Cérévia, l'union de commercialisation qui regroupe les coopératives Dijon Céréales, Bourgogne du Sud, Terre Comtoise et Oxyane, doit composer avec des récoltes parfois décevantes. Alain Caekaert, son nouveau directeur général, décrit l'agilité dont fait preuve l'entreprise pour optimiser cette configuration de marché particulière.
En mai, Cérévia, l'union de commercialisation fédérant les coopératives Dijon Céréales, Bourgogne du Sud, Terre Comtoise et Oxyane, avait organisé une journée dédiée à ses partenaires. Une initiative appréciée et qui permettait de rencontrer Alain Caekaert, nouveau directeur général de l'entreprise, dont la prise de fonctions était récente. Ce lien fort avec ses partenaires, Cérévia va avoir l'occasion de le faire vivre dans le contexte particulier de récoltes qui est le nôtre à l'issue de cette campagne 2024, décevante en termes de résultats, notamment sur les blés et les orges. C'est dans les conditions difficiles que se juge la capacité d'adaptation d'une entreprise et pour Alain Caekaert, la configuration de marché qui se dessine offre l'occasion de prouver l'agilité technique, logistique et qualitative d'une structure telle que Cérévia.
Problème sur le PS
« Nous avons une récolte de blé compliquée en quantité et en qualité, reconnaît le directeur général. Sur le plan national, nous serons entre 25 et 26 millions de t. C'est l'une des plus mauvaises depuis les années quatre-vingt. Cela signifie qu'il n'y aura quasiment pas de disponible exportable. En qualité, le principal problème aujourd'hui sur les blés, ce sont les Poids spécifiques (PS) faibles même si, dans les régions de notre périmètre, nous sommes un peu mieux qu'au national sur ce critère. Dans ce contexte, la mission des équipes de Cérévia, c'est de valoriser les qualités dont nous disposons, sur des marchés locaux et nous assurer que nous ne subirons pas une décote qualitative ». Pour Alain Caekaert, un point, toutefois, n'est pas à négliger : « même si, dans d'autres pays, les récoltes sont meilleures, elles sont quand même inférieures à celles de l'an passé (83 millions de t contre 94 en 2024 en Russie). La Russie exporte beaucoup mais elle ne va pas pouvoir tenir ce rythme très longtemps. On a de bonnes raisons de penser que la deuxième partie de la campagne devrait marquer un redressement des cours du blé ».
Relocalisation des ventes
En attendant, de quelle manière les équipes de Cérévia s'adaptent-elle à la donne actuelle ? « Nous allons voir tous nos clients industriels, sur notre périmètre national, pour faire la promotion des qualités dont nous disposons. Nous prospectons également de nouveaux clients. Nos blés sont de bonne qualité boulangère. Nous avons déjà vendu des blés meuniers sur des destinations que nous ne faisions presque jamais auparavant. On en livre dans l'Aube, dans la région bordelaise, dans la vallée du Rhône, par exemple… » Cérévia, précise par ailleurs Alain Caekaert, est aussi confrontée à une forte demande des amidonniers, qui absorbent pas mal de quantités : « Si vous conjuguez cela avec le fait que la Russie et l'Ukraine risquent d'être moins compétitives sur la deuxième partie de campagne, et le repositionnement de certains industriels, je suis assez optimiste ». Moins d'export, plus de local c'est donc le choix conjoncturel qui se dessine et qui permet de mettre en avant l'intérêt pour Cérévia, de pouvoir jouer sur ces deux segments de marché, en fonction des récoltes. « L'agilité, poursuit Alain Caekaert, c'est aussi avoir la capacité de maintenir à l'avenir ce qu'on développe aujourd'hui avec de nouveaux clients pour faire face à une configuration de marché atypique. C'est important de faire preuve de cette agilité parce qu'on va sans doute être de plus en plus confrontés à des aléas de production à l'avenir ».
Bonnes perspectives sur les cultures d'automne
Et qu'en est-il des autres cultures ? « Sur le colza, la récolte a été bonne, en quantité comme en qualité et les prix sont également à un bon niveau. C'est une culture qui va permettre aux agriculteurs de se récupérer un peu, d'autant plus qu'on est dans un contexte où, globalement, la récolte européenne est plutôt déficitaire. Sur les cultures d'automne, les perspectives sur le maïs, le soja et le tournesol sont bonnes ». Reste la question des orges, sans doute la plus compliquée à gérer cette année : « Sur les orges fourragères on a le même problème que sur les blés, avec des PS en deçà des attentes. Le problème c'est que le marché local des orges fourragères est compliqué. Il va donc falloir parier sur l'export, ce qui sera plus difficile. Cérévia, dans ce cadre, va chercher à sélectionner un maximum d'orges en brassicole dans notre « tas » global. C'est une mission à plus long terme que nous nous fixons, pour les prochaines années » conclut le directeur général de Cérévia.