Production ovine
Éleveur en 2023, c'est ça ?

AG
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Anne Beurton a perdu une agnelle dans la nuit du 1er au 2 septembre, sur la commune de Censerey.

Éleveur en 2023, c'est ça ?
Installée sur la ferme familiale en décembre dernier, Anne Beurton vient d'enregistrer sa troisième perte, après deux brebis tuées au printemps.

Comme s’il n’y avait pas assez de contraintes comme cela dans le métier… Non, il faut en ajouter ! Anne Beurton a encore fait les frais du loup, cette fois-ci à moins de 200 mètres de sa ferme. « Comme tous les matins, j’allais voir mes moutons la boule au ventre, avec cette peur de retrouver des animaux tués par ce prédateur. Ce samedi 2 septembre, vers 7 h 30, ce que je redoutais est malheureusement arrivé », retrace la jeune femme de 34 ans. Une agnelle charollaise de six mois, « qui avait toute la vie devant elle » a été retrouvée dans un bien sale état. Les représentants de l’OFB n’était pas encore arrivés sur place mais qu’importe, Anne Beurton avait un avis très tranché sur l’identité du prédateur : « il n’y a pas de traces car nous sommes sur du granit et c’est très sec, mais ce qui reste de l’agnelle est caractéristique du loup… Tout cela commence à prendre des proportions énormes, je n’aurais jamais imaginé à ce point… Nous ne sommes plus maîtres de la situation, c’est ingérable. Nos ancêtres se sont battus pour faire disparaître le loup, il y avait bien une raison ! Quel est l’intérêt de le réintroduire ? Je ne vois pas ce qu’il peut apporter, à part des problèmes ». Le reste de la troupe d’Anne Beurton a aussitôt été rentré sous un bâtiment : « ce n’est vraiment pas leur place en ce moment, mais je ne peux pas faire autrement. Dans combien de temps ces agnelles ressortiront ? Je ne sais pas… Dans tous les cas, quand elles y retourneront, je serai encore moins rassurée qu’avant, cela devient très pénible ». L’éleveuse est d’autant plus « écœurée » que deux de ses brebis ont été prises pour cibles au printemps : « il y a eu deux attaques, dans deux prés différents. Celui où nous sommes aujourd’hui et un autre, bien plus loin. Ce n’est vraiment plus possible… Ce genre de sinistre va se multiplier si rien n’est fait très rapidement… ».

Une lueur d’espoir

Ce qui suit est loin d’être anodin. Même s’il ne s’agit que de paroles, celles-ci sont de nature à redonner espoir aux éleveurs. Une information très importante est effectivement venue de la commission européenne le même week-end. La présidente Ursula Von der Leyen a elle-même parlé du loup : « La concentration de meutes dans certaines régions européennes est devenue un réel danger pour le bétail et potentiellement aussi pour les humains ». La présidente a appelé « les autorités locales et nationales à prendre davantage de mesures si nécessaire ». Un recensement de données va être lancé dans toute l’Union européenne pour établir avec précision le nombre de loups et de leurs attaques. « Les communautés locales, les scientifiques ainsi que toutes les autres parties prenantes dans ce dossier sont invitées à communiquer leurs informations jusqu’au 22 septembre ». L’adresse mail à laquelle s’adresser est la suivante : ec-wolf-data-collection@ec.europa.eu. À l’issue de cette consultation, la commission européenne pourrait se prononcer sur une modification du statut de protection du loup !

2E PHOTO AU CAS OU
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