Un éleveur de La-Roche-en-Brenil engraisse ses bovins à l'herbe, avec de bons résultats à la clé.
Pratiquement 1 UF et un « bon » 25 % en MAT : les analyses d’herbe de Benoît Boudier n’ont rien à envier aux aliments du marché. « Si ces valeurs étaient constantes toute l’année, il serait très facile de se priver du moindre concentré », assure l’éleveur de 49 ans, qui engraisse les trois quarts de ses bovins à La-Roche-en-Brenil. Son herbe n’a pourtant « rien de plus » que celles de ses collègues du département : « bien au contraire, nous sommes ici dans le Morvan, les terres sont connues pour être très pauvres… Diminuer, voire ne plus utiliser de concentrés reste toutefois possible ici. Pour y arriver, il faut faire en sorte d’apporter la meilleure herbe possible aux animaux, aux meilleurs moments ». Benoît Boudier pratique le pâturage tournant sur cinq de ses parcelles autour de son exploitation : « chacune est divisée en trois, je change les vaches de place tous les 7 à 10 jours. Avec ce procédé, je leur donne déjà beaucoup moins de concentrés : seulement 2 kg/jour aux génisses et 4 kg/jour aux bœufs ». L’éleveur de 65 vaches charolaises envisage, dès l’année prochaine, d’être encore plus dynamique dans le pâturage en recoupant encore plus ses parcelles et en changeant les bovins de place tous les trois jours : « l’idée sera d’abaisser encore plus les apports de concentrés, voire de les supprimer totalement pour les femelles, sur tout le printemps. Changer de place les vaches tous les 7 à 10 jours est une fréquence encore trop longue dans mon cas : j’ai remarqué que les vaches broutaient à chaque fois le meilleur durant deux à trois jours avant d’attaquer le moins appétant. Elles reviennent ensuite très rapidement, ou plutôt trop rapidement sur les repousses, ce qui épuise les meilleures parties. Je dois améliorer ce point ».
Une vieille tradition
Benoît Boudier a suivi les traces de son oncle, qui engraissait déjà ses bœufs et ses génisses à l’herbe : « il travaillait dans l’Auxois, là où la pratique est un peu plus répandue. Ici, il se fait historiquement davantage de maigres. Il est pourtant possible d’engraisser à l’herbe dans le Morvan… L’idée, pour moi, est d’emmener le produit jusqu’au bout. Je suis en bio et vendre du maigre au prix du conventionnel n’est pas satisfaisant, ni sur le plan économique, ni sur le plan philosophique ». Le Côte-d’orien insiste sur plusieurs points à bien respecter : « le cloisonnement des parcelles doit être réfléchi en amont, il faut raisonner en fonction des points d’eau, naturels ou artificiels. Engraisser à l’herbe nécessite également de lâcher les animaux d’une manière précoce, pour ne pas se laisser déborder par la pousse d’herbe. Cela peut être un frein dans certains secteurs, car tout dépend de la portance des sols ». Le « jeu en vaut vraiment la chandelle » selon Benoît Boudier : « le gain par animal varie entre 100 et 200 euros, le montant exact est fonction de plusieurs critères. Il est certain que nous gagnons beaucoup moins quand les céréales ne sont qu’à 150 euros la tonne… Cette technique ne nécessite pas beaucoup de travail, pas plus qu’un engraissement en bâtiments. Pour ma part, des chiens de troupeaux m’aident à changer les vaches de parcelles, c’est très appréciable ».
La Chambre d’agriculture de Côte-d’Or a organisé une rencontre le 11 mai chez Benoît Boudier, dans le cadre des « Cafés allaitants de Bourgogne-Franche-Comté ». L’engraissement à l’herbe a été au cœur des discussions, en présence d’éleveurs et d’étudiants.