Élevage Laitier
Des prix qui se maintiennent en standard et une adaptation en AOP

Berty Robert
-

Troisième et dernier volet des résultats de l'étude Fermoscopie menée par Cerfrance, et focalisé sur l'élevage Laitier. Un élevage où, plus que pour d'autres, la frontière entre Bourgogne et Franche-Comté est très nette.

Des prix qui se maintiennent en standard  et une adaptation en AOP
Le résultat courant/Utaf est en baisse en 2024 en lait de plaine comme en AOP massif jurassien mais les prix relativement bons du lait soutiennent le secteur, sauf en bio.

Dans l'étude annuelle Fermoscopie de Cerfrance(1) destinée à mesurer les performances économiques des différentes productions agricoles de Bourgogne-Franche-Comté (BFC), la production laitière est un cas particulier. On y distingue clairement deux modes de production : le lait de plaine standard et le lait AOP du massif jurassien. L'année qui prend fin s'est caractérisée par une pousse d'herbe exceptionnelle mais à la qualité souvent décevante, ou pour le moins très hétérogène. Dans ce contexte, une relative bonne nouvelle est venue des prix des tourteaux de soja ou de colza qui se sont affichés en repli, ce qui permettait un certain rééquilibrage, côté charges. Dans le même temps, les prix du lait ont progressé en 2022 et 2023. « Le revenu des éleveurs en lait de plaine s'est amélioré sur ces deux années », précisait Valérie Delacre (Cerfrance BFC), alors que son confrère de Cerfrance Alliance comtoise, Thierry Perraudin, note « pour le lait AOP, une stabilité des prix depuis 2019 ». Au-delà de ces aspects, l'élevage laitier de BFC est soumis aux mêmes contraintes que les autres activités agricoles avec des hausses observées pour les charges de mécanisation, de fortes augmentations des matériels et des frais d'entretien.

Prudence et adaptation

De quelle manière les éleveurs du secteur ont-ils utilisé leur Excédent brut d'exploitation (EBE) ? En lait de plaine, la prudence a prévalu dans la conduite des exploitations, notamment sur les prélèvements privés, stables depuis 2019. Le fait que la croissance des EBE repose principalement sur les marges n'est sans doute pas étranger à ces comportements. En lait AOP, on a noté des conduites qui ne sont pas totalement dénuées de risques. Le fait notable cette année c'est une marge de sécurité plus faible, mais liée à une meilleure visibilité sur l'avenir avec des corrections imposées par la filière en termes de volumes de production, afin de s'adapter à une rétractation relative du marché des fromages. De manière globale, en 2024, les prix du lait standard se sont stabilisés à un niveau élevé, (autour de 470 euros les 1 000 litres) sauf en lait bio, parfois rejoint par le lait standard. Le lait bio est confronté à un vrai problème de demande, en lien avec l'inflation. En lait standard, le résultat courant /Utaf accuse néanmoins une baisse de 27 % par rapport à 2023, à 24 000 euros, au lieu de 32 900 euros. En lait AOP, la baisse est plus modeste (-6 %), passant de 33 200 euros à 31 200 euros/Utaf. Globalement, Cerfrance considère que la situation laitière reste saine avec une belle stabilité et rentabilité sur nos secteurs. Les prix relativement élevés du lait doivent inciter à calculer son prix de revient au plus juste et bien raisonner ses investissements. Hors AOP, les analystes conseillent également de bien travailler la complémentarité. Reste que cette production se caractérise malgré tout par un paradoxe : le contraste entre un niveau d'activité laitière relativement bon et une déprise laitière toujours bien présente, en plaine. Le facteur humain apparaît prépondérant. Il y a notamment un manque d'envie de continuer en rapport avec les difficultés en termes de main-d’œuvre auxquelles le secteur est confronté.

Note : (1) Étude Fermoscopie due au travail conjoint de Cerfrance BFC (Yonne, Côte-d'Or, Haute-Saône, Territoire de Belfort) Cerfrance Alliance Comtoise (Doubs et Jura) et Cerfrance Saône-et-Loire.