Élevages ovins et bovins
« Le loup est chez nous »

AG
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Les Jeunes agriculteurs de Pouilly-en-Auxois ont alerté la population sur les ravages du loup, juste avant les fêtes de fin d'année. Retour sur cette action syndicale qui a fait réagir sur internet.

« Le loup est chez nous »
Le cadavre d'une brebis, victime du loup quelques heures plus tôt, était suspendu au rond-point de la sortie d'autoroute.

Le loup est devenu une triste réalité pour les éleveurs de Pouilly-en-Auxois et de ses environs. « À ce jour, nous approchons de la dizaine d’attaques, pour à peu près autant de brebis au tapis », déplorait en ce début de semaine Benoît Laprée, le président du canton JA concerné. Bouleversés par ce nouveau « quotidien », les Jeunes agriculteurs avaient décidé de mener une opération « communication » le 22 décembre, en montrant l’une des victimes du loup au grand public. « Nous faisons face à ce prédateur depuis un mois maintenant. Comme nous l’avions déjà dit et redit, sa présence n’est pas compatible avec nos élevages », poursuit Benoît Laprée, « si nos anciens avaient éradiqué le loup, ce n’était pas sans raison… Il nous fallait une opération choc comme celle-ci pour faire passer le message. Et surtout montrer la réalité : le loup n’est pas un animal beau ni gentil, contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire ! ».

Fin de l’action

L’action des JA de Pouilly n’a, en réalité, pas duré très longtemps : les autorités ont retiré l’animal puis les bottes de foin, presque dans la foulée. « C’est vraiment dommage, ils auraient au moins pu laisser la structure en paille… », réagit le président cantonal, « c’est à ni rien comprendre : il ne faut pas montrer de brebis morte mais, dans le même temps, il faut laisser prospérer le loup dans nos campagnes… N’est-ce pas paradoxal ? La vérité semble en tout cas déranger ». Benoît Laprée annonce un « véritable carnage » à la prochaine mise à l’herbe, si aucune action n’entre entreprise d’ici là : « nous ne sommes qu’au début de l’hiver, avec peu d’animaux dehors, et les dégâts sont déjà considérables. La situation sera tout autre dans quelques semaines… Il faut absolument que ça bouge, nous demandons des actes ». L’éleveur côte-d’orien sait que le combat sera long, notamment face à de surprenants opposants : « nous ne sommes pas près de baisser les bras, quoiqu’il arrive… Les commentaires que nous avons lus sur internet ? Oui, c’est impressionnant… Je ne m’attendais peut-être pas à en lire autant, pour dire vrai. La proportion de gens qui sont pour le loup dans nos campagnes, sans savoir vraiment pourquoi et sans connaître les conséquences, semble vraiment importante. Quand il n’y aura plus d’élevage ni de quoi manger, leur avis changera peut-être, mais il sera trop tard ».

Le post Facebook

« Ça y est, le loup tant redouté est là sur le canton de Pouilly et depuis quelques semaines, il fait un carnage ! Les éleveurs ont la boule au ventre, se demandant quelle macabre découverte ils vont faire le matin. Trachées explosées, éviscérés, dévorés… Cela vous choque ? Et pourtant, tel est le sort des pauvres animaux d’élevage ! Où est le bien-être animal ? C’est inadmissible de protéger un animal qui fait tant de ravages ! Mesdames et messieurs les politiques, défendez votre territoire et les gens qui le font vivre ! Le loup, c’est la mort de l’élevage et de ceux qui font vivre le monde rural. C’est non seulement l’arrêt de l’élevage et les conséquences sur notre autonomie alimentaire, mais aussi de fait l’arrêt de l’entretien des territoires. C’est à terme l’enfrichement des zones jusqu’ici pâturées, et la propagation des incendies, et donc la destruction d’écosystèmes et la mise en danger des villages et des populations ! Tuer l’agriculture française c’est aussi supprimer tous les emplois qu’elle génère et mettre un nombre incalculable de personnes au chômage ! Et enfin le pire… Ce que tout le monde redoute et qui un jour arrivera à cause du loup que vous protégez… C’est qu’excédés et dégoûtés des hommes et des femmes commettent l’irréparable en franchissant le pas du suicide ! Parce que oui c’est une réalité ! Alors prenez vos responsabilités et soutenez l’élevage et les éleveurs français ! votre santé en dépend ! Quand nous ne serons plus là, vous n’aurez plus le choix que de manger de la viande importée qui est produite de manière interdite en France ! Nous en appelons à votre bon sens, c’est maintenant qu’il faut agir ! ».

Après l’enlèvement de la brebis et de la structure : « Elle est belle la liberté d’expression ! Merci aux personnes, qui qu’elles soient, qui ont fait démonter la structure à visée informative que nous avions si bien installée ! La vérité dérange ! On cherche à nous faire taire et à nous désinformer. Le nombre de victimes ne va faire qu’augmenter, quand cela s’arrêtera-t-il ? Soutien aux pauvres éleveurs qui sont touchés, mais ce ne sont que des mots… Il faut des actes ! ».