Production fourragère
S'ajuster pour sécuriser

Chloé Monget
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Le 15 février, la Chambre d'agriculture de la Nièvre proposait une formation ayant pour thème : « MAEC BFC : Sécuriser sa production fourragère » afin de donner quelques clés pour faire face au contexte climatique. 

S'ajuster pour sécuriser
La matinée fut consacrée à un point théorique en salle, à Prémery.

Afin d’apporter quelques leviers pour sécuriser la production fourragère dans un contexte d’aléas climatiques, la Chambre d’agriculture proposait une formation sur le sujet et plus particulièrement dans le cadre du cahier des charges des Mesures agroenvironnementales et Climatiques (MAEC- 1) mise en place dans le département.

Pour établir un panorama des enjeux, Benoît Giroud, conseiller changement climatique à la Chambre d’agriculture de la Nièvre, a présenté les différents scénarios du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC-2) : « Le constat est clair, nous aurons moins de jours de gel sur la période hivernale et des printemps plus doux avec un redémarrage de la végétation plus rapide. Les jours chauds (+ de 25 °C – car la plupart des graminées s’arrêtent de pousser au-delà ce palier) seront plus nombreux sur une plus longue période avec une apparition plus précoce au printemps ». Charles Duvignaud, conseiller spécialisé bovins allaitants à la Chambre d’agriculture de la Nièvre, rebondit : « Les stades de développement des graminées arriveront plus tôt, décalant par la même occasion la période de travail. Les stocks de fourrage devront donc être faits de plus en plus précocement ; l’adaptation sera obligatoire ».

2023 comme exemple

Benoit Giroud poursuit : « Du côté des précipitations, nous aurons plus ou moins la même quantité mais pas avec la même répartition. Pour imager le tout, dans la Nièvre, nous aurons un climat qui se rapprochera de celui des Bouches-du-Rhône d’ici l’horizon 2070 – 2100 ». Pour que cela soit plus concret, Charles Duvignaud prend pour exemple 2023 : « Nous avons eu une pluviométrie annuelle similaire à d’habitude, mais nous avons eu 50 % de ces volumes après le 20 octobre traduisant un début d’année très sec. En effet, bon nombre d’exploitations ont commencé à donner du fourrage dès juillet et cela ne s’est pas arrêté ».

Les solutions ?

Afin de répondre à ces différentes problématiques, il met en avant la meilleure gestion de l’herbe (entretien des prairies, gestion du pâturage, etc.) dont la mise en place du pâturage tournant : « cette pratique permet de faire plus de stock de fourrage, car le chargement au pâturage est plus important libérant ainsi de la surface pour faucher. Cela demande d’être rigoureux et d’anticiper la mise à l’herbe car la pousse explose au printemps, durant 15 jours à trois semaines. C’est cette période qu’il faut savoir gérer. Et, même dans un parcellaire morcelé, on peut tout à fait envisager un redécoupage des parcelles pour mettre en place ce système ». Il insiste également : « je rappelle qu’une fauche rase ou un pâturage trop ras dégradent la flore de prairie. Ce n’est pas les sécheresses qui ont détérioré les prairies, c’est la mauvaise conduite qui en est, bien souvent, la cause ». Il rappelle ainsi « plus l’herbe est haute plus les racines sont protégées de la chaleur et donc préservées. De plus, la réserve nutritive de la plante se trouve dans les 7 premiers cm. Donc, il faut privilégier une coupe (animale ou mécanique) au-dessus de ce palier ». Charles Duvignaud conclut : « Il n’y a pas de solution miracle, mais une multitude de leviers à prendre en compte. Dans tous les cas, l’adaptation rapide et pertinente aux événements climatiques est indispensable pour continuer ; des marges de manœuvre existent. À mon sens, la réduction du cheptel doit être un des derniers leviers à activer ».

1. https://agriculture.gouv.fr/maec-les-nouvelles-mesures-agro-environnementales-et-climatiques-de-la-pac
2. https://www.ecologie.gouv.fr/publication-du-6e-rapport-synthese-du-giec

Photo à mettre
L'après-midi, des échanges sur l'entretien des prairies ont eu lieu dans l'exploitation de Christophe et Valérie Mussier à Saint-Aubin-des-Forges. Crédit photo : Benoît Giroud (CA 58).