Gendarmerie
À la rencontre d'une femme de terrain

Christopher Levé
-

Basée dans le nord du département, à la brigade de Chéroy, la gendarme Mélanie Pons nous raconte son quotidien, de gendarme mais aussi de femme. Rencontre. 

Gendarmerie
La gendarme Mélanie Pons, de la brigade de Chéroy.

Pour ce premier portrait, direction Chéroy, tout au nord du département. C’est à la brigade de gendarmerie de la commune que nous retrouvons la gendarme Mélanie Pons. À 29 ans, cette jeune femme, originaire des Bouches-du-Rhône, a accepté de nous raconter son parcours et son quotidien de femme gendarme.
Pour elle, la gendarmerie est d’abord une histoire de famille. « Mon père est gendarme, il est d’ailleurs à la retraite depuis un peu plus de deux semaines », rit-elle. « Mon beau-père est également gendarme, mon frère a été gendarme adjoint volontaire et est aujourd’hui dans la police municipale. J’ai grandi dans ce milieu », sourit la gendarme.
Pourtant, au départ, elle s’oriente dans des études de psychologie. Avant de se tourner vers la gendarmerie. « Je voulais voir si ce milieu que je connaissais déjà à travers ma famille pouvait me plaire au quotidien, ce qui est le cas », se réjouit-elle.
Son histoire commence en octobre 2014, en devenant gendarme adjointe volontaire. Puis, en juin 2017, elle intègre l’école de gendarmerie située à Chateaulin (Finistère) et devient sous-officier.
À la sortie de l’école, elle a le choix entre la Lorraine et la Bourgogne pour son affectation. « J’ai alors choisi cette seconde option et j’ai été mutée à la brigade de Chéroy, dans l’Yonne. C’est une communauté de brigades avec celle de Saint-Valérien. On travaille ensemble au quotidien », précise-t-elle.

Des missions variées

Si tout le monde connaît le métier de gendarme, connaissons-nous vraiment toutes les missions du quotidien ? Celles-ci sont multiples. « Il y a des journées où on va être « planton », c’est-à-dire à l’accueil. On va accueillir le public, recueillir les plaintes, renseigner les gens. D’autres jours, on est, ce que l’on appelle, « premier à marcher ». C’est le fait de gérer toutes les interventions. On peut aussi avoir des services de « police route ». C’est aussi bien faire de la prévention que de la répression lorsque cela est nécessaire », liste la gendarme Mélanie Pons. « On a aussi des missions, en extérieur, des « préventions de proximité », où durant ce temps (en général 4 heures), on essaye d’aller au contact de la population et des maires ou mairies. On fait aussi de la surveillance, on va au contact des commerçants ».
Sans oublier le lien avec le monde agricole. « Cela se fait, malheureusement, lorsqu’il y a des faits de vols de matériels ou de carburants sur une exploitation. Mais aussi pendant les patrouilles de jour comme de nuit, où on tourne au niveau des fermes et des lieux isolés pour voir s’il n’y a pas de choses suspectes. On va aussi au contact des agriculteurs pour les prévenir lorsqu’il y a des faits de vols, par exemple, dans leur secteur ».

Le reflet de la société

Sur le terrain, être une femme gendarme n’est encore pas tous les jours une chose aisée. Voire être une femme tout court, pour certains. « En externe, on peut voir qu’il y a encore certains hommes qui ont un problème avec la gent féminine en règle générale, ce n’est pas forcément lié au fait d’être une femme gendarme », se désole Mélanie Pons. « Cela arrive parfois, lors d’interventions, mais on réagit de façon à ne pas envenimer la situation. On s’adapte ».
Une situation bien différente en interne. « Je ne sens pas vraiment de différence. Au sein de la gendarmerie, je suis une militaire avant tout ».
Quand on est petit, le métier de gendarme fait souvent rêver. Alors, la gendarme Mélanie Pons a un petit conseil pour les jeunes femmes qui hésiteraient encore à se lancer. « Il faut essayer », sourit-elle. « L’important avant de se lancer, c’est de se renseigner sur ce métier, qui est en fait composé d’un grand nombre de métiers. Gendarme, ce n’est pas seulement la personne que l’on croise dehors, en voiture. Il y a des gendarmes maritimes, des plongeurs, des maîtres-chiens, des scientifiques… », explique-t-elle. « L’avantage c’est qu’on peut commencer en étant gendarme adjoint volontaire. Cela permet de mettre un pied dans ce milieu, d’être sur le terrain, d’avoir une vraie vision du métier. Cela permet de voir si on est fait pour ça. Selon moi, il faut choisir son métier là où les inconvénients nous conviennent. Dans chaque métier, il y a des avantages et des inconvénients. Et si on accepte les inconvénients, alors le métier nous correspond très certainement ».
Quant à ses projets personnels ? « Aujourd’hui, je suis ce que l’on appelle « officier de police judiciaire ». Mon objectif, à terme, est de monter en grade. Aussi, j’aimerais être formée aux « auditions Mélanie ». C’est ce qui permet de faire des auditions de mineurs victimes, souvent d’infraction à caractère sexuel. Il faut une formation spécifique car pour les enfants, il y a une manière de faire, une façon de poser les questions qui n’est pas la même que pour les adultes ».
Voilà de quoi en savoir un peu plus sur un métier qu’on connaît finalement si peu.

« Nous avons un partenariat privilégié avec le monde agricole »

Le Colonel Christophe Plourin, commandant du groupement de gendarmerie de l’Yonne, l’assure, à la gendarmerie, « nous avons un partenariat privilégié avec le monde agricole. Depuis le début de l’année, on a relancé un cycle, en lien avec la Chambre d’agriculture, pour pouvoir élargir l’offre de prévention et de protection auprès des agriculteurs, sur plusieurs axes : le premier, sur les faits de vols de carburant ou de matériels agricoles, le but est de pouvoir profiter de la Chambre d’agriculture pour faire passer un certain nombre de messages, ce qui marche assez bien. Le second axe, c’est la diffusion de bonnes pratiques. Par exemple, comment sécuriser assez facilement son exploitation agricole face à ce type de délinquance. Ce sont des conseils souvent assez simples : verrouiller tous ses ouvrants, garer systématiquement ses engins agricoles, si possible dans des hangars fermés, avec le bouchon essence contre le mur, pour que la trappe d’accès au réservoir soit plus compliquée à atteindre et gêne les éventuels voleurs. On conseille aussi d’installer des systèmes d’éclairages à détection de mouvements. Ces simples gestes ont tendance à faire partir les voleurs. Aussi, pour les GPS agricoles, on conseille aux agriculteurs de les démonter chaque soir après avoir terminé la journée de travail, car ce sont des matériels prisés par les malfrats ».
En complément la gendarmerie propose aux agriculteurs de participer à des réunions de sensibilisation, avec la Chambre d’agriculture, où un gendarme intervient pour donner les bons réflexes aux agriculteurs et où ils ont la possibilité de s’inscrire à un dispositif nommé « opération tranquillité entreprises, commerces et agriculteurs ». Cela leur permet d’être inscrits sur un registre et bénéficier de passages plus fréquents de gendarmes à proximité de leurs exploitations. Et si les agriculteurs le souhaitent, un gendarme peut se déplacer sur les exploitations pour leur donner des conseils de protection et de renforcement de la sécurité.