Elvéa 71-58
Faire face à la décapitalisation
L’érosion du cheptel de production était la toile de fond de la dernière assemblée générale d’Elvéa 71-58. Alors que la marchandise tend à se raréfier, les industriels pensent à sécuriser leur approvisionnement par tous les moyens. La Région soutient l’engraissement et Elvéa entend faire bénéficier ses éleveurs de la nouvelle aide.
Elvéa 71-58 a tenu son assemblée générale récemment à Oudry, près de Geugnon, en Saône-et-Loire. Cette association destinée aux éleveurs qui commercialisent leurs animaux auprès de privés compte 447 exploitations adhérentes en Saône-et-Loire et dans la Nièvre. Un chiffre qui progresse depuis 2022 et qui s’accompagne d’une hausse du cheptel atteignant 42 600 vaches au 1er janvier. « Elvéa 71-58 est l’une des rares organisations de producteurs en France à augmenter son nombre de vaches et son nombre d’adhérents », saluait le président d’Elvéa France Philippe Auger. Cette percée s’explique notamment par les filières et les services que l’association propose à ses adhérents. À l’instar d’autres organisations de producteurs, Elvéa donne accès aux Label rouge Charolais Terroir, IGP Charolais de Bourgogne, AOP Bœuf de Charolles et à d’autres filières certifiées en gras comme en maigre. Elle possède aussi une copieuse carte de services comprenant aide à la déclaration Pac, cahier d’épandage et nombreuses prestations administratives. Elvéa réalise le diagnostic Boviwell, le bilan carbone CAP2ER, elle détient un plan sanitaire d’élevage et son propre logiciel de gestion de troupeau. Le développement d’Elvéa s’accompagne d’une hausse de son chiffre d’affaires d’année en année et elle peut se targuer de présenter des comptes équilibrés. Pour compenser la hausse des charges résultant du développement de l’activité, l’association a tout de même dû augmenter le montant du forfait d’adhésion de 100 à 110 € pour un naisseur ou un naisseur-engraisseur.
48 000 vaches perdues en 24 ans !
La bonne santé d’Elvéa est d’autant plus méritoire qu’elle intervient malgré une décapitalisation qui se poursuit. La Saône-et-Loire a perdu 10 % de ses naissances depuis six ans, rappelaient les techniciens. Ce nombre est passé de près de 230 000 en 2000 à un peu plus de 180 000 en 2024 avec une tendance similaire dans la Nièvre. C'est une vraie inquiétude. Au point que « les négociants risquent demain de trouver plus difficilement les lots de broutards dont ils ont besoin », prévenait Jean-Michel Morel, le président d'Elvéa 71-58. Les entreprises de commerce de bétail se restructurent. Dans la viande, « un gros abatteur français » envisagerait même l’intégration pour sécuriser son approvisionnement, révélait Philippe Auger. À l’heure où la part de l’importation de viande est remontée à 25 % et au regard de la pyramide des âges, « il faudra bien sécuriser les choses », estimait Jean-Michel Morel. C’est non seulement une question de souveraineté alimentaire — pour que les gens mangent à leur faim — mais aussi d’indépendance, ajoutait Philippe Auger.
Aide à l'engraissement
C’est « un plan de relance de l’élevage » qu'il faut et c’est ce qui avait été défendu par la profession lors des manifestations de l’hiver dernier, rappelait le président de la FDSEA 71 Christian Bajard. Pour compenser l’érosion des cheptels, conserver les outils d’abattage et garder la valeur dans les départements, une aide à l’engraissement a été obtenue de la Région. Pour l’heure, elle s’adresse aux adhérents des coopératives du territoire. Mais ceux d’Elvéa bénéficieront prochainement de ce nouveau dispositif, informait Jean-Michel Morel. Pour ce dossier, l’association s’est rapprochée de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. C’est elle qui va accompagner Elvéa et ses adhérents pour accéder à cette aide, confirmait son président, Bernard Lacour. « Le but, c’est d’être à côté de jeunes, par exemple, qui souhaitent avoir moins de vêlages et plus d’engraissement. L’esprit de l’aide, c’est de faire revenir de l’argent dans les exploitations », expliquait-il. Cette aide à l’engraissement sera conditionnée à un certain nombre de règles. Car « la Région voulait que ce soit fait correctement », complète le président de la Chambre d’agriculture.
« Vendre au prix auquel on produit »
« Tous les signaux de marché sont aujourd’hui au vert, faisait valoir Jean-Michel Morel. Le manque d’offre maintient la tendance et la décapitalisation est beaucoup plus forte que la baisse de la consommation, et ce, en dépit d’une inflation de + 1 euro au consommateur ». Bref, il faut plus que jamais « défendre le prix des animaux qu’on vend », poursuivait-il. N’en déplaise à tous ceux qui persistent à faire courir des contre-vérités commerciales, « on vend encore en dessous du coût de production. Il faut vendre nos animaux au prix auquel on les produit », martelait Jean-Michel Morel.