Action syndicale
« Au-delà de l'incompétence »

AG
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Une manifestation s'est tenue ce mercredi à Dijon. Le monde agricole accuse la Région de bloquer « volontairement » ses dossiers. Une « petite visite » a également été rendue à l'Agence de services et de paiement (ASP).

Autant vous le dire tout de suite : à l’heure où nous écrivons ces lignes, la manifestation du 10 avril n’était pas encore terminée car, comme chaque semaine, Terres de Bourgogne part à l’impression le mercredi à 12 heures précises. Nous ne connaissions donc pas l’issue de ce regroupement initié par la FDSEA et les JA en milieu de matinée. La « température » a tout de même été prise au sein du cortège, particulièrement remonté à l’image d’Antoine Carré, secrétaire général adjoint de la FDSEA21 : « Au début, je n’arrivais pas à expliquer pourquoi la Région ne procédait pas au versement des aides réservées aux agriculteurs. J’imaginais une certaine forme d’incompétence… En réalité, c’est bien au-delà de ça : il s’agit d’un choix avéré du Conseil régional de faire chier les paysans, cela ne peut pas être autrement ! Ils n’aiment pas l’agriculture, cela se voit. Nous faire attendre dans nos difficultés leur va très bien. Notre région est tout de même la seule de France où ce problème est rencontré, c’est incroyable. Il n’y a rien eu ou presque, depuis notre dernière venue à Dijon le 15 mars ». La situation est « insoutenable », comme le souligne Antoine Duthu, le nouveau président de JA21 : « Les trésoreries marquent le pas chez un nombre grandissant d’exploitants. Certains ne peuvent même pas contracter un court terme car ils ne sont pas à jour de leur cotisation MSA… Ces impasses trouveraient pourtant une issue si la Région procédait aux paiements des DJA et du PCAE, mais ce n’est pas le cas ». L’éleveur de Francheville illustre le problème rencontré pour la Dotation Jeunes agriculteurs : « à l’époque, les DJA étaient traitées par la DDT et tout allait très bien. Dans mon cas, j’avais perçu les aides à l’installation seulement quatre mois après mon arrivée sur la ferme, en 2015. Aujourd’hui, l’instruction semble plus longue qu’avant et que cela ne permet pas d’avoir une visibilité exacte sur les dates de paiements ».

Une procédure lancée

Les manifestants, mercredi matin, n’avaient pas prévu de s’arrêter devant les locaux de la Région, mais plutôt devant le tribunal administratif, comme l’explique Antoine Carré : « le Conseil régional nous méprise et ne nous écoute plus. Cela ne sert à rien d’y aller une énième fois… Oui, nous allons nous rendre au tribunal, juste en face la préfecture. Nous allons demander audience avec le préfet, en exigeant que Marie-Guite Dufay soit présente. Une lettre que nous avons rédigée demande la mise sous tutelle de la Région par l’État ! C’est la seule solution que nous voyons pour faire avancer les choses… Le préfet et le ministre de l’Agriculture sont pourtant au courant de cette situation invraisemblable, mais rien n’y fait. Par rapport aux problèmes de main-d’œuvre évoqués par la Région, des dossiers ont bien été transmis à la DDT, ces derniers ont été instruits quasiment instantanément… Aujourd’hui, le préfet nous signale que les dossiers en question sont clos et qu’il ne manque plus que l’accord de la Région, cette dernière veut clairement que ça n’avance pas ! ». Antoine Carré est d’autant plus remonté qu’une « récente information » lui est parvenue : « apparemment, la Région a financé à hauteur de 650 000 euros des projets pour, je cite, une agriculture en immersion… Il n’y aurait que cinq projets concernés pour cette somme pourtant très importante… Et l’argent aurait tout de suite été versé pour ce dossier visiblement très bancal ! C’est tout simplement inadmissible, alors que tant de gens attendent leurs paiements DJA et PCAE. Le militantisme dans nos administrations est très important, il faut le savoir ! Une autre chose a tendance à nous agacer : de plus en plus de jeunes s’installeraient aujourd’hui sans les aides, en voyant le bordel sans nom que cela implique… Nous allons perdre des fonds européens à cause du comportement de la Région ! ».

L’ASP pour commencer

L’action syndicale de mercredi a également ciblé l’Agence de services et de paiement (ASP). « C’est même le premier endroit où nous nous rendons ce matin », précise Antoine Duthu, « figurez-vous qu’il y a là aussi des retards de paiement, de l’ordre d’un à deux mois par rapport à l’an passé. Nous attendons encore une grande partie des aides bio, des MAEC, les aides couplées végétales, des assurances récolte et même encore quelques soldes d’aides bovines et d’écorégimes ».

Une autre action en parallèle

Une seconde action syndicale se tenait en Côte-d’Or ce même 10 avril. Le rendez-vous était donné l’après-midi à Voulaines-les-Templiers, où était programmée la Conférence des maires du Parc National. « Travailler à favoriser le retour du loup dans le parc » figurait sur l’agenda de cette réunion… « Nous souhaitons maintenir une action locale pour réaffirmer notre opposition totale à la présence du loup sur le territoire, y compris dans le parc », communiquait le réseau FDSEA-JA dans son appel à mobilisation. Nicolas Bayen, éleveur à Nod-sur-Seine et responsable syndical, préparait ce rendez-vous : « Nous allons alerter les maires à l’entrée de la salle, en insistant sur le risque déprise de l’élevage que représente le loup, et donc les risques de pertes de prairies, de manque d’entretien naturel des territoires et la perte de tissu économique local ». Nicolas Bayen informe qu’un « médiateur grand prédateur » a été embauché par le Parc national : « sa mission ? Préparer psychologiquement les éleveurs à se faire manger des moutons. Il va passer dans les fermes… C’est du pipi de chat ! Nous réaffirmons notre opposition totale à la présence du loup. Le parc devait fournir des moyens de protection mais nous avons appris qu’il n’y avait pas de budget spécifique… Nous demandons que les règles appliquées dans le département soient les mêmes à l’intérieur du parc pour pouvoir se protéger, ce serait déjà un moindre mal ».