Abattoir de Cosne
Après les promesses, les actes ?

Chloé Monget
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Afin de connaître précisément la volonté politique de s'investir dans le projet de diversification de l'abattoir de Cosne, une visite était organisée le 27 janvier sur site. 

Après les promesses, les actes ?

« Cela fait près de cinq ans que nous avons monté un dossier de modernisation de diversification de l’abattoir de Cosne, et à ce jour, nous piétinons pour avoir un engagement concret de la part des pouvoirs en place » insiste Cyrille Forest, administrateur de Cosne Abattoirs du Haut val de Loire. C’est pour en savoir plus qu’une visite était organisée le 27 janvier sur site, mais également pour présenter les dernières rénovations concernant les sols et les murs. Eric Bertrand, président de Cosne Abattoirs du Haut val de Loire martèle : « nous et nos équipes nous engageons depuis de nombreuses années à maintenir à flot l’abattoir, maintenant, nous avons besoin de l’engagement politique pour aller plus loin ». Ainsi étaient présents : Nadia Sollogoub, sénatrice de la Nièvre, Anne-Marie Chêne, conseillère départementale de Cosne-sur-Loire et Yves Ravet, président de l’Agence de développement économique du bassin de Cosne-sur-Loire.

Mises aux normes

La réfection des sols et des murs ainsi qu’une partie de l’aménagement (nacelle, compresseur, stérilisateur) s’élève à 126 654 euros dont une partie financée par les subventions réparties entre l’État via le Plan de relance, le Conseil Départemental ou encore la communauté de communes. Eric Bertrand souligne : « il nous paraît important de montrer les avancées en toute transparence aux personnes qui nous ont soutenues par une visite ». Durant celle-ci, Eric Bertrand a détaillé les diverses évolutions que le site à connu depuis sa création : ajout de vestiaires, amélioration des outils d’abattage et de contention ou encore l’extension de la salle de découpe… avant d’ajouter : « nous avons encore du travail à faire notamment pour le bien-être animal. Nous en sommes conscients et voulons faire bouger les choses afin que cet outil soit complet. Mais, même si la volonté est là, le financement manque, nous avons donc besoin d’aide afin de rendre notre outil encore plus performant ». De fil en aiguille, le projet de modernisation et de diversification est évoqué par le président dirigeant les débats vers les promesses jadis tenues dans ce dossier.

Des promesses

Selon Cyrille Forest, « dans un courrier datant du 16 mars 2021, la Région, sous la signature de sa présidente, nous promet un financement de 20 000 euros pour le projet de modernisation de diversification de l’abattoir… Depuis, nous n’avons jamais eu ni nouvelles, ni chèque. De plus, si le conseil départemental, qui prône la souveraineté alimentaire avec l’établissement des PAT, s’est engagé à soutenir financièrement l’abattoir de Corbigny, il n’a pas encore annoncé officiellement le même intérêt pour celui de Cosne. Pour sa part, la Communauté de communes ne se positionne pas mais continue son soutien… sans préciser lequel ». Pour plus de clarté, il rappelle ledit projet : « Nous voudrions moderniser l’intégralité du bâtiment, tout en proposant de nouvelles prestations comme nous l’avons fait avec le haché – très demandé, entre autres par les collectivités. Nous voudrions également réaffirmer l’identité de l’abattoir comme un outil local avec des prestations sur-mesure ou encore proposer une labellisation (type à définir) afin d’ajouter une marque de qualité supplémentaire qu’elle concerne l’environnement ou le bien-être animal. Le moderniser, permettrait de pérenniser ses activités (dont l’exercice 2022 est témoin avec une hausse des produits), tout en les innovants. Pour rappel, l’abattoir rayonne au-delà des frontières du département puisque ses activités sont réparties entre : la Nièvre (38 %), l’Yonne (25 %), le Cher (20 %) et le Loiret (17 %). Il y a donc des emplois directs : 141 pour le 58, 90 pour le 89, 67 pour le 18 et 64 pour le 45 mais aussi des emplois indirects : 590 pour la Nièvre, 476 pour l’Yonne, 371 pour le Cher et 325 pour le Loiret. Ainsi, imaginons le futur abattoir pour nos utilisateurs qui sont une quarantaine de bouchers et 80 éleveurs ».

Réflexions

Malgré l’engouement affiché pour le projet par les représentants politiques présents lors de la rencontre du 27 janvier, il semble que les actes devront attendre encore un peu. En effet, durant la visite, les élus ont évoqué certains points avant d’envisager un quelconque financement : un manque de budget, de nouvelles études voire une modification du projet. Eric Bertrand souligne : « Nous avons tous les éléments entre les mains depuis des années. Nous les présentons à chaque fois, et il semble qu’il manque toujours quelque chose et cela m’attriste de voir que nous n’avons pas encore de réponse concrète ou fiable depuis le début du projet qui date de 2019 ! Notre projet est complet et permettrait à la filière de s’épanouir un peu plus. D’ailleurs, nous continuons de chercher de nouveaux débouchés ». Parmi eux, Cyrille Forest évoque la vente en ligne : « nous sommes sur un axe commercial direct avec Paris. Il faut donc le mettre à profit. De plus, aujourd’hui, les consommateurs désirent avoir des produits de qualité livrés chez eux. C’est pour ces deux raisons que nous souhaiterions mettre en place une vente en ligne de viande sortie directement de l’abattoir avec une livraison sous 48 à 72 heures à domicile vers la capitale. Outre cela, et en plus de pouvoir fournir les écoles, collèges, lycée ou les hôpitaux, nous n’écartons pas le fait de monter un magasin à proximité de l’abattoir pour proposer les produits qui y auraient été transformés afin de proposer aux consommateurs des produits de proximité, de qualité tout en offrant une juste rémunération aux éleveurs – comme le prévoit la loi Égalim ». Si les idées fusent, le projet reste malgré tout en attente faute de moyens ; jusqu’à quand ? Telle est la question.