Élevage
La sortie du tunnel

AG
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Un éleveur du canton d'Arnay-le-Duc a sollicité les services d'une géobiologue pour régler de gros problèmes de mortalité rencontrés dans son cheptel.

La sortie du tunnel
Guy Drouhin et Edwige Raillard, la semaine dernière sur la commune de Lacanche.

Les faits avaient été relatés l’an passé dans Terres de Bourgogne : Guy Drouhin ne savait plus quoi faire à l’issue d’un hiver 2021-2022 catastrophique, au cours duquel 27 de ses bovins, des jeunes et même des adultes, avaient perdu la vie au fil des jours et des semaines. Pierre Stellian, vétérinaire à Arnay-le-Duc, avait tout tenté : « Nous ne comprenions pas ce qui se passait, les résultats n’étaient pas bons du tout malgré la prévention et les traitements. Tout allait pourtant bien jusqu’à cet hiver-là. Trois ulcères de la caillette avaient été retrouvés consécutivement, ce n’était vraiment pas courant. Les adultes se battaient entre eux et étaient stressés en permanence. Toutes nos recherches parasitaires, de certaines maladies comme la paratuberculose avaient été vaines. Il n’y avait pas eu de changements dans la conduite de l’élevage, ni même dans les protocoles de prévention, de vaccination, ou autres traitements antiparasitaires ».

Des ondes en cause

Une antenne-relais située à proximité de la ferme a très vite éveillé les soupçons d’Edwige Raillard, une géobiologue de Coulmier-le-Sec sollicitée par Guy Drouhin, qui analysait la situation dans nos colonnes : « Cette antenne se trouve à seulement 300 mètres de la ferme. Notre recherche a abouti sur une information importante, voire capitale : une modification de fréquences a été effectuée sur cette antenne en mai 2021, avec un passage de la 4G à 4G ++. Le site Cartoradio nous l’avait confirmé. La responsabilité de l’antenne ne faisait plus de doute, d’autant qu’un dosage d’hormones thyroïdiennes avait été réalisé sur les animaux, la thyroïde étant une glande sensible aux ondes. Les résultats allaient bien dans le sens de nos soupçons… ». En guise de parade, la géobiologue a préconisé la réalisation de liaisons équipotentielles. Ce dispositif consiste à relier chaque poteau, bout de charpente et cornadis du bâtiment à la terre. Guy Drouhin a aussitôt investi 6 000 euros pour l’installation de longs câbles en cuivre permettant d’évacuer les champs électromagnétiques.

Ça marche !

Au plus grand soulagement de Guy Drouhin, sa dernière saison de vêlages s’est terminée sur un très bon résultat, comme le commente l’intéressé : « Il n’y a eu que trois morts, dont deux sont des accidents, en l’occurrence une hernie inguinale et une hémorragie… La situation n’a donc rien à voir avec celle d’il y a un an, cela fait du bien. Sur 30 femelles échographiées, 27 sont pleines, c’est 20 de plus qu’en 2022 ! Les bovins ne perdent plus de poils au cornadis. Leur comportement a changé, ils ne sont plus agressifs. Ils se soignent beaucoup mieux quand ils sont malades. C’est sans doute plus qu’une anecdote mais le poil des petits veaux est plus joli qu’avant ». Beaucoup plus serein, Guy Drouhin demeure toutefois vigilant sur la situation : « il n’y a plus beaucoup d’oiseaux sous mon bâtiment depuis le début des problèmes. Ils ne sont pas revenus. D’ailleurs, on m’a dit qu’ils ne reviendront jamais, à cause des ondes négatives de l’antenne-relais. Et ma caméra de surveillance ne marche toujours pas. Ces ondes sont bien sûr encore là ». Edwige Raillard, soulagée de voir son client sorti d’une telle affaire, se dit optimiste pour la suite : « j’ai déjà rencontré près d’une vingtaine de cas de ce type mais en termes de complications, l’exploitation de Guy Drouhin arrive largement en tête… Ces derniers mois n’ont vraiment pas été faciles pour lui. Dans ce genre de situation, l’éleveur se sent toujours extrêmement seul. Une bonne nouvelle vient de tomber au niveau national et pourrait éclaircir la situation : une enquête ministérielle est enfin ouverte pour interroger les éleveurs rencontrant des problèmes électriques au sens large » (voir encadré).

Enquête du ministère

L’impact des installations électriques collectives (lignes à haute tension, éoliennes, antennes relais…) n’est pas démontré scientifiquement sur les activités d’élevage. Pour autant, les troubles rapportés par certains éleveurs renvoient à la nécessité de conduire des recherches pour confirmer ou réfuter l’existence de ce phénomène. Le ministère en charge de l’agriculture a donc confié au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) la réalisation d’une enquête ayant pour objet de tenter d’identifier, si elles existent, des corrélations entre des difficultés qui pourraient être observées en élevage et la présence d’antennes relais téléphoniques, d’installations électriques ou d’éoliennes, qui pourraient suggérer des relations de cause à effet. Les éleveurs sont sollicités pour participer à cette enquête nationale et anonyme. Elle ne concerne que des exploitations situées à moins de deux kilomètres d’antennes téléphoniques, de certaines installations électriques (ligne à haute tension ou très haute tension, transformateur électrique, parc photovoltaïque) ou d’éoliennes. Lien : https://enquetes.ac-sg.agriculture.gouv.fr/

 

L'avis du vétérinaire

« Il n'y a pas photo »

Pierre Stellian, vétérinaire à Arnay-le-Duc, suit de près l’élevage de Guy Drouhin : « Ces nouveaux résultats n’ont rien à voir avec ceux de l’an passé, c’est le jour et la nuit ! Nous n’avons pas eu la moindre pathologie inattendue. Certes, il y a eu quelques petits pépins comme dans tout élevage, mais tous les animaux ont été facilement soignés. Sur les trois pertes de bovins cet hiver, deux sont des accidents en dehors du bâtiment. Le troisième est un veau mort au pré, subitement. Le reste est en forme ! Nous avons suivi les mêmes protocoles de vaccinations et de traitements : la seule chose qui a changé avant et après les incidents, c’est bien cette mise à la terre plus que renforcée du bâtiment. Entre les ondes et tous ces problèmes rencontrés, le raccourci est donc autorisé… ».

 

2e photo
Chaque poteau, bout de charpente et cornadis du bâtiment a été relié à la terre à l'aide de longs câbles en cuivre.