Agrivoltaïsme
Les projets émergent dans l'Yonne

Christopher Levé
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Dans le département, plusieurs projets agrivoltaïques se construisent. Dont celui du collectif « Champs solaire Nucériens », qui regroupe 12 agriculteurs sur les communes de Noyers-sur-Serein, Censy et Annay-sur-Serein, accompagné par la société GLHD. 

Agrivoltaïsme
Agriculteur à Censy, Mathieu Franey fait partie du groupe « Champs solaires Nucériens » qui construit un projet de ferme agrivoltaïque.

Implantée en Nouvelle-Aquitaine, GLHD (Green Lighthouse Développement) est une société française spécialisée dans l’aménagement de projets photovoltaïques. Elle travaille avec six collectifs agricoles dans l’Yonne (soit une soixantaine d’agriculteurs icaunais), qui adoptent l’agrivoltaïsme pour s’adapter aux aléas climatiques. Parmi eux, le groupe « Champs solaires Nucériens ». Un collectif de 12 agriculteurs (sur 9 exploitations), répartis sur les communes de Noyers-sur-Serein, Censy et Annay-sur-Serein, avec un projet de ferme agrivoltaïque sur une surface totale de 190 ha.
C’est après une succession de mauvaises récoltes que les agriculteurs de ce projet ont décidé de se lancer. « Aujourd’hui, il y a des problématiques climatiques importantes, avec des printemps de plus en plus secs. Il est notamment devenu très compliqué de faire du colza. Il était donc nécessaire de trouver des alternatives pour diversifier nos activités », lance Mathieu Franey, agriculteur à Censy et membre du collectif. Ce dernier s’est alors lancé dans l’élevage ovin il y a un an (il possède 200 brebis) avec l’idée de le conjuguer avec un projet d’agrivoltaïsme.
Quant aux autres membres du collectif ? « Il y a cinq projets ovins, deux ateliers truffes, deux ateliers avicoles (un de poulets de chair, l’autre de poules pondeuses) et un atelier plantes aromatiques et médicinales (ainsi qu’un autre en dehors de la ferme agrivoltaïque) », liste Charles de Poumayrac, chef de projet à GLHD.

En totale transparence

Pour mettre en place ce projet et anticiper les critiques et les craintes qui sont souvent nombreuses sur des projets de la sorte, les agriculteurs du groupe on choisit d’adopter une totale transparence. Et d’inclure les communes dans les réflexions. « On a respecté au mieux les demandes des communes. C’est le cas avec le conseil municipal de Noyers-sur-Serein qui nous demandait que les panneaux ne puissent pas être visibles depuis le centre du village », indique Charles de Poumayrac. Une stratégie payante puisque les trois conseils municipaux ont voté en faveur du projet, à l’unanimité.
« On a aussi fait un projet qui est en lien avec la charte départementale (celle-ci veille à ce que la couverture de panneaux photovoltaïques au sol ne dépasse pas 10 ha par exploitant et ne soit disposée que sur les terres à plus faible potentielle du département, classées 4, ndlr) », poursuit Charles de Poumayrac.
Alors, où en est-on aujourd’hui ? « L’étude de faisabilité et les études de sols ont été faites. Les études environnementales également, pour voir s’il y a des espèces protégées sur les secteurs concernés », reprend Mathieu Franey. « Aussi, même si cela était facultatif, on a choisi de parler de notre projet au grand public, lors d’une marche organisée. On a installé des panneaux fictifs afin de leur montrer à quoi cela ressemblerait et quelle serait la configuration. On a aussi fait du porte à porte, on s’est fait accompagner par un cabinet de communication, on a fait des réunions d’information, tout cela pour présenter le projet aux habitants ».
Désormais, l’objectif est de déposer les permis de construire avant la fin de l’année. « Après, il y aura une enquête publique qui sera menée par les services de l’État. Si tout se passe sans accrocs, on peut espérer voir les premiers panneaux s’installer d’ici 4 à 5 ans ».

Participer à la transition énergétique

À travers ce projet, les agriculteurs souhaitent « avoir un complément de revenu qui permettrait de pérenniser nos exploitations », confie Mathieu Franey. « Mais on ne va pas arrêter d’être agriculteur. L’indemnité versée à l’ha n’est pas très importante. Elle est entre 2 000 et 3 000 €/ha en sachant qu’il y a une partie à verser au propriétaire ».
L’autre idée est de participer, à leur façon, à la transition énergétique. « Le photovoltaïque est une alternative. Cela fait partie des objectifs de l’État d’augmenter la production d’électricité à partir d’énergie renouvelable », assure-t-il.
Aussi, dans le projet de Mathieu Franey, un autre point bénéfique est trouvé à ces panneaux. « Dans mon système, j’ai un tiers de mes moutons en bergerie. Les deux autres tiers sont toute l’année dehors. J’essaie au maximum de les mettre, l’hiver et l’été, dans des parcelles où j’ai des bois en périphérie, pour avoir des abris naturels », expose-t-il. « Les panneaux photovoltaïques permettront aux brebis d’avoir des abris naturels, pour les protéger aussi bien du soleil l’été que du froid l’hiver, ou de la pluie. Et, d’après une étude de l’Inrae, la production d’herbe est plus importante sous les panneaux qu’en périphérie, notamment l’été », ce qui permet de diminuer l’apport complémentaire en alimentation et donc de faire des économies. Des projets aux multiples avantages pour les agriculteurs concernés.