Rencontre technique ovine
Journée technique ovine de Bourgogne-Franche-Comté

Berty Robert
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La 17e Rencontre technique ovine régionale, organisée en Côte-d’Or, s’était fixée pour thème principal l’autonomie protéique. Pour cela, rien de mieux qu’un exemple parlant : l’exploitation de Vincent Bizouard.

Journée technique ovine de Bourgogne-Franche-Comté
Organisée à Chatellenot, en Côte-d'Or, cette Rencontre technique ovine régionale a remporté un beau succès.

Si la 17e Rencontre technique ovine de Bourgogne-Franche-Comté (BFC), organisée par la Chambre régionale d’agriculture avec le soutien de nombreux organismes professionnels, et qui s’est tenue le 22 septembre à Châtellenot, en Côte-d’Or, était placée sous le signe de Cap Protéines, ce n’est pas pour rien. Cap Protéines est une déclinaison du plan gouvernemental lancée fin 2020 destiné à favoriser la place des protéines végétales, dans le cadre du plan France Relance. Dans ce contexte, l’autonomie protéique est devenue une donnée centrale de l’élevage, en général, et de l’élevage ovin en particulier. La rencontre technique, organisée sur l’exploitation de Vincent Bizouard, déclinait donc ce thème autour de trois ateliers :

- pâturer efficacement et plus longtemps

- finir des agneaux à contre saison avec du méteil et des légumineuses

- maîtriser les infestations parasitaires avec des méthodes alternatives

Installé en Gaec depuis 2004, Vincent Bizouard est passé en individuel dix ans plus tard. Il travaille en agriculture biologique et en production à contre saison. Il a converti sa partie céréales en bio en 2015 et élève des brebis Île-de-France et croisées Romane.

Trois périodes d’agnelage : l’objectif

Par la suite, il a converti simultanément ses prairies et animaux. Sa troupe compte aujourd’hui 300 brebis et il cultive du blé, du méteil et des prairies permanentes. Son blé est vendu, son orge et son méteil sont autoconsommés. L’objectif poursuivi par Vincent Bizouard, c’est de parvenir à trois périodes d’agnelage en décembre, en mars et en juillet. Il est aujourd’hui à 1,5 agneau produit par brebis. En 2021, son élevage a compté 382 agneaux. Lorsqu’il s’est lancé, il achetait de l’aliment complet, ce qui représentait un coût important en bio. Il a alors cherché à optimiser le pâturage avec la mise en place d’un pâturage tournant. En 2021, il a introduit du méteil et de la luzerne déshydratée dans les rations. Une offre complétée depuis avec des fourrages légumineux. 255 agneaux avec un poids de carcasse moyen de 20 kg ont été vendus à la Sicarev en 2021. par ailleurs, 74 agneaux et des brebis de réforme ont été commercialisés en direct auprès de particuliers. Son exploitation a dégagé, cette même année, une marge brute de 90 euros par Effectif moyen présent (EMP) et un Excédent brut d’exploitation (EBE) de 21 %. Des résultats qui se révèlent très prometteurs.

Une autonomie accrue

Chez cet exploitant, la quête d’un renforcement de l’autonomie protéique s’est traduite par des pratiques de sursemis sur les prairies avec des légumineuses, la volonté de trouver des sources d’azote plus locales et moins chères et la mise en place de pâturage tournant. Un pâturage temporaire est par ailleurs en projet. Le fait est qu’aujourd’hui, Vincent Bizouard est autonome à 100 % en fourrage et qu’il a accru son autonomie protéique de 10 % entre 2020 et 2021. Une empreinte carbone de sa ferme a été réalisée, qui montre que les deux tiers de ses émissions de gaz à effet de serre sont compensées, que l’élevage entretient 2,4 ha de biodiversité, et que la ferme permet de nourrir 89 personnes. Aujourd’hui, en France, cinquante fermes d’élevage ovin sont impliquées dans Cap Protéines. Selon cet organisme, l’autonomie protéique des élevages ovins viande en France est de l’ordre de 83 % en moyenne.

Objectif : 300 000 brebis en BFC

Actuellement, l’élevage ovin peut compter sur des prix d’agneaux qui se maintiennent à un niveau jamais vu depuis deux ans, comme le rappelle Alexandre Saunier, éleveur en Saône-et-Loire et responsable de la filière ovine au sein de la Chambre régionale d’agriculture : « en 2021, les agneaux standards ont été payés en moyenne 7,34 euros le kgc, soit 8 % de plus qu’en 2020 et plus d’un euro supplémentaire par rapport à la moyenne des cinq dernières années ». Un contexte favorable aux installations. Ces cinq dernières années, on a compté une trentaine d’installations par an sur l’ensemble de BFC. Les départements qui installent le plus d’éleveurs sont la Saône-et-Loire, la Nièvre, la Côte-d’Or et la Haute-Saône. L’effectif de brebis allaitantes en BFC en 2020 était de près de 171 000 têtes et celui de brebis laitières a doublé en 10 ans (plus de 2 500 têtes). « L’objectif des acteurs de la filière, ajoute Alexandre Saunier, est d’atteindre 300 000 brebis en BFC au prochain recensement agricole. Le programme Inn’ovin contribue à atteindre cet objectif en améliorant les conditions de travail, le revenu, la technicité et l’image des éleveurs ».

Un exemple de changement dans le mode d'alimentation

Un exemple de changement dans le mode d'alimentation

Au cours de cette Rencontre technique ovine régionale, plusieurs aspects de la conduite d’exploitation de Vincent Bizouard ont été détaillés, avec leurs avantages et leurs inconvénients. Exemple : le passage de l’aliment complet à un mélange méteil + foin de légumineuses, dans le cadre de la finition d’agneaux à contre saison. La consommation totale par agneau était de 80 kg de concentré complétés par 20 kg de paille, pour un coût de 43,20 euros par agneau.

En passant à un mélange méteil + orge + luzerne déshydratée + complémentaire azotée, le coût tombe à 37,80 euros/agneau.

Avec le mélange méteil + orge + foin de luzerne, on arrive à 35,20 euros/agneau.

Les avantages de l’aliment complet sont la praticité, la sécurité et une durée de finition raccourcie. Côté inconvénients, on trouve le coût du concentré et un aliment sensible aux fluctuations de prix.

Pour le mélange méteil + orge + luzerne déshydratée + complémentaire azotée, les avantages sont : un gain en autonomie protéique, une valorisation de la production fermière, une limitation des dépôts de gras. Du côté des inconvénients, on trouve la nécessité d’équilibrer le mélange. Pour le mélange méteil + orge + foin de luzerne, les avantages sont : un gain en autonomie protéique encore plus prononcé qu’avec le mélange précédent, et le coût de la ration. En inconvénients, on peut citer un allongement de la durée de finition de plus de trois semaines et une consommation de fourrage multipliée par 3.