Point de vue
Voyage d'étude dans la Loire sur l'élevage allaitant (3)

Berty Robert
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Éleveur de bovins allaitant en Saône-et-Loire, Christian Bajard est également coordinateur du Berceau des races à viandes. « Ce voyage d’étude est important parce qu’il y a longtemps que nous n’avions pas mené ce type de réflexion. Nous sommes à une période charnière : on constate une décapitalisation de notre cheptel, depuis un certain nombre d’années, que nous ne parvenons pas à endiguer, la démographie des éleveurs nous montre qu’il n’y a pas de raison que cela s’arrête tout de suite, les sécheresses successives donnent un coup supplémentaire. Nous nous sommes donc dit qu’on ne pouvait pas rester les bras ballants, à regarder ce qui se passe, sans essayer quelque chose. Le travail de la Chambre d’agriculture de la Loire auprès des éleveurs du Roannais nous a interrogés. Le bon accueil des éleveurs locaux à ce travail d’enquête démontre qu’ils avaient besoin d’une oreille attentive à leurs problématiques. Ce voyage ne nous a pas déçus : on a découvert des systèmes assez proches des nôtres, plutôt performants, qui nous remuent, nous les responsables et les éleveurs au sens large. Il y a des possibilités d’adaptation et d’amélioration dans nos cours de fermes et chacun peut y trouver de l’inspiration pour tenter d’améliorer sa rémunération et son revenu. C’est le but du jeu. La valorisation de l’herbe par nos vaches est intéressante. On a découvert ici des situations très performantes, qui parviennent à très bien valoriser la pousse d’herbe, dans des systèmes qui ne sont pas différents de ce qu’on a en Bourgogne-Franche-Comté. On a rencontré des gens qui ont un bon niveau de génétique. Cela doit aussi nous amener à réfléchir et à se demander si nous faisons toujours les bons choix lorsque nous sélectionnons nos animaux. Les éleveurs que nous avons rencontrés gagnent correctement leur vie : ils parviennent à sortir un revenu d’exploitations qui ne sont pourtant pas exceptionnelles, ni en taille, ni en volume, comme en BFC. Leur approche est donc adaptable et l’idée c’est de montrer qu’il existe des voies d’amélioration possibles, en dehors du prix qui reste un élément essentiel. Entre la PAC, le prix de nos animaux et une cohérence sur nos exploitations, on peut arriver à s’en sortir. Cela donne de l’espoir ! La question c’est : comment vulgariser les choses qui marchent. Il n’y a pas un bon modèle ou un mauvais modèle, mais il y a des choses positives à prendre, un peu partout, mais il faut trouver le bon moyen de les diffuser, pour que chacun puisse y puiser et l’appliquer sur son exploitation, s’il pense qu’il a besoin d’améliorer sa marge, ses conditions de travail ou ses conditions de vie… »