La moisson des présidents
Démarrage réussi avec les orges d'hiver

Christopher Levé
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Durant un mois, Terres de Bourgogne s'en va à la rencontre des présidents d'organismes agricoles de l'Yonne, pour parler des moissons. Rendements, qualité, prix... Tous les sujets sont abordés, avec le point de vue de l'agriculteur. Car au-delà de leurs diverses fonctions, ces présidents restent avant tout des agriculteurs. Pour ce premier volet, direction Saint-Julien-du-Sault, pour aller rencontrer Damien Brayotel, président de la FDSEA de l'Yonne. 

Moisson
Dans l'Yonne, les agriculteurs ont terminé la récolte des orges d'hiver.

C’est à quelques centaines de mètres de Saint-Julien-du-Sault où nous retrouvons Damien Brayotel, président de la FDSEA de l’Yonne et agriculteur de la commune, le mercredi 28 juin. À ce moment-là, l’agriculteur est dans son troisième jour de récolte de ces orges d’hiver brassicoles. Avec déjà des résultats encourageants. « Les rendements tournent autour de 85 q/ha pour le moment (il terminera sa récolte d’escourgeons avec ce même chiffre en moyenne, ndlr), ce qui est très bien dans des terres comme les miennes, avec beaucoup de silex », se satisfait Damien Brayotel. « Habituellement, dans ce type de terres, on espère atteindre les 70 q/ha. On est au-dessus, c’est positif », sourit-il.
Quant à la qualité ? Là aussi, celle-ci est au rendez-vous pour l’agriculteur. « Sur mes premiers résultats, je suis à plus de 90 % de calibrage (sa moyenne en fin de récolte d’orges d’hiver est de 93 % de calibrage, ndlr). C’est très intéressant pour la brasserie ». Les prix, eux, sont plutôt corrects, autour de 200 €/t (pour les orges d’hiver brassicoles).

Les orges d’hiver ont résisté au sec

Pour Damien Brayotel, « il fallait attendre de démarrer la moisson pour se rendre compte comment serait la qualité de la récolte de cette année. On constate que les orges d’hiver ont plutôt bien supporté le coup de sec de fin mai – début juin. On espère que les blés et les colzas seront dans le même cas (à l’heure où nous écrivons ces lignes, la récolte des colzas est en cours, celle des blés n’est pas commencée, ndlr) », confie-t-il. « Les blés ont pris un coup de sec à un moment important pour la maturité, au moment où les grains se forment, contrairement aux orges d’hiver qui l’ont subi en fin de cycle, lorsque le rendement était quasiment fait. Je pense qu’il y aura un petit impact sur les blés même si celui-ci ne devrait pas être trop important ».
L’inquiétude pour l’agriculteur se fait plutôt sur les petits pois où la floraison a été interrompue par la chaleur. « Je suis un peu moins optimiste sur cette culture », nous indique-t-il lors de notre rencontre. Une inquiétude confirmée puisque quelques jours plus tard, Damien Brayotel nous confirme que 2023 ne sera encore pas une bonne année pour cette culture.

Des rendements suffisant pour compenser les charges ?

Il y a un an, le monde agricole se montrait très inquiet pour l’économie des exploitations pour les années à venir, avec les prix des intrants qui avaient flambé, à la suite du conflit russo-ukrainien. Avec une moisson prometteuse annoncée, quand est-il aujourd’hui ? « Économiquement, les charges sont là, ça c’est sûr. Maintenant, s’il y a des bons rendements, avec les prix actuels, cela sera tout juste suffisant pour équilibrer les comptes », répond Damien Brayotel. « La vraie difficulté aurait été d’avoir des coûts de production élevés, des niveaux de charges élevés et des faibles rendements. Là, ça ne passerait pas. Si les rendements sont bons, cela dépendra bien sûr des niveaux de charges engagés par chacun, mais d’une manière générale cela devrait à peu près compenser les charges. Même s’il y a la possibilité que cela fasse encore baisser les prix de vente des céréales. La récolte impacte toujours les prix », conclut-il.