous nous sommes retrouvés avec 10 à 20 cm de grêlons dans notre parcelle de production. Les bâches des serres et les filets anti-insectes ont été dévastés, certaines buses d’irrigation abîmées et la quasi-totalité du plein champ hachée. Nous avons d’ailleurs perdu l’intégralité des Bouéjos, des haricots verts, des courges, des choux, des oignons de conservation, du maïs doux, des piments… » détaille Céline Houde. « Après la désolation, il fallait faire place à l’action et trouver des solutions pour ne pas tout perdre. On a donc, avec Éric et Fanny, les salariés, commencé à faire un tri et des tailles drastiques pour voir ce qui pouvait ou non être sauvé ». Au total 75 % des cultures de plein champ ont été réduites à néant.

Tout sortir…

« Sous serre, moins de casse grâce aux bâches. Mais les tomates, aubergines, poivrons ou les concombres présentaient de nombreuses blessures sur lesquelles nous avons appliqué de l’argile pour éviter les entrées de pathogènes. Et comme les serres étaient devenues de vraies passoires, nous avons fait le choix de traiter de manière systématique contre le mildiou et l’oïdium avec du petit-lait, des infusions de sauge et de la bouillie bordelaise. Concernant le plein champ, nous avons enlevé la plupart des légumes consommables mais abîmés et donc impossibles à conserver, afin de les vendre sur le marché ». Une fois les légumes évacués, Céline et Éric prennent une décision : « nous devions sauver la production d’hiver, nous avons donc fait des choix et tenté de nouvelles choses ».

… Et ça repart !

Sans grande conviction, les poireaux ont été laissés en place. « Bien que complètement hachés, ils sont repartis, tout comme le persil qui est magnifique aujourd’hui » se réjouit Céline. Il en est de même pour les blettes qui après une bonne taille suite la grêle sont énormes actuellement. Pour les bisannuelles (céleris, panais, betteraves, carottes, endives, fenouil…) c’est le stade qui a été déterminant. « Les très jeunes pousses se sont reprises correctement et ont reconstitué leurs fanes alors que les stades plus avancés ont conduit à une montée à fleur immédiate rendant les légumes nettement moins bons voire inconsommables » précise la jeune agricultrice. « Pour les jardins où il n’y avait plus rien, nous devions ressemer et replanter. Nous avons donc recommandé des plants auprès de notre fournisseur et fait appel à divers maraîchers locaux. C’est ainsi que certains ont fait les fonds de tiroir pour nous offrir leurs surplus de plants. Il y a eu un véritable élan de solidarité ! Cela nous a permis de sortir la tête de l’eau ».


Le bilan

« L’effet “positif” de la grêle sur nos cultures est l’enrichissement évident en matière organique du fait de l’énorme quantité de verdure broyée. Nos rendements actuels sont en effet particulièrement importants, ce qui était inattendu ! ». Pour Céline Houde, cette catastrophe s’est déroulée au “moins mauvais moment” . « Quinze jours plus tard, nous pouvions faire une croix sur la plupart des cultures ».

Du point de vue économique, l'exploitation a pu obtenir un soutien financier auprès de plusieurs organismes : assurance du matériel, mesures d’aide à l’investissement de la Région et aide du fonds d’urgence de l’État dont le dossier est en cours d’instruction.

Pour Céline Houde, « si cet épisode reste traumatisant, aujourd’hui nous sommes assez sereins. Nous avons pu remonter la pente grâce à l’immense solidarité et à notre travail ».

La ferme du Bouéjo
Céline a replanté environ 600 plants de courges et près de 1500 oignons.

La ferme du Bouéjo

Céline Houde s’est installé en juillet 2018 à Beaumont (Alligny-en-Morvan). SAU 1 ha, avec 6 000 m2 de légumes de plein champ (divisés en 11 jardins), et 1 100 m2 de surface cultivée sous-abris (4 tunnels).