Moissons 2022
Bilan et perspectives

AG
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La FDSEA et la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or ont organisé leur traditionnelle réunion de fin de moissons, avec l’ensemble des partenaires.

Bilan et perspectives
Les présidents Fabrice Genin et Vincent Lavier, le 30 août devant les locaux d'Agronov.

66 q/ha en blé, 61 q/ha en orge d’hiver et 30 q/ha en colza : les moyennes départementales sont « à peu près » correctes, mais sans plus. Ce qui relève incontestablement la donne, c’est bien le niveau des prix, qui permettra à une majorité d’exploitations de terminer l’exercice sur une note positive. « Cette année a laissé beaucoup de frustrations en termes de rendements », fait remarquer Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture, « nombre d’exploitations n’ont pas réalisé la moisson qu’elles espéraient mais, dans le même temps, les résultats économiques seront globalement d’un bon niveau, grâce à des prix qui restent relativement soutenus sur l’essentiel des denrées que nous produisons. Ce paradoxe est le bienvenu ».

Personne dans la moyenne

Des rendements très disparates, d’énormes écarts de produits et de charges selon les périodes de ventes et d’achats : il n’est pourtant pas facile de s’y retrouver ni d’estimer quelconque moyenne cette année. À l’heure du bilan, chaque exploitant aura une situation certainement très différente de ses homologues, y compris de son voisin le plus proche. Une présentation de CER France BFC l’a bien démontré, avec un nombre inédit de paramètres à prendre en compte. « Les résultats seront bons, en moyenne, sur le département, mais les écarts seront énormes », observe Fabrice Genin, président de la FDSEA, « ce sera une belle année pour certains agriculteurs, mais pas pour tout le monde. Même avec ce niveau de prix, il y aura encore des fermes en difficulté, je pense notamment aux zones qui n’ont pas été arrosées et qui n’ont pas vendu ni acheté aux meilleurs moments ».

Une certaine inconnue

Les projections restent très difficiles pour 2023. « C’est clairement l’inconnu. Cette campagne, c’est un peu comme une boule de cristal : il faut être très fort pour savoir ce qu’il va se passer… », illustre Fabrice Genin, pour qui « tout est possible » : « les orientations données par les fondamentaux peuvent être totalement revues avec une décision d’un groupe politique ou d’une personne… Il y a encore un an, aucun agriculteur n’aurait pu imaginer que le blé serait monté à plus de 400 euros/t, même si apparemment seulement 2 % des exploitants ont réussi à vendre à ce tarif. Depuis un mois et demi, les prix ont tendance à se tasser. À mon avis, tout est possible, ils peuvent bien reprendre 100 euros ou perdre 70 à 80 euros en seulement un mois. Le retour du blé à 180 euros/t dans 6 mois n’est pas à exclure non plus, à mon avis ». Devant de telles inconnues, Vincent Lavier invite les agriculteurs à rester « extrêmement vigilants » sur la gestion de leur exploitation : « mieux vaut baser nos modèles économiques sur des hypothèses modérément optimistes, voire pessimistes, afin de faire face à d’éventuelles situations délicates. Dans le même temps, il faut tout faire pour tenter de profiter des embellies quand celles-ci se présentent à nous ».

 

Zoom sur...

La moutarde

La culture de la moutarde séduit de plus en plus d’agriculteurs avec son prix à la fois attractif et connu à l’avance pour la récolte 2023 (2 000 euros/t). À la date du 30 août, près de 11 500 ha étaient déjà engagés, bien plus que les 10 00 ha espérés en juin dernier. L’actualité de la moutarde, c’est aussi la demande de deux dérogations pour la campagne qui va débuter : lumiposa en traitement de semence, cyantraniliprole en partie aérienne. Les producteurs étaient encore dans l’attente de réponses le jour de cette réunion. (La dérogation permettant l’utilisation du cyantraniliprole a été obtenue les jours suivants, pour une période de 120 jours, contrairement à celle relative au produit lumiposa).

Aléas climatiques

Baptiste Colson, président de JA, envoie un nouveau message aux politiques : « Nous sommes encore et toujours très dépendants des aléas climatiques, nous l’avons encore vu cette année avec la sécheresse, les températures caniculaires, mais aussi la grêle dans certains secteurs. Le changement climatique va très vite, beaucoup plus vite que notre recherche de solutions. Nous voulons une politique ambitieuse pour s’adapter, avec des moyens de financements pour la recherche, l’innovation et la gestion de la ressource en eau. Il faut voir loin, avec une politique sur du moyen ou long terme. Ce que l’on nous propose aujourd’hui ne suffit pas ».

Bio

La moisson bio est « correcte, dans la moyenne », décrit Clément Divo, conseiller à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Les rendements sont toutefois très « étirés » comme en conventionnel, avec de bons résultats par endroits mais aussi un certain nombre de déceptions dans les plus petites terres. La bonne surprise de l’année est à mettre à l’actif de la qualité (un avantage indéniable dans un marché engorgé). À l’inverse, des cultures comme le soja ou le sarrasin souffrent de la sécheresse et ne donneront pas de bons résultats.