Charançon de la tige du colza
Le positionnement est déterminant

Aurore Baillet, Terres Inovia
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Les charançons de la tige du colza sont les premiers ravageurs du colza au printemps. Ils peuvent occasionner des éclatements de tige qui pénalisent les composantes de rendement, particulièrement les années sèches. Les moyens de lutte sont toujours efficaces. Mais le positionnement de l’intervention est déterminant pour garantir l’efficacité de la protection.

Le positionnement est déterminant
Éclatements occasionnés par des piqûres de ponte de charançon de la tige du colza, en haut de tige. Photo Aurore Baillet

Les charançons de la tige colonisent les parcelles de colzas au début du printemps. Selon les conditions climatiques de l’année, le vol est précoce (mi-février) ou tardif (courant mars). Nous considérons qu’il y a un risque de dégât pour la culture dès lors que les insectes sont présents et que le colza est en cours de montaison (du stade C2 à E).

Vigilance lorsque les vols sont précoces et massifs

L’état de la culture, son stade et sa hauteur de tige ou bien encore le nombre de captures dans une cuvette jaune ne sont pas des indicateurs suffisants pour décider d’une intervention ou d’une impasse insecticide à l’échelle de la parcelle. En revanche, la rétrospective des dernières campagnes montre que les années avec des vols précoces et massifs sont les années où nous constatons le plus de dégâts (fréquence et intensité) dans les parcelles à l’échelle d’un territoire comme en 2019 et 2021. Ces années se caractérisent par ailleurs souvent par un second pic de vol fin mars – début avril.

Intervenir au pic de vol

Les agriculteurs qui souhaitent sécuriser leur production doivent intervenir 8 – 10 jours après les premières captures « significatives » ou idéalement au pic de vol régional (consulter le Bulletin de Santé du Végétal pour connaître la date du pic de vol à l’échelle du territoire). L’objectif est d’intervenir lorsqu’un maximum d’insectes sont dans la parcelle et avant qu’ils ne débutent la phase active de ponte. Intervenir dès les premières captures en cuvette conduit le plus souvent à traiter trop tôt. Il vaut donc mieux patienter quelques jours, même s’il est vrai que l’organisation des chantiers (semis, azote…) et les conditions météorologiques peuvent compliquer la mise en œuvre à cette période de l’année. A contrario, il ne faut pas négliger les infestations ou réinfestations tardives. Exit le seuil « tige 20 cm » : des éclatements de tiges peuvent survenir sous les bouquets floraux jusqu’au stade boutons (D2 - E). Généralement, une seule intervention bien positionnée suffit à maîtriser la majeure partie du risque. Toutefois, s’il survient un second pic de vol 2-3 semaines après l’application, une réintervention peut s’envisager.

Les solutions insecticides sont toujours efficaces

L’efficacité de la lutte chimique dépend avant tout du positionnement de la protection et de sa persistance d’action. À ce jour, Terres Inovia n’a pas constaté de perte d’efficacité au champ. Et le monitoring réalisé par l’Institut ne montre pas de phénomène de résistance émergent inquiétant.

Les références DECIS PROTECH 0,33 l/ha et KARATE ZEON 0,075 l/ha sont efficaces pour réduire les dégâts du charançon de la tige du colza (réduction du nombre de tiges déformées et/ou éclatées). TREBON 30 EC est comparable aux références. SHERPA 100 EW et CYTHRINE MAX sont un peu en retrait. MAVRIK SMART est inférieur aux références (synthèse des essais Terres Inovia).

Modèle de prédiction du vol de charançon de la tige du colza

Modèle de prédiction du vol de charançon de la tige du colza

Pour prédire la dynamique des vols de ce ravageur de printemps, Terres Inovia vient de mettre au point un nouvel Outil d’Aide à la Décision. L’OAD repose sur des méthodes statistiques modernes qui établissent une série de liens entre des paramètres météorologiques (données Météo-France) et la présence du ravageur (données collectées dans Vigicultures® et VGObs'® depuis 2011 dans toutes les régions où sont publiés les Bulletins de Santé du Végétal).

L’outil informe sur la probabilité de capture en cuvette jusqu’à J + 7, sous forme graphique et sous forme de carte. Il s’agit d’un outil de mise en alerte qui ne se substitue pas aux réseaux d’observation sur le terrain.