Méthanisation

Sécalia, sur la rampe de lancement

Dans l’esprit des dirigeants de Dijon Céréales, développer la production d’énergie en lien avec l’agriculture est avant tout compris comme le moyen d’apporter aux agriculteurs adhérents une visibilité supplémentaire, sur une partie de la conduite de leurs exploitations. Ces activités doivent intervenir en plus de la production alimentaire, en tant que voie de diversification, et pas en concurrence avec elle. C’est dans ce contexte que s’inscrit Sécalia, en cours de concrétisation. Dernier épisode en date concernant cette unité de méthanisation qui fédère à ce jour 150 agriculteurs du nord Côte-d’Or : la délivrance, à la toute fin novembre, du permis d’exploiter. On est donc bien parti pour un début de production de biogaz en février 2024.

Objectif : 5 000 hectares

2022 aura été marquée par une première récolte de Culture intermédiaire à vocation énergétique (Cive) qui a porté sur 850 hectares et mobilisé 75 exploitations. Cette récolte a été transportée sur trois plateformes situées à Savoisy, Lucenay et Louesme. « Ce fut un véritable galop d’essai, explique Laurent Druot, chargé de développement Énergies renouvelables au sein de Dijon Céréales, après la première récolte sur 15 hectares en 2021. L’an prochain, 4 100 hectares seront semés puis nous arriverons au rythme de croisière de 5 000 hectares. Trois nouvelles plateformes décentralisées vont être construites en 2023, à Poiseul-la-Ville, Mosson et Touillon, ainsi que la grosse plateforme de Cérilly. Par ailleurs, les plateformes déjà existantes seront complétées. En tout, nous disposerons de sept sites, dans une logique de rationalisation des transports ». Les travaux de construction de l’unité de méthanisation ont démarré le 22 août et depuis, ils avancent vite. « Le grand nombre de phases par lesquelles nous sommes passés dans la genèse de ce projet nous a fait monter en compétences » poursuit Laurent Druot. Le temps de préparation a aussi permis de constituer des stocks de Cive. « Nous allons démarrer avec 150 % de stock, souligne Édouard Benayas, en charge du développement des énergies renouvelables de la coopérative, plus particulièrement axé sur la méthanisation. L’idée est d’avoir une demi-campagne d’avance afin de sécuriser la matière ».

Un œil sur la menue paille

Ce qui va entrer dans le méthaniseur sera, à 90 %, de l’ensilage de seigle, en interculture, semé en septembre et récolté début mai. Ce seigle peut aussi être mélangé à des légumineuses, un élément important pour les « petites » terres qui valorisent bien cette association. « L’association seigle-légumineuses peut être très intéressante pour les éleveurs, souligne Édouard Benayas : parmi les agriculteurs engagés dans Sécalia, la moitié sont des polyculteurs-éleveurs ». Les 10 % restants seront constitués de déchets de céréales récupérés dans les silos, mais la menue paille, habituellement éparpillée dans les champs après une moisson est aussi fortement étudiée à cette fin. Dijon Céréales pourrait mettre en place un système incitatif pour les Entreprises de travaux agricoles (ETA) qui récolteraient cette menue paille. La coopérative mène par ailleurs de manière intensive des essais culturaux afin de trouver les meilleures cultures à implanter après le seigle. « Nous attendons aussi avec impatience le digestat, poursuit Laurent Druot, qui sera produit par l’unité de méthanisation sur la période 2024-2025 : par rapport à l’évolution actuelle des prix des engrais, on sait que les agriculteurs engagés paieront leur digestat selon un prix fixé pour 15 ans. C’est sécurisant pour eux ».