Céréales
Les inquiétudes du conflit en Ukraine

Christopher Levé
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Gérant d’Identité Céréales, dernier négociant indépendant de l’Yonne, Fabien Maurice parle de « la grosse inconnue » qui attend les marchés des céréales, suite à la guerre en Ukraine. Alors que la campagne 2021 fut plutôt satisfaisante en termes de commercialisation, celle de 2022 sera forcément perturbée par cette actualité.

Céréales
Avec la guerre en Ukraine, le marché des céréales post moisson 2022 sera fortement impacté.

« Sur la campagne 2021, les premiers bilans en termes de commercialisation sont plutôt satisfaisants sur le volume, malgré les qualités moyennes que l’on a eu à la récolte », assure Fabien Maurice, gérant du négociant Identité Céréales, basé à Chablis. Une année 2021 aussi marquée par le bon développement de la commercialisation du bio, « principalement en alimentation du bétail et à l’export ».
Cependant, après une année prometteuse, 2022 risque de ne pas suivre la même tendance. « C’est la grosse inconnue », lance Fabien Maurice. « Suite à la guerre en Ukraine, il faut voir comment vont se positionner les marchés et la consommation. Aujourd’hui, la consommation est en berne au niveau français et au niveau européen. Avec l’augmentation des coûts et notamment du transport, la trésorerie est fragilisée pour nos entreprises ».
Le gérant d’Identité Céréales pointe une « inquiétude multiple ». « Déjà par rapport aux rendements. Si les volumes sont faibles, forcément les disponibilités à la vente le sont aussi ». La deuxième inquiétude concerne le plan logistique. « Même s’il y a des réseaux et des transporteurs qui sont fiables, aujourd’hui il y a un manque de camions, de chauffeurs et un coût qui a pris entre 15 et 25 % et je pense que ce n’est pas fini. On ne connaît pas le coût du pétrole dans deux ou trois mois », avance-t-il. « Aussi, il y a un changement des flux qui est impacté, ce qui pose problème sur la gestion des contrats. Enfin, sur la santé financière de nos clients, le risque est de vendre et de se retrouver avec des impayés ».

Trouver des débouchés

Alors, pour tenter de sortir de cette crise en limitant la casse, le but pour Identité Céréales est aujourd’hui « de travailler sur la qualité, de trouver les débouchés en fonction de cette qualité et de s’adapter », confie Fabien Maurice. Un travail possible grâce à la partie laboratoire du négociant. « L’intérêt est de pouvoir cibler les marchés en adéquation avec la qualité de la production ».
L’un des projets pour 2022 de l’entreprise est d’ailleurs d’élargir leur bibliothèque, « en ayant plus d’exploitants qui nous fournissent leurs échantillons de façon à avoir un spectre de lots à proposer plus important. En sachant que chez nous, le service laboratoire est totalement indépendant du service commercialisation. On n’est pas propriétaire des lots à analyser. Le producteur est totalement libre de commercialisation où il le souhaite, mais pour nous le fait de connaître les qualités permet de gagner plus de temps en termes de négociation ».
Autre projet pour cette année : « essayer de débloquer un budget pour continuer à renforcer le laboratoire sur nos prédictions pour détecter les blés meuniers ». En attendant, Identité Céréales se dit prêt à accueillir la récolte prochaine, « pour faire les analyses dès les premières coupes ».

Un « partenariat » avec La Brosse

En période de moissons, pour renforcer la partie analyse au laboratoire, Identité Céréales a pris pour habitude de recruter un stagiaire du BTS Anabiotech du lycée agricole d’Auxerre La Brosse. « C’est la quatrième année que nous accueillons un stagiaire de La Brosse. Chaque année, on est mis en relation avec des étudiants qui souhaitent faire leur stage dans un laboratoire d’analyse de grains. Pour eux, l’objectif principal est la mise en pratique des protocoles dans un laboratoire. Cela leur permet de les former dans l’analyse, dans la saisie et la retransmission des résultats, l’application d’un protocole, etc. », explique Fabien Maurice.